Un nouveau parti politique a vu le jour cette semaine. Il s'agit du parti de la Troisième République. Le nombre total des partis politiques en Tunisie s'élève désormais à 284 partis. Sa fondatrice n'est autre que Olfa Hamdi, cette jeune diplômée des universités américaines parachutée à la tête de Tunisair pendant quelques semaines durant lesquelles elles a démontré de bonnes aptitudes en matière de communication. Sans plus. Mais là n'est pas le problème. Olfa Hamdi se présente aujourd'hui, non en tant que manager, mais en tant qu'acteur politique. On ne peut d'ailleurs que l'encourager dans sa nouvelle démarche. En effet, le personnel politique tunisien est vieillissant. Certains chefs de partis politiques sont cramponnés à leurs postes depuis des décennies. L'arrivée de jeunes nouvelles figures pour donner un coup de pied dans la fourmilière est bénéfique, nécessaire même, afin de bousculer les anciens reflexes et moderniser les méthodes de gestion à l'intérieur des formations politiques et dans la sphère publique en général.
Il reste maintenant de convaincre les Tunisiens et leur apporter des réponses à leurs questions. L'une de ces questions est de savoir quel serait l'apport d'un nouveau parti politique par rapport à tous les autres partis existants ? La définition la plus commune consiste à dire qu'un parti politique rassemble une frange de la société qui a les mêmes préoccupations et porte les mêmes aspirations. Le parti défend avant tout les intérêts de cette frange de la population au moyen d'accéder au pouvoir ou d'y participer. Parmi les 284 partis politiques existants, on peine à trouver des partis qui ont une identité claire. La plupart d'entre eux se disent appartenir à cet espace « fourre-tout » : centriste, moderniste démocratique et social. Bref tout et n'importe quoi, ce qui explique entre autres raisons, le manque de visibilité de ces partis et leur désaffection de la part du public. Olfa Hamdi n'a pas fait exception et son parti semble être une pale copie de ce qui existe déjà.
Pourtant, en Tunisie, quatre grandes familles se sont toujours partagées le paysage politique. Il s'agit des destouriens qui sont l'expression d'un conservatisme modéré et d'un modernisme qui ne bouscule pas l'ordre établi. Les nationalistes arabes qui ont plus de divergences entre eux qu'avec leurs autres adversaires politiques. Les formations de gauche qui se divisent au rythme de la division cellulaire et qui ont perdu leur ultime chance de salut avec l'assassinat de Chokri Belaid. Enfin, il y a les islamistes qui ont des expressions différentes mais qui sont unis autour d'un même projet politique qui est l'instauration d'un Etat islamique. Il ne manquait au paysage qu'un parti carrément libéral. Un vide que le parti Afek aurait pu combler s'il avait joué dés sa naissance la carte du courage et de la franchise.
Malheureusement, toutes ces grandes familles politiques ont lamentablement échoué aux yeux des Tunisiens. On se demande d'ailleurs ce que pourrait apporter Olfa Hamdi au paysage politique existant et à cette offre politique inflationniste.
Bien entendu, ceci n'est nullement un plaidoyer contre les partis politiques ou en faveur d'un quelconque projet farfelu d'une construction hypothétique de base. Nous restons convaincus que la démocratie participative, seule forme de démocratie possible actuellement compte tenu du développement démographique, repose sur l'existence de partis politiques forts qui favorisent la confrontation des idées et la compétition électorale selon les règles de la loi, de la transparence et de l'éthique. Mais ces partis politiques doivent porter réellement les aspirations d'une frange de la population et non devenir un simple tremplin pour les aspirations personnelles d'aventuriers maquillés en leaders politiques.