L'ancien ministre et militant politique, Mohamed Abbou a considéré que la Tunisie pourrait se retrouver dans la même situation que celle du temps de Ben Ali. Il a expliqué cela par le tempérament du président de la République, Kaïs Saïed. Invité de « Midi Show » par Elyes Gharbi sur Mosaïque FM, Mohamed Abbou a affirmé que le chef de l'Etat était capable d'ordonner le meurtre ou l'agression physique d'un autre individu. « Nous vivions dans un système démocratique corrompu avant le 25 juillet… Kaïs Saïed a été appelé à prendre les mesures nécessaires contre cela… Il s'agissait d'une opération chirurgicale qui devait durer quelques mois… Il a tout détruit… Sa façon de gouverner est illogique », a-t-il dit.
Mohamed Abbou est revenu sur les réformes touchant les structures publiques. Il a expliqué qu'un décret-loi touchant les conseils d'administration avait déjà été promulgué du temps de Hichem Mechichi. Il a, aussi, indiqué que le décret touchant les structures publiques était prêt depuis le temps de Elyes Fakhfakh. « Il aurait pu faire passer ces décisions par décrets et avant la mise en place de l'assemblée des représentants du peuple… Il n'est pas conscient des questions d'ordre technique… Il n'est pas focalisé sur la situation sociale… L'étranger cherche à garantir la restitution des sommes prêtées… Il ne s'agit pas d'une question de souveraineté… Kaïs Saïed est encore occupé par le populisme », a-t-il ajouté. Revenant sur la question de l'état de santé du président de la République, Mohamed Abbou a indiqué que tout le monde était confronté à la mort. Selon la constitution de 2022, le président de la Cour constitutionnelle assure l'intérim. M. Abbou a indiqué que le chef de l'Etat peut la créer en publiant le décret de nomination des membres. L'ancien ministre a rappelé que cette institution se composait des présidents de tribunaux conformément à la constitution. « Le jour où un malheur frappera le président, nous nous retrouverons dans le chaos… Il ne va pas mettre en place la Cour constitutionnelle de peur qu'on le mette hors circuit… En cas de vacances au niveau de la présidence de la République, nous devons opter pour un dialogue inclusif… La vacance signifie la fin du coup d'Etat… Le dialogue doit conduire à la création d'une commission d'experts juridiques n'appartenant à aucun parti politique qui sera chargée de trouver une issue à la crise », a-t-il poursuivi. Mohamed Abbou a considéré que le président de la République induisait les Tunisiens en erreur. Il a affirmé qu'aucun des détenus dans le cadre de l'affaire de complot contre la sûreté de l'Etat n'était capable de meurtre. M. Abbou a appelé à poursuivre les membres du mouvement Ennahdha pour les véritables crimes qu'ils ont commis. Il a, également, évoqué la question de l'indépendance de la justice indiquant que certains magistrats ont reçu des menaces et que d'autres ressentaient des pressions devant la possibilité d'être limogés. Il a insisté sur l'importance d'une justice indépendante et équitable. Mohamed Abbou a indiqué que l'opposition avait émis plusieurs propositions au pouvoir en place dans le passé. Il a rappelé que les manifestants étaient pris au sérieux au temps de Béji Caïd Essebsi, malgré leur faible nombre. D'un autre côté, Kaïs Saïed s'oppose à cette logique, selon lui. M. Abbou a considéré que la décision la plus judicieuse à prendre était le retour vers l'application du décret de 2014 et de mettre fin à l'état d'exception. La période suivant les mesures du 25 juillet doit être temporaire et conduire à un retour vers la normale. « Nous avions demandé l'application de l'article n°80 afin de mettre fin à l'indiscipline, au chaos, à la corruption et à la dégradation de l'Etat… Nous avons la capacité de devenir un pays développé… Actuellement, nous traversons une période de destruction de l'Etat… Kaïs Saïed n'est pas fait pour dialoguer… Il ne fait qu'avancer en avant… Nous devons nous pencher sur la phase d'après Kaïs Saïed… Ceci doit avoir lieu dans le cadre d'élections… C'est au peuple de décider », a-t-il déclaré. Mohamed Abbou a affirmé que Kaïs Saïed n'organisera pas d'élection présidentielle en 2024. Ceci n'aura lieu qu'en cas de victoire certaine de ce dernier. Il a critiqué les déclarations du président à ce sujet. Interrogé sur les prochaines élections, Kaïs Saïed avait affirmé qu'il ne cédera pas son pays à ceux qui n'ont aucun patriotisme. Mohamed Abbou a demandé, d'un ton sarcastique, la publication d'une liste des patriotes aptes à se présenter à la présidentielle. Il a considéré que Kaïs Saïed n'était pas capable de lutter contre la corruption et de prendre les décisions nécessaires. Il a assuré que le chef de l'Etat, connaissait l'identité de certains corrompus, mais qu'il n'avait pas pris de mesures contre eux.