La première vice-présidente de l'Assemblée constituante, récemment élue et membre du mouvement Ennahdha n'a pas fini de faire parler d'elle. Les Tn-tweeple (tunisiens sur le réseau social twitter) ont en effet ressorti des articles écrits par la nouvelle star franco-tunisienne nahdhaouie publiés en 2010 sur le site « Saphir News », au moment de la polémique sur la loi interdisant le port des niqab dans l'espace public. Mehrezia Laâbidi étonne, en effet, par ses prises de positions modernes, laïques et, pourrait-on dire, féministes, au sujet de l'islam rigoriste que ses coreligionnaires adoptent de plus en plus dans les pays occidentaux, en France notamment. Dans sa « Lettre ouverte aux sœurs qui portent le voile intégral », elle pose la question aux femmes concernées s'il est sage d'aller jusqu'à de tels extrêmes et considère que de telles pratiques ne sont pas « recommandées par l'éthique islamique authentique ». Elle estime ainsi qu'en cachant intégralement leur visage, les femmes s'isolent symboliquement de la société et cela est contraire au message de Dieu et du Prophète. Elle critique, dans ce même article, les arguments de ces femmes portant le niqab qui se disent féministes et avançant l'argument du libre choix vestimentaire. Cet argument ne tenant pas, selon elle. Elle dénonce de même les enseignements religieux littéralistes et fermés qui se répandent sur les télévisions et via internet. Mehrezia Laâbidi ajoute que le port du niqab pour les femmes ou celui des kamis ou de la barbe pour les hommes contribuent à « restreindre la vision et la lecture de l'islam à un seul et unique uniforme » et sont l'expression d'une « vision qui renonce à la raison, à la culture et à la diversité, qui a fait la richesse de l'islam ». Dans un autre article, intitulé « Quels musulmans voulons-nous être ? », publié sur le même site, l'élue d'Ennahdha n'y va pas par quatre chemins ! « Je ne crois pas me tromper si j'octroie la palme d'or de la bêtise au prétendu super musulman », affirme-t-elle en parlant toujours de ces interprétations extrémistes de l'Islam, « mes coreligionnaires ont donné des vacances ouvertes et renouvelables à leurs cerveaux », renchérit-elle, dénonçant les « consommateurs du discours religieux prêt-à-être pratiqué (…) le plus sévère possible ». Mehrezia Laâbidi dénonce ainsi le manque de réflexion religieuse de certains musulmans dont les interprétations rigoristes de l'islam lui semblent être non fondées et sont, au contraire, le signe d'une absence d'esprit critique et de connaissances théologiques. A la lumière de ces déclarations, les électeurs nahdhaouis portant le niqab, le kamis ou la barbe voudront-ils reconsidérer leur choix politique ? Monia BEN HAMADI