Avec son dernier post sur son mur FB, le ministre-conseiller du président de la République et chef de son cabinet, Adnène Mansar, s'est attaqué d'une manière virulente à Abdelbari Atwan, un monument de la presse arabe, fondateur du quotidien londonien « Al Quds Al Arabi ». Abdelbari Atwan a été littéralement vilipendé par Adnène Mansar sur son mur. La raison ? L'interview accordée par M. Atwan à Hannibal TV, dans laquelle il a critiqué sévèrement (mais poliment) le président de la République Moncef Marzouki. Dans son post, dont l'original est ci-dessous, Mansar écrit que les connaissances de la Tunisie de Abdelbari Atwan ne dépassent pas les connaissances de Lotfi Abdelli du Tibet ou les connaissances en géologie de Moez Ben Gharbia. « L'homme n'a pas eu honte en se permettant de s'ingérer dans les affaires tunisiennes, comme il s'est permis, durant des années, de pomper dans la sueur de tous les peuples sur lesquels il a écrit, en se faisant payer par leurs dirigeants. Oui, Abdelbari s'est fait payer par Gueddafi, comme il s'est fait payer par d'autres que Gueddafi en participant à créer son héroïsme creux. Il s'est fait payer de plusieurs parties et sa plume est tributaire de celui qui paie. ‘Al Quds Al Arabi' donnait l'impression aux gens, du Golfe à l'Atlantique, qu'il est plus blanc que neige et qu'il est lancé pour participer aux libertés des peuples, alors que son patron recevait jusqu'au blanchiment de sa peau et qui, au fil du temps, s'est rajeuni et devenu plus clairvoyant. Plusieurs pensent que l'attaque de Abdelbari Atwan contre la révolution tunisienne est motivée par la présence de son nom dans le livre noir. Mais ceci n'est qu'une partie de la vérité. Comme beaucoup d'idiots et quelques personnes de bonne foi, Abdelbari a répété que Marzouki était le rédacteur du Livre noir. Ceci prouve que l'intelligence du type est moyenne au meilleur des cas, et démontre sa mauvaise foi apparente. (…) Abdelbari, te rappelles-tu cet opposant tunisien exilé en France qui t'a envoyé tant d'articles sur la Tunisie et que tu refusais de publier ? Te rappelles-tu ce que tu lui as répondu lorsqu'il t'a demandé pourquoi tu ne lui publiais aucun de ses articles ? Tu lui as dit : ‘La Tunisie est l'unique pays arabe où je pouvais passer mes vacances'. Cet opposant, que tu as insulté hier, s'appelle Moncef Marzouki. Félicitations Abdelbari pour la liberté des Tunisiens que tu as saignés. Félicitations pour toute cette bassesse. Félicitations pour cette conscience qui n'en peut plus de mourir. Tu as profité de la dictature à des milliers de kilomètres et tu profites de la liberté des Tunisiens dans la maison-même des Tunisiens ! C'est le sort des Tunisiens Abdelbari que d'être généreux, même avec les voleurs ! On comprend bien Abdelbari pourquoi tu attaques la révolution tunisienne, puisqu'elle t'a retiré une partie de ton gagne-pain. Tu ne trouveras plus de cadeaux dans ta chambre d'hôtel, Abdelbari, tout cela est parti, mais tu trouveras des idiots pour t'inviter et te faire entrer dans les foyers des Tunisiens pour que tu insultes leur révolution. Félicitations pour tes transactions et félicitations pour leur idiotie ! ». Bon à rappeler à nos lecteurs, pour qu'ils ne soient pas trompés par les propos d'Adnen Mansar, « Al Quds Al Arabi » a été censuré des kiosques tunisiens à plusieurs reprises et pendant plusieurs mois. De fortes pressions ont été exercées sur ce journal et son directeur pour qu'ils cessent d'ouvrir leurs pages aux opposants à Ben Ali. C'était une des principales conditions pour que son journal ne soit plus censuré. Bon aussi à rappeler, Abdelbari Atwan n'est plus le directeur du journal et la Tunisie ne pouvait plus représenter un gagne-pain quelconque pour lui, si gagne-pain il y a. Il est cependant vrai que tout cela n'est pas connu par Adnène Mansar et son patron. Marzouki vivait tranquillement à Paris, loin de toute pression, alors que Mansar n'avait aucune activité politique ou militante du temps de Ben Ali. Il ne s'est intéressé à la chose qu'après la révolution. Durant la période 17 décembre 2010 – 14 janvier 2011, Adnène Mansar partageait des chansons d'Om Kalthoum. D'ailleurs, Abdelbari Atwan a été reçu avant-hier par Rached Ghannouchi qui a tenu à lui témoigner sa reconnaissance pour tous les efforts fournis par « Al Qods Al Arabi » à l'opposition durant les années Ben Ali. Ceci prouve, si besoin est, que la partie du Livre noir consacrée à M. Atwan n'était qu'un règlement de comptes personnel de Marzouki, en dépit de toutes les dénégations de Mansar. Son passage consacré aux articles non publiés de son patron témoigne de cette question de règlement de comptes.