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8 - David Hicks: le Taliban australien
Notre feuilleton - Le jihad des convertis
Publié dans Le Temps le 21 - 01 - 2007

Ils sont américains, australiens, jamaïcains, français, allemands, belges... Nés de parents chrétiens, juifs ou athées... Fraîchement convertis à l'islam le plus rigoriste par des imams extrémistes, ils ont gagné les camps d'entraînement de Bosnie et d'Afghanistan, où ils ont acquis une solide formation militaire, avant de devenir des «petits soldats du jihad» contre l'Occident mécréant.
Certains sont morts dans les montagnes de Tora Bora ou en Irak. D'autres ont été arrêtés dans le cadre de la campagne internationale de lutte contre le terrorisme, jugés et écroués. Leurs parcours, qui se ressemblent en plusieurs points, peuvent être résumés en deux formules: quête désespérée de soi et folie destructrice. Dans ce huitième article de la série, nous présentons David Hicks, alias Mohamed Dawoud, un jeune aventurier australien qui s'est converti à l'islam en se battant aux côtés des Albanais de Serbie avant de partir faire le jihad en Afghanistan.

Le 3 janvier dernier, le ministre australien de la Justice, Philip Ruddock, est sorti de sa réserve habituelle pour exprimer sa «frustration» face à la durée d'incarcération de son compatriote David Hicks, détenu depuis cinq ans au centre de détention de Guantanamo Bay. Celui que l'on surnomme «le taliban australien» avait été arrêté, le 9 décembre 2001, près de Kunduz, en Afghanistan, alors qu'il se battait aux côtés des Taliban.
Jusque là, le gouvernement australien s'était toujours déclaré satisfait du fait que Hicks puisse être jugé par l'une des commissions militaires américaines désignées à cet effet. Mais les campagnes internationales et nationales et les protestations de nombreux juristes en Australie et dans le reste du monde semblent avoir contraint les responsables australiens à rompre le silence.

«Il a toujours eu l'esprit d'aventure», dit son père
«Au-delà des actes, tout le monde a droit à un procès équitable dans un délai raisonnable», a estimé, de son côté, Lynette McDade, première directrice du bureau des poursuites judiciaires militaires en Australie, qui s'est déclarée profondément choquée, après 23 ans d'expérience, par la détention prolongée de Hicks.
Les Américains, qui ont été informés officiellement de la «frustration» de leurs homologues australiens relativement à l'affaire Hicks, ne semblent pas pressés de donner des assurances à leurs alliés, qui ont envoyé plus de 2 000 soldats pour participer à l'invasion de l'Irak en mars 2003 et qui ont encore 1 300 militaires stationnés dans ce pays.
Arrêté dans les montagnes afghanes par les forces de l'Alliance du Nord, en décembre 2001, lors de l'invasion de l'Afghanistan par les Américains dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme», David Hicks, alias Mohamed Dawoud, est aujourd'hui âgé de 31 ans.
Incarcéré à la base américaine à Guantanamo Bay, avec les autres détenus arrêtés dans le cadre de cette même guerre, quasiment sans contact avec le monde extérieur, il figure parmi les dix détenus sur plus de 400 à avoir fait l'objet de chefs d'inculpation pour terrorisme par les tribunaux militaires américains. Cela lui a valu le «privilège» de faire une apparition publique, pour la première fois après son arrestation, à l'ouverture de son procès, en août 2004, dans une salle d'audience installée dans un ancien bâtiment administratif de la même base. Hicks a eu droit aussi à une autre «faveur», souvent refusée aux détenus de Guantanamo, celle de rencontrer quelques jours avant le début de son pseudo procès, durant un quart d'heure, son père Terry et sa belle-mère Beverley, pour la première fois depuis son arrestation, réunion organisée à la demande du gouvernement australien.
Après cette brève rencontre, Terry Hicks a déclaré à la presse que son fils lui avait confirmé avoir été maltraité durant sa détention en Afghanistan. «Son traitement n'a pas été très plaisant au début» a-t-il dit, en évoquant les accusations de tortures sur Hicks, déjà rapportées par d'autres anciens détenus de Guantanamo. Il a aussi critiqué la procédure d'exception américaine en affirmant qu'elle n'est «ni équitable ni honnête». Selon lui, son fils «a toujours eu l'esprit d'aventure. Il a voulu voir ce qu'il y avait au delà de l'horizon et, au fur et à mesure qu'il grandissait, cet horizon s'est élargi».

De la guérilla albanaise au jihad afghan
Après une jeunesse agitée à Adélaïde, le jeune homme a abandonné ses études et exercé des petits boulots. La naissance de deux enfants ne l'a pas dissuadé de se rendre, en 1999, dans les Balkans pour s'engager dans l'Armée de libération du Kosovo (UCK), la guérilla albanaise de la province serbe. Un an plus tard, il s'est converti à l'islam et adopté le nom de Mohamed Dawoud.
Après un bref retour en Australie, le parcours de Hicks semble plus chaotique. Selon ses sympathisants, il s'est rendu au Pakistan pour étudier la religion et a eu des contacts avec le mouvement islamiste radical Lashkar-i Tayyiba. On l'a retrouvé ensuite aux côtés des Taliban, alors au pouvoir à Kaboul, avant que les Américains n'envahissent l'Afghanistan à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Ces derniers lui reprochent de s'être entraîné dans un camp d'Al-Qaida et d'avoir effectué, pour l'organisation, des repérages dans les ambassades britannique et américaine de Kaboul.
Lors de l'audience d'août 2004, le jeune homme était vêtu d'un costume gris et non de l'uniforme orange des prisonniers du pénitencier cubain. Il a choisi de plaider «non coupable» à toutes les accusations portées contre lui, à savoir «complicité de crimes de guerre», «tentative de meurtre» et «soutien à l'ennemi».
Le 12 juin dernier, Stephen Kenny, l'avocat de Hicks, a exprimé ses craintes pour la santé de son client après le suicide de trois prisonniers dans ce camp de détention américain: un Yéménite et deux Saoudiens. «Il a un besoin désespéré de contact humain», a déclaré, de son côté, à la radio ABC, le commandant Michael Mori. L'avocat, qui a été désigné par les autorités militaires américaines pour représenter l'accusé australien, a également affirmé que son client avait été mis à l'isolement trois mois auparavant, sans explication, confiné dans une cellule en ciment 22 heures par jour. Il était «en mauvaise santé, amaigri et en état permanent de dépression», a ajouté l'homme de loi. Et de poursuivre : «Quand je l'ai vu, il sautait aux yeux qu'il mourrait d'envie d'avoir un contact avec un autre être humain. Je pense que cela met en lumière les conditions de détention à Guantanamo et le désespoir dans lequel les gens peuvent tomber quand ils sont isolés et détenus sans aucune communication avec le monde extérieur».
Si l'on en juge par le manque d'empressement des autorités américaines à juger les prisonniers à Guantanamo et encore moins à les libérer, on peut estimer que Hicks n'est malheureusement pas au bout de ses peines.

Demain 9 : Richard Colvin Reid : l'homme aux souliers piégés


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