Une vidéo virale a récemment suscité une vive polémique en Tunisie, prétendant montrer des bus algériens transportant des Africains subsahariens vers la Tunisie. Cette vidéo, qui a accumulé des millions de vues, a été largement diffusée sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, Twitter et TikTok. Dans sa description, on peut lire : « L'Algérie prend de l'argent aux Africains pour les faire venir en Tunisie, et cette vidéo explique le processus. La trahison vient de près ».
Les réactions des Tunisiens face à cette vidéo ont été vives, avec de nombreux citoyens exprimant leur indignation et leur sentiment de trahison. Pour eux, cette vidéo a amplifié la crise migratoire déjà existante en Tunisie, en donnant l'impression que l'Algérie transfère délibérément des migrants subsahariens vers leur pays. Certains ont exprimé leur frustration envers l'Algérie, perçue comme responsable d'une situation déjà difficile à gérer en Tunisie. D'autres ont souligné la nécessité de renforcer les contrôles aux frontières et de coopérer avec les pays voisins pour faire face à la crise migratoire régionale.
Cependant, une analyse minutieuse de la vidéo a été réalisée après une enquête approfondie, révélant que le paysage visible dans la vidéo correspondait au sud de l'Algérie, plus précisément à la route d'El Meniaa, située dans le Sahara algérien. Les plaques d'immatriculation des véhicules montraient clairement les chiffres correspondant à la wilaya d'El Meniaa. Les inscriptions sur les bus, telles que "Adrar" et "Tamanrasset", correspondaient également à des régions du sud de l'Algérie. Il est apparu évident que les bus se dirigeaient vers le sud de l'Algérie et non vers la Tunisie, et que la vidéo montrait en réalité une opération de rapatriement de migrants subsahariens.
La vidéo, datée du 3 mai 2023, présente même une personne qui filme et remercie le président algérien Abdelmajid Taboun pour son action, affirmant que les migrants seront ramenés dans leur pays d'origine. Ces éléments concrets et la véritable destination des bus ont réfuté les accusations portées contre l'Algérie.
Cet incident souligne l'importance de la prudence et de la vérification des informations avant de tirer des conclusions hâtives. Dans un monde où les médias sociaux jouent un rôle central dans la diffusion de l'information, il est essentiel de faire preuve de discernement et de s'appuyer sur des sources fiables pour éviter de propager des rumeurs ou des théories erronées. À noter que l'Algérie a commencé les opérations de rapatriement depuis 2014, le pays a dépensé 70 millions d'euros entre 2014 et 2016 dans ces opérations, qui ont concerné 30.000 migrants illégaux, dont 18.000 femmes et 6.000 enfants, vers leurs pays d'origine.
Google Maps
Le nombre de migrants africains en Algérie est d'environ 100. 000, principalement en provenance du Niger, du Mali et de seize autres pays africains. Ces migrants africains parcourent plus de 2.000 kilomètres pour atteindre la ville de Gao, au nord du Mali, qui sert de point de regroupement pour les migrants africains avant de passer clandestinement à Tamanrasset en Algérie, puis de se diriger vers les villes du nord. Du 1er janvier au 1er avril 2023, l'ONG Alarme Phone Sahara, qui apporte une aide aux migrants dans la région sahélo-saharienne, a enregistré le retour forcé de 11.336 personnes de l'Algérie vers le Niger. Au début du mois de mai, les autorités nigériennes ont signalé que plus de 5.000 d'entre elles étaient bloquées à Assamaka.