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De nouveau, le régime Kaïs Saïed ressuscite Moncef Marzouki
Publié dans Business News le 07 - 05 - 2024

Chaque fois que l'opinion publique l'oublie, le régime de Kaïs Saïed fait remonter sur scène l'ancien président de la République, Moncef Marzouki. Après des condamnations à de la prison ferme, M. Marzouki fait désormais l'objet d'une nouvelle instruction judiciaire suite à une conférence de presse au cours de laquelle il a attaqué les institutions de l'Etat et un certain nombre de juges en exercice qu'il a cités nommément.

Politiquement, Moncef Marzouki est mort et enterré. Aux dernières élections de 2019, il s'est classé onzième avec à peine cent mille voix. Ses conférences, ses déclarations et ses publications Facebook ne sont plus relayées dans le pays tant le bonhomme n'intéresse plus personne. Personne sauf Kaïs Saïed et son régime qui, plutôt que de l'ignorer comme tout le monde, donnent des suites à ses diatribes et lui offrent l'occasion dont il rêve tant, celle d'exister médiatiquement et de se présenter publiquement comme victime.
En février dernier, Moncef Marzouki est condamné par contumace à huit ans de prison ferme pour « planification d'attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement ou d'inciter les habitants à s'armer les uns contre les autres ou de porter le désordre, le meurtre et le pillage sur le territoire tunisien ». Cette condamnation fait suite à des menaces qu'il aurait proférées contre les juges, les sécuritaires et l'armée lors d'un discours donné à Paris.
En décembre 2021, il a été condamné à quatre ans de prison ferme suite à des déclarations sur France 24.
Lundi 6 mai 2024, la porte-parole du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, Hanen Gaddes, annonce la prochaine ouverture d'une instruction judiciaire contre l'ancien président, suite à une conférence de presse qu'il a présidée dans un pays étranger. Dans cette conférence, d'après Mme Gaddes, Moncef Marzouki a attaqué « les institutions de l'Etat et un certain nombre de juges en exercice, en les diffamant et en leur attribuant des actes qui nuisent à leur réputation et à leur considération, y compris des juges au sein du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, parmi les représentants du parquet général et les juges d'instruction bénéficiant de la protection en vertu de la loi antiterroriste, en divulguant leurs noms et leurs qualités, les diffamant et les exposant à des dangers, ce qui constitue un crime selon les dispositions des articles 71 et 78 de la loi antiterroriste ».

Les propos de Hanen Gaddes manquent de précision. Que reproche-t-on au juste à Moncef Marzouki, de quelle conférence et de quel pays s'agit-il ?
L'affaire remonte au 9 mars dernier. L'association des victimes de torture (AVT) a organisé une conférence de presse à Genève à l'occasion de la Journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques et de défense de l'Etat de droit et des institutions en Tunisie. Il y avait une exposition de photos, des conférences et un dialogue ouvert. La conférence de presse proprement dite a été présidée par Moncef Marzouki qui était notamment accompagné de Abdennacer Naït Liman, président de l'association organisatrice AVT, et a duré 1h42.
Durant son intervention, M. Marzouki a parlé de deux listes nominatives, la première contenant quarante noms de magistrats impliqués dans les arrestations politiques mais également des personnalités politiques à leur tête Kaïs Saïed et la seconde contenant soixante noms. Ces listes nominatives feront l'objet de plaintes internationales qui vont être déposées par l'AVT en coordination avec d'autres ONG internationales dont le Conseil arabe que préside Moncef Marzouki.
Comme à son habitude, l'ancien président est dans l'approximatif.
Sur la forme, la liste dont il parle ne contient pas quarante noms, mais 45, d'après les vérifications de Business News qui a pu la consulter. Le nom de Kaïs Saïed n'y figure pas, contrairement à ce que prétend M. Marzouki. En tout, il y a 42 noms de magistrats de différentes juridictions, en plus de la ministre, de son chef de cabinet et de l'inspectrice générale du ministère de la Justice. La liste des soixante, qui devait être publiée dans la foulée, n'a pas été diffusée, à ce jour.

Sur le fond, Moncef Marzouki répète exactement le même crime qu'il a commis en 2013 en publiant « le livre noir » des soi-disant personnalités politiques et médiatiques ayant collaboré avec l'ancien régime de Ben Ali. Il livre à l'opinion publique des noms sans se soucier des conséquences et de la présomption d'innocence. Il endosse le costume de procureur et décide, tout seul, qui est coupable et qui ne l'est pas et présente à la vindicte populaire des personnes qu'il croit, toujours tout seul, coupables.
Parmi les 42 magistrats épinglés par Moncef Marzouki ce 9 mars, il y a des noms qui n'ont absolument rien à voir avec les prisonniers politiques du régime putschiste de Kaïs Saïed dont, au moins, un magistrat connu pour avoir été un adversaire politique de Moncef Marzouki. Son nom est le dernier de la liste, d'ailleurs, comme s'il a été ajouté à la hâte. Comme avec le livre noir, l'ancien président semble régler ses comptes personnels, tout en donnant l'apparence de jouer aux justiciers du dimanche.
Il épingle 42 magistrats tunisiens pour leur soi-disant injustice et soumission au régime, mais il commet la même erreur qu'eux. Naturellement, il peut déposer des plaintes contre ces gens-là, mais en aucun cas il n'a droit de diffuser leurs noms. En tout état de cause, la présomption d'innocence prévaut et toute accusation (surtout quand elle est infâmante comme dans ce cas) doit être accompagnée de preuves irréfutables. Ces règles basiques avec lesquelles fonctionnent les systèmes judiciaires du monde entier, ont été superbement bafouées par Moncef Marzouki et l'AVT.

Concernant la tenue de la conférence de presse elle-même, force est de constater la manipulation pernicieuse des organisateurs. Le magistrat Béchir Akremi, connu pour sa proximité avec les islamistes, est présenté dans une large affiche séparée comme prisonnier politique. Pourtant, il est accusé d'avoir falsifié et caché plusieurs dossiers à l'époque où il était juge d'instruction, puis procureur de la République. Son arrestation n'a rien de politique, elle vient suite à des dizaines de plaintes déposées, entre autres, par le comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Dans la grande affiche montrant les prisonniers politiques, Rached Ghannouchi occupe la place centrale et les dimensions de sa photo dépassent celles des autres. On y trouve les anciens députés islamistes Rached Khiari et Mohamed Frikha, alors que le premier est condamné pour des affaires de droit commun et que le second est détenu provisoirement dans une affaire financière. Les deux n'ont rien à voir avec les autres prisonniers politiques suspectés de complot contre l'Etat et dont les affaires sont clairement politiques. En revanche, on note l'absence des photos des prisonniers Mehdi Ben Gharbia et Kamel Letaïef réputés pour être des adversaires politiques de Moncef Marzouki.

Cette manipulation grotesque de l'AVT et les propos de Moncef Marzouki, qui accuse sans preuves et jette à la vindicte populaire les noms de magistrats, auraient dû discréditer toute la conférence de presse de ce 9 mars 2024. Aucun média qui se respecte ne devrait relayer cette mauvaise pièce théâtrale. Cela tombe bien, aucun média tunisien ne l'a relayée, pas même ceux réputés les plus hostiles au régime putschiste de Kaïs Saïed. Idem du côté des avocats des prisonniers politiques connus pour être prolixes sur leurs pages Facebook. Ce manque d'intérêt des médias et des avocats des premiers intéressés démontre que personne n'est tombé dans le piège de l'AVT et de Moncef Marzouki en manque de reconnaissance et de médiatisation.
Sauf que ce n'est pas l'avis du régime qui a décidé, près de deux mois après les faits, de médiatiser l'événement et d'en faire tout un plat. Alors que personne ou presque n'a entendu parler de la conférence de presse et de la liste des 45, voilà maintenant que tout le monde en parle suite à la déclaration du porte-parole du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme du 6 mai 2024.
Non seulement, le régime de Kaïs Saïed donne de la consistance à un non-événement, mais en plus il s'agit d'un coup d'épée dans l'eau. L'instruction dont parle le régime ne servira à rien puisque Moncef Marzouki est à l'étranger et qu'il n'est pas possible de le juger.
En somme, l'instruction n'a servi qu'à une chose, remettre Moncef Marzouki sur le devant de la scène et lui offrir l'occasion de se présenter, une énième fois, comme victime persécutée du régime.


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