Le président de la République de la République, Kaïs Saïed a tenu une réunion, vendredi 24 novembre 2023, avec le chef du gouvernement Ahmed Hachani, la ministre de la Justice, Leila Jaffel et la ministre des Finances, Sihem Nemsia. Le président de la République a indiqué que la réunion sera consacrée à trois principaux sujets qui avaient été évoqués à plusieurs reprises. « Cependant, après avoir constaté plusieurs lacunes et manquements liés, non pas aux textes et aux lois, mais au fait que certains se croient être au-dessus de la loi. Ces gens-là sont présents au sein de l'administration, mais qu'ils comprennent une fois pour toute, que nos missiles sont toujours prêts pour le lancement pour les atteindre au plus profond d'eux, il suffit que nous lancions le signal ! », a-t-il affirmé. Et de poursuivre : « Aujourd'hui, l'avertissement est adressé à tout le monde : pour ceux qui tentent de semer la zizanie… pour ceux qui veulent affamer le peuple… pour ces criminels, ces spéculateurs qui pensent être capables de déstabiliser l'Etat et ses institutions. Chaque responsable au sein de l'Etat doit assumer ses responsabilités et il n'y aura aucune tolérance envers celui qui faillira à son devoir ».
Le chef de l'Etat a indiqué que le premier sujet qu'il veut mentionner a été abordé à plusieurs reprises. Il s'agit de la conciliation pénale : « Nous avons voulu une conciliation basée sur des données exactes, documentées depuis plus de dix ans, mais ils ont pris la question à la légère. J'ai déjà parlé, il y a quelques jours de cela, de celui qui avait proposé pas plus que trente mille dinars, alors qu'il devait payer des milliards. Qu'il garde ses trente mille dinars et qu'il affronte la justice ». Il a ainsi tenu à rappeler le rôle des magistrats dans l'application de la loi à tous sur un pied d'égalité. Dans ce contexte, il a noté que personne ne peut se cacher derrière une partie étrangère ou présenter n'importe quelle excuse pour échapper à la justice. « Ils n'étaient pas sincères lorsqu'ils se sont présentés pour la conciliation. Celui qui veut s'inscrire dans ce processus, nous n'avons pas besoin qu'il soit en prison. Qu'il restitue l'argent du peuple, et nous n'avons l'intention de malmener quiconque. Personne n'est au-dessus de la loi. Ils n'ont pas à recourir à ceux qui se présentent comme étant des experts pour fournir de faux chiffres et induire en erreur le peuple tunisien. Le texte de loi sera révisé pour remédier aux lacunes ».
Le président de la République a continué son discours en affirmant que le deuxième sujet concerne les biens confisqués. Il a souligné que le relâchement constaté dans ce dossier depuis 2011, et les procédures adoptées n'ont abouti qu'à la spoliation des deniers du peuple. « Ces biens ont été confisqués au profit de l'Etat tunisien, et non pas pour profiter à des lobbys. Les biens cédés à des prix inférieurs à leurs valeurs réelles doivent revenir au peuple tunisien », assure Kaïs Saïed estimant que ce qui est étrange, c'est de voir des personnalités se disant de gauche impliquées dans ces affaires. Par ailleurs, il a rappelé le rôle des magistrats dans l'application de la loi : « Nous avons déjà assaini la justice, mais nous sommes prêts à le faire de nouveau. Nous ne nous ingérerons pas dans la justice. D'ailleurs, je ne connais même pas les noms des personnes impliquées, je les découvre dans la presse tunisienne et je n'ai intenté aucun procès contre n'importe quelle personne, association ou parti. Mais que tout le monde sache que je refuse toute ingérence dans la justice. Les juges doivent exercer leur fonction judiciaire et nul n'est au-dessus de la loi. Les juges eux-mêmes peuvent rendre des comptes s'il s'avère qu'ils ont dépassé leurs prérogatives ».
Le troisième point soulevé par le chef de l'Etat concerne le financement étranger des associations, assurant qu'il n'est pas question de toucher à la souveraineté nationale. « Il y a une association qui reçoit des milliards qu'elle transfère aux partis politiques en Tunisie. Il y a une association qui a reçu au cours de 2022 deux millions de dinars. Les prétendus experts doivent revoir leur conception de la société civile. Et puis, je ne comprends pas pourquoi ces associations ne tiennent leurs conférences que dans les hôtels cinq étoiles et durant le week-end, pour le repos et la relaxation ». Par ailleurs, il a assuré : « Il faut mettre un terme à ces associations qui ne sont, au final, qu'une continuité des services de renseignements étrangers. Normalement, cette commission d'escroquerie [Ndlr : en référence la Commission tunisienne des Analyses financières (Ctaf)] doit jouer son rôle et prendre en charge spontanément l'audit des transactions. La Banque centrale et celui qui la gouverne doivent se rappeler que la BCT est une institution publique et qu'elle n'est pas indépendante de l'Etat. Elle n'a qu'une indépendance au niveau de la politique monétaire ».
Kaïs Saïed a conclu son discours en assurant que la Tunisie doit compter sur ses propres moyens. Il a souligné que la Tunisie regorge de ressources sauf que la corruption entrave son développement, rappelant qu'il faut lutter contre ce fléau pour l'intérêt du pays.