Le président sortant et candidat à sa propre succession Moncef Marzouki a accordé au quotidien français Le Monde une interview d'une demi-page publiée dans son édition du mercredi 26 novembre 2014 datée du jeudi 27. Une interview dans laquelle le président Marzouki a essayé de défendre son bilan et de parler de son programme, mais où il a bien dénigré son adversaire Béji Caïd Essebsi. Conformément à sa ligne éditoriale bien claire, Le Monde n'a pas confondu le candidat dans les contrevérités qu'il a prononcées ou dans ses propres contradictions. L'orientation de l'article est d'ailleurs claire dès le titre et le sous-titre : « Béji Caïd Essebsi, c'est le retour de l'ancien régime / Moncef Marzouki, chef de l'Etat tunisien candidat à la présidentielle, veut construire une démocratie ouverte à tous ». Le candidat a profité de l'occasion pour tacler son adversaire lorsqu'il a dit à RMC que tous ceux qui ont voté pour lui seraient des nahdhaouis, des salafistes et des djihadistes. Il dit que « la bagarre n'est pas comme on essaie de le faire croire entre les bons laïcs et les mauvais islamistes, mais entre l'ancien système représenté par Béji Caïd Essebsi et le nouveau régime ». A entendre le président sortant, les salafistes et les terroristes ne votent pas et ne font pas partie des 1,1 million de Tunisiens ayant participé au jeu politique et voté pour lui. Moncef Marzouki oublie juste de signaler qu'il a été ouvertement soutenu par le parti islamiste radical Ettahrir. La journaliste Charlotte Bozonnet n'a pas relevé ce détail. Elle ne relèvera pas non plus que le candidat dresse deux lignes rouges et met face à face ceux qui portent les armes contre la République et l'ancien régime, tout en se contredisant plus tard pour dire qu'il est ouvert à tous, y compris aux gens de l'ancien système. Ce qu'il y a à relever, c'est que l'ancien régime était représenté par quatre anciens ministres à la présidentielle et qu'ils ont eu, tous, de très faibles scores. Moncef Marzouki a beau parler de démocratie, c'est pourtant bien par les urnes que Béji Caïd Essebsi est passé en tête du premier tour et ce choix est souverain. Mais cela ne semble pas poser de problème particulier au Monde qui ne relèvera pas, non plus, quand Moncef Marzouki dit que « la vraie lecture se fait entre démocrates et antidémocrates. Lui, c'est l'antidémocrate [en parlant de Béji Caïd Essebsi ] ». En accusant son adversaire, Marzouki omet pourtant de mentionner que les premières élections démocratiques de 2011 ont été organisées alors que BCE était Premier ministre et qu'il a aussi transmis le pouvoir, de manière tout à fait démocratique. Interrogé sur ses responsabilités dans le fait que les électeurs se tournent vers Nidaa Tounes, Moncef Marzouki botte en touche en déclarant que « si la Tunisie n'est pas dans la situation de l'Egypte, de la Libye ou de la Syrie, c'est grâce à cette politique dont j'ai été l'un des principaux artisans ». Ceci est également trompeur et Moncef Marzouki tente, en vain, de réécrire l'Histoire. Au lendemain des événements égyptiens, la Tunisie est entrée dans une grave crise politique avec un spectaculaire sit-in devant l'Assemblée de plusieurs semaines. Ce n'est que grâce au Dialogue national initié par quatre organisations nationales et au dialogue entre Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi que la situation s'est décrispée et qu'une solution ait été trouvée. A l'époque, le parti de Marzouki a refusé catégoriquement ce dialogue national. Pourtant, un an plus tard, dans une interview au Monde, Moncef Marzouki prétend être un des principaux artisans qui ont empêché la Tunisie d'être comme l'Egypte et autres.