Les chiffres officiels de l'Institut National des Statistiques indiquent que le taux d'évolution des salaires est décroissant durant les trois dernières années. Les salaires au premier trimestre de 2006 ont évolué de 2,07 % par rapport à ceux de la même période en 2005. Cette évolution a régressé à 1,11 % en comparant 2007 à 2006. Elle n'est plus que de 0,77 % en comparant 2008 à 2007. Ces chiffres suscitent d'autant plus d'interrogations que la majorité des salaires connaissent des hausses annuelles en vertu des révisions des conventions sectorielles passées entre les représentants des employeurs et ceux des employés. Lesquelles augmentations sont de 3,25 % durant les périodes indiquées par les statistiques. Et lorsqu'on sait que ces augmentations annuelles de 3,25 % (ou plus, selon les termes des accords) touchent près de deux millions d'employés : 650.000 dans la fonction publique et les entreprises publiques et près d'un million trois cent mille salariés dans le secteur privé, on peut conclure que les autres salaires n'ont pas suivi. Il s'agit soit des nouveaux recrutés ou des employés non agricoles et non concernés par les conventions collectives. Leur nombre s'élève à près de 600.000 employés.
Les raisons de ce recul Un aperçu sur les récents recrutements effectués dans l'industrie et les services, explique en partie ce glissement. Ainsi, un ingénieur diplômé (sans expérience) qui percevait comme premier salaire 600 dinars à la fin des années quatre-vingt-dix, n'en perçoit de nos jours que 400 dinars (l'indemnité de Stage d'Initiation à la Vie Professionnelle « SIVP » comprise). On ne parle pas, bien sûr, des diplômés de quelques grandes écoles d'élite (ENSI et SUP COM) qui sont ciblés par des entreprises industrielles et partent généralement à l'étranger pour des études approfondies et des recherches pour l'industrie. A titre indicatif, l'allocation mensuelle pour un tel chercheur en herbe, est de 1800 Euros (3200 dinars). Les salaires proposés aux nouveaux diplômés en gestion ou en économie (après le stage SIVP) ne dépassent pas de loin les indemnités qui leur étaient allouées lors de leur SIVP. Plusieurs travaillent pour 300 dinars, voire moins. D'autres ne travaillent pas dans leurs domaines de formation et leurs salaires se limitent à 200 dinars comme vendeurs, secrétaires ou agents d'accueil. Ces différents employés sont comptabilisés dans les statistiques et influent négativement sur le taux de croissance des salaires. Les employeurs se justifient certes par le savoir-faire limité de ces diplômés. Mais il faut plutôt y déceler les conséquences d'un déséquilibre entre l'offre et la demande sur le marché de l'emploi. Seuls les diplômés dans quelques secteurs de pointe, sont encore prisés et payés au prix fort. Les autres sont sous-payés en tant que diplômés du moment que leur plus est limité dans l'entreprise. C'est, parait-il, la raison de cette tendance de recul des salaires de la première embauche.