La boulangère et propriétaire d'une boulangerie moderne Hanine Bouguerra a affirmé, lundi 14 août 2023, que son établissement est toujours à l'arrêt, et cela depuis quatorze jours, le ministère du Commerce n'ayant toujours pas levé la suspension de la vente de la farine fine PS-7 et de la semoule par les meuniers au profit des boulangeries modernes. Elle a aussi adressé un nouveau message au chef de l'Etat.
Au micro de Hatem Ben Amara dans l'émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM, la boulangère a exprimé son désarroi, ayant des engagements, elle et l'ensemble de sa famille qui, s'ils ne sont pas respectés, pourraient les mener tous en prison. Déjà la situation était pénible avant cet arrêt d'approvisionnement, avec les restrictions imposées par l'Etat en termes de quantité. Alors que ses besoins étaient situés mensuellement entre quinze et vingt tonnes de farines et semoules. Aujourd'hui, le ministère lui a fixé comme quota : sept tonnes de farine et trois tonnes de semoule. Et de rappeler que les engagements financiers qu'elle a pris étaient fondés sur un business plan basé sur un approvisionnement libre et une quantité moyenne de quinze à vingt tonnes par mois. La jeune femme a aussi indiqué, qu'après l'arrêt des boulangeries modernes en application de la décision du chef de l'Etat, des descentes ont été opérées chez les boulangeries modernes et leurs stocks de farine et semoule achetés légalement, factures à l'appui, ont été saisies. Elles aussi profité pour fustiger l'usage du terme « boulangeries anarchiques » pour les qualifier alors que ce n'est aucunement le cas, ayant des patentes, respectant la loi et payant leurs impôts à l'Etat.
S'adressant une nouvelle fois au chef de l'Etat après son coup de gueule rapporté par Business News, Hanine Bouguerra a martelé : « Vous êtes supposés être le président de tous les Tunisiens, et nous sommes une partie du peuple, vous avez fait un abus de pouvoir, vous avez commis une injustice. Aujourd'hui, c'est plus que de l'oppression, c'est de la cruauté, car vous cherchez à nous affamer. Nous allons défendre nos droits, jusqu'à ce que vous vous remettiez en question et vous nous considériez des Tunisiens comme tous les autres Tunisiens que vous présidez et dont vous êtes responsables devant Dieu, avant l'urne qui vous a élevé au rang de président ». Elle a profité de son passage radiophonique pour annoncer la reprise des protestations devant le ministère du Commerce à partir de demain, la ministre n'ayant pas tenu ses engagements de fournir de la matière première (farine et semoule) aux boulangeries modernes. Notons dans ce cadre que selon la jeune femme, les boulangeries adhérant à la Conect sont d'environ 1.500 établissements alors que la crise à révéler l'existence de 800 autres non-adhérentes au patronat.
Rappelons que suite à la crise du pain, le chef de l'Etat avait ordonné que seul le pain compensé soit vendu, poussant les boulangeries modernes à l'arrêt et à opérer une série de protestations, suite aux quelles la ministre du Commerce leur a promis de remédier à la situation. En effet, Mohamed Jamali, président du groupement des boulangeries modernes relevant de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), avait indiqué, le 7 août dernier, que les boulangeries modernes allaient reprendre leur activité sans toutefois produire la baguette classique. Et de préciser que la ministre du Commerce, Kalthoum Ben Rejeb s'est engagée à trouver une solution radicale au problème du pain dans un délai d'une semaine.
Depuis, aucune amélioration n'a été cconstatéeet les files d'attentes des Tunisiens devant les boulangeries se poursuivent.