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Maya… Ah Maya !
Publié dans Business News le 06 - 02 - 2017

Nous sommes le 6 février 2013, c'est comme si c'était hier, mais c'était il y a quatre ans, jour pour jour. Ce 6 février 2013 maudit, j'apprends que le leader politique Chokri Belaïd est victime de coups de feu, tirés à bout portant, devant chez lui à El Menzah VI. Il a été transporté d'urgence à la Clinique Ennasr, à quelques centaines de mètres du siège de Business News. J'y vais de suite pour trouver Besma Belaïd et quelques leaders du Watad en train d'attendre les médecins pour leur dire si Chokri est sauvé… ou pas. Les médecins arrivent, le diagnostic est fatal. Le « corps de Chokri » n'est plus, il n'a pas résisté aux balles. Besma craque, tout le monde craque à la clinique. L'abattement est général. On crie, on jure, on insulte. Sihem Ben Sedrine débarque, toute pimpante : « Qu'est-ce qui se passe ? ». Elle est renvoyée illico presto comme une malpropre. Comme à l'époque des westerns lorsqu'on renvoyait les mercenaires et les chasseurs de prime. On insulte et on jure de remettre les islamistes en prison. C'est ce 6 février 2013 qu'est né le fameux slogan (aujourd'hui totalement étouffé) : « Ghannouchi assassin ! ». C'est ce 6 février 2013 qu'est né l'autre slogan : « Chokri n'est pas mort, Chokri n'est pas mort ! Chokri est vivant !».

Nous sommes le 6 février 2017, cela fait quatre ans que ces slogans sont nés et cela fait quatre ans qu'ils sont encore au stade de slogans. Les assassins de Chokri sont encore dans la nature, bien que Béji Caïd Essebsi ait promis, dans sa campagne électorale, de les arrêter. Cela fait quatre ans que Sihem Ben Sedrine a été renvoyée, mais quatre ans après, Sihem Ben Sedrine préside une instance supposée nous dire la vérité, bien que les preuves de ses mensonges sont multiples et mille fois exposés devant l'opinion publique. Cela fait quatre ans que l'on promettait et jurait de mettre les islamistes en dehors du paysage politique, mais quatre ans après, les islamistes sont plus que jamais à la tête du pouvoir. « Chokri n'est pas mort, Chokri n'est pas mort ! Chokri est vivant !», criait-on il y a quatre ans. Question naïve : comment ça Chokri n'est pas mort ? Comment ça Chokri est encore vivant ? Autant nous sommes les champions des slogans pompeux, hypocrites et poétiques, autant nous sommes des moins que rien dans le concret et l'efficacité. Chokri n'est pas mort ? On peut toujours feindre de le croire… En attendant, concrètement, ce sont l'islam politique et les mercenaires qui ne sont pas morts, qui sont encore vivants, qui nous dictent leurs lois et nous imposent leurs vérités…


Semaine houleuse aux Etats-Unis avec le décret de Donald Trump interdisant l'accès sur le sol américain des citoyens de sept pays musulmans. Spectaculaire décision du président US qui ne fait qu'exécuter ses promesses de campagne. Voilà ce que c'est qu'une vraie démocratie et ce qu'est un vrai démocrate : on promet et on tient ses promesses !
Encore plus extraordinaire que le décret de Trump, la décision d'un juge de casser le décret qu'il a estimé anticonstitutionnel. Spectaculaire décision du juge qui ne fait qu'exercer les prérogatives dont il dispose. Voilà ce que c'est qu'une vraie justice et ce qu'est un vrai juge : on a des prérogatives et on les exerce indépendamment du nom et du statut du justiciable en face.
En Tunisie, tout comme dans les autres pays arabes et à degré moindre la France (nos éternels colons et éternels modèles), on ignore le sens de la démocratie, le sens d'honorer ses engagements et ses promesses et le sens de la justice et du droit qui exigent une indépendance parfaite de la part du juge et une égalité parfaite entre les justiciables.
Les scandales et abus judiciaires se multiplient et se ressemblent, sans qu'il n'y ait de suite. Le dernier en date, celui de ce week-end où l'on a mis deux médecins (un interne et un résident) en garde à vue suite à ce qui semble être une erreur médicale. Partout dans le monde, y compris en Tunisie, la détention est théoriquement une procédure exceptionnelle. On ne prive un citoyen de sa liberté, même provisoirement, que si l'on estime qu'il constitue un danger pour autrui, qu'il peut se soustraire à la justice ou qu'il peut interférer d'une quelconque manière dans le bon déroulement de l'instruction. En pratique, il en est autrement. On connait parfaitement les conditions traumatisantes (et le mot n'est pas assez poignant) de nos centres carcéraux et on continue pourtant à y jeter des citoyens ordinaires qui (théoriquement et légalement) sont innocents de tout acte criminel, justifiant ce traumatisme moral.
Des erreurs médicales, il y en a toujours eu depuis la nuit des temps. Si l'on va interdire aux médecins de faire des erreurs, on va tout simplement les empêcher d'exercer normalement leur profession. Avec cette arme de menace carcérale sur la tempe, ils vont refuser toute prise de risque… Pire, ils vont chercher à aller travailler sous d'autres cieux, là où ils sont respectés, là où l'on comprend le sens des mots risque et erreur légitime.
Le hic, c'est que celui qui met en prison un médecin pour son erreur professionnelle, ne met pas en prison son propre confrère quand il en commet une. Avez-vous déjà entendu un juge mettre un autre juge en prison ou en garde à vue pour une erreur judiciaire ?
Vous vous rappelez de ce juge et de ce procureur de Tozeur qui ont mis un postier en prison et provoqué une grève générale d'une semaine ? C'était évident, aux yeux de l'opinion publique, qu'on était face à un abus judicaire. C'est-à-dire pire qu'une erreur. Que s'est-il passé ensuite ? Le postier a été libéré grâce à la mobilisation générale, mais qu'est-il arrivé aux magistrats ? Rien ! En dépit des éléments prouvant la proximité de l'un des magistrats avec des mouvements salafistes radicaux, il ne s'est absolument rien passé et l'affaire a été étouffée rapidement.
Des erreurs, toutes les professions en commettent. L'erreur est le propre du travail humain. Sanctionner cette erreur par une privation de liberté (soit-elle courte) n'a aucun sens dans un pays qui se respecte et respecte ses citoyens. C'est non-seulement contreproductif, mais c'est dangereux, car ça incite à la paresse, ça tue l'initiative et ça pousse à aller voir ailleurs des professions moins risquées et moins productives pour la société.

Vendredi dernier, le parti Al Joumhouri a ouvert son congrès. Le palais des congrès était plein à craquer. Tout le monde politique y était ou presque, toutes les tendances étaient là. Issam Chebbi, Iyad Dahmani et les différents dirigeants du parti étaient là pour recevoir leurs centaines d'invités. L'organisation et l'accueil étaient impeccables. Un véritable sans faute.
Seulement voilà, les centaines d'invités de ce vendredi ne sont pas venus pour Al Joumhouri et encore moins pour Issam Chebbi. Nous étions là pour Maya Jribi et son discours d'adieu. Cette dame frêle par le physique et grande par le militantisme, la bonté, la gentillesse et le sens de la justice, est rattrapée par la maladie. Son corps ne suit plus. Son discours a été émouvant. Très émouvant. Tellement émouvant que l'on ne compte plus le nombre de présents avec les larmes aux yeux à la suite de son discours. Nous étions tous debout pour l'applaudir en tout respect, en toute admiration. Elle était, ce vendredi, plus grande que nous tous réunis ! Elle nous était supérieure, elle était au dessus du lot. Aucun hommage ne saurait rendre à Maya ce qu'elle a donné à ce pays. Une vidéo flashback de 2011 la montrait se présenter à la présidence de l'ANC. Mais les calculs politiques de la troïka ne voulaient pas d'elle. Les islamistes la refusaient, Ettakatol la rejetait et les dirigeants du CPR venus de France étaient plongés dans leur haine égoïste et aveugle et n'entendaient pas partager une parcelle de pouvoir avec les véritables militants qui étaient sur le terrain face à la gueule du loup.

Ce pays est ingrat envers ses enfants. Maya ne fait pas l'exception. De par notre culture, notre inculture, notre analphabétisme, notre égo démesuré et notre incivisme, on ne sait pas reconnaitre aux grands qu'ils sont grands et aux méritants qu'ils sont méritants. Qu'ils soient politiques, magistrats, policiers, sportifs, journalistes, investisseurs ou médecins, on ne sait que démotiver parmi eux ceux qui entreprennent, casser ceux qui réussissent et détruire ceux qui se trompent.
Maya a fait son discours d'adieu… Chokri est décédé… Les promesses électorales sont mortes, la vérité n'est plus et on recherche encore la justice…
Le terrain est désormais libre devant les islamistes, les mercenaires et les assassins de Chokri, de la démocratie et de la justice…


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