Suite à la décision de la chaîne privée AttessiaTV de ne pas diffuser l'interview de Moncef Marzouki, Adnène Mansar, cadre dirigeant du parti Al Irada a tenu ce jeudi 15 septembre 2016 une conférence de presse au siège du parti pour dénoncer cette censure et donner des explications. Le point presse a débuté par la diffusion d'un court extrait de l'interview du chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi datant du 23 décembre 2013 où celui-ci déclarait au journaliste Moez Ben Gharbia que : « l'ère de la censure est derrière nous et il s'agit de tourner définitivement la page de cette époque pour ne regarder que vers l'avenir ». Ce passage a été diffusé 4 fois de suite pour démontrer les contradictions du chef de l'Etat et pour le tancer.
Adnène Mansar a par la suite déclaré : « Le processus hégémonique de l'emprise sur la liberté d'expression est désormais en route et il est exercé dans tous les espaces de la liberté d'expression, ceux qui truquent les élections et n'acceptent pas les divergences d'opinions ont les pleins pouvoirs ». Et de renchérir : « Qu'un ancien président de la République soit censuré dans ses opinions est un véritable scandale ! On veut enterrer Moncef Marzouki, mais il n'est pas mort !».
A propos de la chaîne privée Attessia Tv, qui aurait subi des pressions de la part de la présidence de la République pour que l'interview de Moncef Marzouki ne soit pas diffusée, Adnène Mansar a tenu à revenir sur la chronologie des faits lors de l'enregistrement de cette interview, le samedi 3 septembre dernier : « Dès le commencement de l'enregistrement de l'interview les pressions ont commencé, non à propos du contenu de l'interview mais en raison de la personne de Moncef Marzouki. Ces pressions ont d'abord émané de la Kasbah et « du gouvernement des compétences » puis elles sont ensuite venues des conseillers de Béji Caïd Essebsi au palais de Carthage. Des ministres qui, il y a 2 semaines, appartenaient encore à l'opposition sont également intervenus… ». A propos du conseiller en question dont le nom n'a pas été révélé, Adnène Mansar a déclaré : « Ce conseiller a utilisé des termes et un langage en inadéquation avec ses fonctions, mais vu les mensonges et les montages diffusés auparavant ce n'est pas étonnant, nous avons alors compris que l'interview ne sera pas diffusée. Les conseillers de Béji Caïd Essebsi obéissent-ils à ses ordres ou ce dernier n'a-t-il pas de contrôle sur eux ? ».
A propos du prochain voyage officiel du chef de l'Etat aux Etats-Unis et sous l'angle de la censure dénoncée, Adnène Mansar a déclaré : « Le combat aujourd'hui sera donc celui de la liberté d'expression et de son exercice dans des conditions qui se veulent démocratiques. Je lance aujourd'hui un appel aux journalistes, aux partis politiques et aux présidents des partis politiques, à la société civile, à l'ARP, à la HAICA, à la ligue des droits de l'Homme, à l'opposition et à la coalition au pouvoir pour qu'ils s'expriment sur ce sujet ».
Sur les censures exercées « déjà vues sous l'époque du président Zine El Abidine Ben Ali »et sur l'emprise exercée sur les médias d'après le cadre dirigeant de Al Irada: « Ce sont les relais de l'administration présidentielle et plus précisément les chargés de communication de Béji Caïd Essebsi qui détiennent désormais le pouvoir de censure ». Adnène Mansar a clôt le point presse en invitant la chaîne Attessia TV à publier un communiqué relatant les pressions exercées.