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Tunisie - Le SIVP a perdu de sa superbe !
Publié dans Business News le 29 - 07 - 2010

Ces dernières années, l'employabilité n'a jamais été autant encouragée. Considérée comme étant une priorité nationale, elle a bénéficié d'une série de mesures et de la mise en place de mécanismes aidant et facilitant l'embauche des jeunes diplômés. Parmi lesquelles, figure le fameux le stage d'initiation à la vie professionnelle connu publiquement sous l'appellation SIVP.
Une formule ayant pour vocation d'aider les primo-demandeurs d'emploi à acquérir des compétences professionnelles dans l'objectif de faciliter leur insertion dans la vie active. Seulement, le SIVP, qui existe depuis quelques années en Tunisie, répond-t-il aux attentes des jeunes diplômés ? Qui profite, en réalité, de cette formule ? Est-ce l'entreprise qui y trouve un modèle économique encourageant permettant, à travers les contrats d'apprentissage post-diplômes, de bénéficier d'une « main d'œuvre » à moindre coût ? Ou à ces jeunes, fraîchement diplômés, qui considèrent que la perception d'une modique indemnité dans le cadre du SIVP est beaucoup mieux que de végéter au chômage ?
Pour tout dire, un contrat SIVP est loin de faire l'unanimité pour la simple raison que l'ambigüité plane toujours quant à la vocation même de cette formule. S'agit-il d'une mesure aidant le bénéficiaire à acquérir des compétences professionnelles afin de faciliter son insertion dans la vie active sans obligation d'embauche, comme la définit l'agence nationale pour l'emploi et le travail indépendant (ANETI), ou un contrat de travail précédé par une période d'essai, ou tout simplement une combine entre les deux qui cherche à s'arroger une certaine « légalité » tout en favorisant l'apparition d'une nouvelle vague d'emplois précaires ?
On ne saurait répondre à ces questions. Néanmoins, devant les vagues massives des jeunes diplômés qui déferlent chaque année sur le marché d'emploi, certaines voix commencent à se faire entendre. Elles dénoncent ce système qui a donné naissance à des pratiques « féodales », de pure exploitation de la force du travail des diplômés du supérieur. D'aucuns voient, également, dans ce système un petit coin de paradis financier et fiscal choyé par les entrepreneurs, exemptés du versement des cotisations patronales de sécurité sociale, d'autant plus que l'ANETI ne leur demande que d'octroyer une indemnité complémentaire mensuelle fixée à un minimum de 150 DT. Laquelle indemnité s'ajoute à celle octroyée par l'ANETI au stagiaire, fixée elle aussi à 150 DT. Suivant cette arithmétique, un jeune stagiaire devrait percevoir un « salaire » minimum de 300 DT. Ce n'est pas mal pour un début de carrière, s'exclament souvent les employeurs qui rappellent qu'ils sont en train de compléter la formation du diplômé en lui assurant l'encadrement nécessaire. Sans compter qu'ils offrent à la nouvelle recrue un bureau et du matériel (ordinateur, téléphone…), ce qui est considéré comme un véritable investissement, notamment pour les PME.
Toutefois, les choses ne se passent pas ainsi en pratique et notamment dans certaines PME. A la base, les bénéficiaires du stage SIVP dans le secteur privé sont les demandeurs d'emploi admis pour un stage et non pas pour un travail à temps complet.
Bémol. Force est de constater que certains de ces stagiaires abattent plus de travail que les salariés titulaires ou contractuels. Pire encore, certains employeurs ne respectent pas leurs engagements. En ce sens, qu'ils se contentent uniquement de l'indemnité « étatique » et esquivent intentionnellement leurs engagements initiaux. Une stagiaire nous a avoué qu'après avoir attendu, durant six mois, que son patron lui verse son salaire, elle a préféré, en toute dignité, de démissionner. Certains employeurs mettent leurs états d'âme dans leur poche et « remercient » le stagiaire à la fin de son SIVP pour en recruter d'autres.
Les plus chanceux, ceux qui arrivent à décrocher un stage dans les domaines de leurs formations initiales, touchent des salaires peu élevés, ne reflétant pas les efforts consentis. Et les exemples abondent. Il se trouve qu'un ingénieur ne perçoit, de nos jours, que 400 dinars (indemnité du SIVP comprise). Les temps où un ingénieur percevait comme premier salaire 600 dinars sont révolus. Quant aux nouveaux diplômés en gestion ou en économie (avant et même après le stage SIVP), leurs salaires ne dépassent pas les 300 dinars, voire moins.
Sans compter ceux qui ne travaillent pas dans leurs domaines de formation. Leurs salaires se limitent aux 250 dinars en exerçant comme vendeurs, secrétaires ou agents d'accueil. Les centres d'appels se chargent du reste.
Un expert en droit de travail nous confie que ce type de contrat ne garantit, en aucun cas, les droits du stagiaire surtout en cas de cessation de contrat par l'employeur. L'inspection de travail ne peut pas intervenir, car les contrats SIVP n'entrent pas sous sa juridiction. Idem pour les bureaux d'emploi qui se contentent d'envoyer ses agents inspecter périodiquement les lieux du travail, et leur intervention se limite à la conciliation en cas de litige. En d'autres termes, rien ne garantit au jeune stagiaire, en cas d'abus, d'être dédommagé. C'est ce qui crédibilise les voix affirmant que les entreprises privées utilisent les brèches de la loi pour « exploiter » les jeunes diplômés.
Et notre interlocuteur de préciser qu'autour de ce programme rode et s'agite toute une "faune" attirée par l'odeur de l'argent (incitations financières et fiscales). Certains employeurs, le considérant comme un modèle économique juteux, y perdent toute retenue. Seuls les jeunes diplômés paient la note complète au détriment de leurs ambitions qui se brisent avec le premier échec. En témoignent les démissions récurrentes au bout de quelques mois.
Certains employeurs prétextent qu'ils contribuent "délibérément" à la "réhabilitation" totale des diplômés du supérieur. Et ils se justifient par le savoir-faire limité de ces diplômés. D'après eux, les stagiaires sont là pour apprendre et non pas pour se faire de l'argent. D'autant plus qu'ils se plaignent souvent de ne pas trouver les diplômés assurant une plus-value évidente dès leur recrutement qui pourrait justifier une forte rétribution dès le premier jour de travail.
La preuve ? Les bureaux de conseil en recrutement et des sites d'embauche, tels Manpower, Adecco, Exceljob.com, etc. Les employeurs ne trouvent pas la recrue idéale et nombreux stagiaires montrent leurs limites dès les premières semaines ce qui explique que leur contrat SIVP est arrêté. En d'autres termes, le diplôme du stagiaire ne reflète nullement ses compétences réelles.
« Sans expérience, sans ambition, sans culture générale, ce stagiaire croit, avec son diplôme, mériter un gros salaire et se moque éperdument de la valeur ajoutée qu'il va donner à l'entreprise », fait remarquer le gérant d'une PME. Il indique, dans la foulée, qu'il existe, parmi ses SIVP bac+4, des stagiaires qui touchent 600-700 dinars par mois, parce qu'ils les méritent, tout simplement !
Même si cela est souvent vrai, certains comportements ne justifient pas le « travaillez plus pour gagner moins». Les diplômés, quant à eux, après avoir transbahuté entre les bureaux d'emplois, les entretiens d'embauches, les bureaux poussiéreux et les portes de sorties, se rendent amèrement à l'évidence : ils n'ont pas bénéficié d'une véritable immersion dans le monde du travail pouvant leur apporter le savoir-faire requis. Même les stages qu'ils ont suivis dans le cadre de ce programme ne leur a pas offert un véritable apprentissage. Et Ils sont sous-payés en tant que diplômés du moment que leur valeur ajoutée est limitée dans l'entreprise.
Il n'en demeure pas moins que certains stagiaires se déclarent satisfaits de ce système. Ils ont décroché des contrats grâce à l'expérience reçue dans le cadre du SIVP. Car il se trouve qu'une très bonne partie de nos entreprises s'est engagée volontairement et sans réserve dans l'effort national de lutte contre le chômage des diplômés. Les diplômés dans quelques secteurs de pointe comme les TIC, la pétrochimie ou le génie mécanique, sont encore prisés et payés au prix fort.
Un expert nous indique que le programme du SIVP nécessite une refonte totale. Les accusations lancées par « certains » stagiaires contre « certains » employeurs ne sont pas des calomnies sans aucun fondement. " Les employeurs n'ont vu dans les mesures incitatives de l'Etat que des poules aux œufs d'or en exploitant les nouveaux diplômés à un moindre coût, souvent sans frais ni charges sociales.
En parallèle, certains employeurs voient en la suppression de certaines de ces mesures incitatives (et elles ne sont pas des moindres) ou encore de la bureaucratie de certaines démarches, comme un frein au recrutement. En pleine crise, ces employeurs n'ont pas beaucoup de moyens et cherchent des compétences, même néophytes. Le contrat SIVP (sur deux ans, voire davantage) assorti d'autres incitations, les encouragerait donc à embaucher, tout en limitant la casse.
Enfin, bon à noter, jamais un employeur ne se débarrasserait d'un employé si ce dernier lui fournit la valeur ajoutée qu'il recherche à un salaire honnête, conforme à la moyenne du marché. Ni plus que ce qu'il ne mérite, ni moins.


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