La sortie de la guimauve érotique « 50 nuances de Grey » dans les cinémas mondiaux a été plus médiatisée que la tuerie de Chapell Hill. Crime haineux ou simple querelle de voisins. La question a été débattue pendant les trois jours ayant suivi l'assassinat odieux de trois jeunes étudiants dans la ville universitaire américaine de Chapell Hill, exécutés par balles dans la nuque. Trois jours avant que le président américain ne sorte de son silence pour condamner ce « crime atroce ». Obama devait être trop occupé à tourner des vidéos auto-dérisoires pour promouvoir son Obamacare. C'est que les trois victimes étaient de jeunes musulmans étudiants dans la ville de Chapell Hill en Caroline du Nord. Ils étaient les voisins d'un maniaque des armes. Stephen Hicks est un homme de 46 ans, ouvertement athée et se disant être contre les religions et ceux qui les pratiquent, notamment les Musulmans et les Catholiques. Une position qui, selon le meurtrier, lui donnerait « le pouvoir, mais aussi le devoir, de critiquer et de dénigrer les religions, compte tenu de ce qu'on commet en leur nom ». Un argumentaire qui trouverait tout son sens dans le meurtre, de sang froid, de trois jeunes étudiants musulmans. Shady Braket, 23 ans, son épouse Yosr Mohamed, 21 ans, et la sœur de cette dernière, Razan Mohamed, 19 ans, tués de balles dans la nuque, laisse de nombreuses questions sans réponse. Tués pour une simple querelle de voisins ou à cause de sentiments de haine ayant nourri les envies meurtrières et la frénésie maladive d'un homme, police locale et médias font preuve de prudence en commentant les faits. Le fait qu'un fanatique des armes se disant ouvertement contre les religions et adepte de la théorie de la suprématie de la race blanche, abatte de sang froid et en une seule fois trois jeunes étudiants ouvertement musulmans ne peut être considéré autrement que comme un crime de haine. Pour l'heure, les autorités n'ont pas encore établi les motifs exacts du crime. On ne sait pas encore, à 100%, si les meurtres étaient motivés par un ridicule différend de voisins autour d'une place de stationnement dans une résidence, par l'appartenance religieuse des trois jeunes étudiants ou par une combinaison des deux. Mais indépendemment des motivations ridicules qui ont conduit le meurtrier à appuyer sur la détente au moment des faits, il n'est pas toujours aisé d'oser appeler les choses par leur nom. De tels événements poussent à la réflexion quant à la nature de la couverture médiatique de certains crimes, jugés moins graves que d'autres et ne suscitant que très peu d'indignation par rapport à d'autres horreurs. Les médias ont été lents à la détente pour rapporter les faits. Il a fallu attendre l'indignation de la communauté musulmane pour réagir et estimer que la triste nouvelle valait, tout compte fait, le coup d'être médiatisée. Dans le triste monde des médias, les nouvelles de non-musulmans tués par des musulmans semblent susciter plus d'intérêt et déchaîner plus de foules. Triste constat. Il ne faut pas oublier que la Caroline du Nord n'est que le 7ème état américain à avoir récemment adopté une loi anti-Chariaa, jugée contraire à la constitution américaine. Un pas de plus vers la propagande anti-Musulmans, déjà bien en forme dans certains Etats, et alimentée par le terrorisme pratiqué à l'étranger. Le massacre de Chapel Hill illustre cette parfaite hypocrisie qu'ont les médias de cataloguer les gens, de cataloguer les massacres et de coller des étiquettes. De déterminer quel crime est plus atroce qu'un autre, quel massacre est plus terrifiant qu'un autre. A aucun moment, Stephen Hicks n'a été présenté comme un terroriste. A aucun moment son crime n'a été ouvertement, et sans détour, présenté comme un crime de haine. Et pourtant, n'est-ce pas terrorisme tout crime servant à employer l'horreur afin de servir une idéologie, une religion, une philosophie ou une politique ? Là encore, les médias ont préféré se réfugier dans la prudence. Les mêmes médias qui se dépêchaient de coller l'étiquette « terroriste » sur le premier barbu, arabe ou musulman à l'origine d'une tuerie. Autant de prudence est un luxe auquel certains ne peuvent accéder. Près de 5.000 personnes étaient présentes à l'enterrement jeudi. Sur la toile, les condamnations ont fusé via le Tweet #ShapelHillShooting des condamnations officielles ont été prononcées par des dirigeants arabo-musulamns. Mais est-ce que les dirigeants du monde entier se déplaceront en leur mémoire ? Est-ce que les éditoriaux « Je suis Shady, Je suis Yosr ou Je suis Razan » fleuriront sur la toile ? Est-ce que des t-shirts seront vendus sur les sites de vente en ligne avec leurs photos ? Il y a très peu de chances que cela arrive. La valeur d'une vie humaine comporte 50 nuances, 50 nuances d'hyposcrisie…