Amnesty International a estimé, dans un communiqué paru le 9 mai 2023, que la décision des autorités tunisiennes d'élargir l'enquête dans l'affaire dite de « complot contre la sûreté de l'Etat » en ajoutant quatre avocats à la liste des accusés témoigne de façon inquiétante d'une intensification de la répression. « Les autorités tunisiennes ont déjà suffisamment porté atteinte à la liberté d'expression et à l'état de droit en détenant arbitrairement des dissidents sur la base d'accusations infondées. Elles doivent clore cette enquête sans attendre, libérer immédiatement toutes les personnes détenues dans le cadre de cette affaire et cesser d'instrumentaliser le système judiciaire à des fins de répression », a déclaré Heba Morayef, directrice régionale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty International. « Alors que la crise économique ne cesse de s'aggraver en Tunisie, les autorités devraient s'efforcer de favoriser un débat sain sur l'avenir du pays. Or, elles s'en prennent délibérément à des avocat·e·s de renom et à des membres de l'opposition politique qui se battent depuis des années pour un avenir meilleur pour le pays, afin de distiller la peur et de faire taire la dissidence, adressant ainsi un message dissuasif : toute personne qui ose s'opposer au président Kaïs Saïed s'expose à des représailles » a-t-elle ajouté. La section régionale de Tunis de l'Ordre national des avocats de Tunisie (Onat) a été informée, le 3 mai dernier, de l'ouverture d'une enquête judiciaire contre quatre avocats : la militante Bochra Belhaj Hmida, le porte-parole du comité de défense des juges révoqués Ayachi Hammami, le dirigeant du Front de salut Ahmed Néjib Chebbi et le vice-président du mouvement Ennahdha Noureddine Bhiri.