Le mouvement Ettajdid a inauguré dimanche 29 mai 2011 son local de Nabeul en présence des militants, des sympathisants et des amis d'Ettajdid. Samir Taieb, universitaire et membre du secrétariat du mouvement a bien voulu se confier Investir en Tunisie. Tout d'abord comment jugez-vous le paysage politique tunisien ? C'est un paysage éclaté avec le nombre des partis politiques qui avoisinent les 80. La situation va se normaliser de plus en plus avec la diffusion des partis et la disparition d'autres. Finalement on terminera avec une dizaine de partis. Où se situe le mouvement Ettajdid par rapport aux autres partis tunisiens ? C'est un mouvement dynamique qui se situe au centre de l'échiquier politique. C'est un parti de centre gauche, moderniste et ouvert. Nous croyons au rôle de l'Etat qui a un rôle à jouer. Nous ne pouvons pas laisser le pays dans le vide. Ce vide est un phénomène destructeur de toute évolution. C'est pour cela que nous avons cherché à participer au gouvernement, non pour des considérations partisanes mais parce que l'intérêt du pays nous a appelé à remplir le vide et à assumer notre responsabilité vis-à-vis à notre peuple. Que pensez-vous du report des élections de la Constituante ? On ne va pas nous disputer pour une date. Pour nous, c'est la Haute instance indépendante des élections qui a décidé le report. Nous respectons sa décision. Que les élections aient lieu en septembre ou en octobre, ce n'est pas notre problème. L'essentiel c'est que ces élections soient régulières et qu'elles ne souffrent d'aucune défaillance. Ettajdid accorde sa pleine confiance à cette Haute instance et demande au gouvernement d'accepter de continuer à gouverner jusqu'au lendemain des élections. La Tunisie est-elle fin prête pour ces élections ? J'espère qu'elle le sera le 16 octobre. A priori, elle n'est pas prête pour le 24 juillet. Il faudrait que tous les acteurs politiques, aussi bien gouvernements que partis politiques et société civile, concourent au succès de ces élections. C'est une chance inouïe par la Tunisie. Ca sera la première élection libre et démocratique et tout le monde doit agir dans ce sens pour l'intérêt du pays et pour la réussite de cette transition démocratique. Pourquoi ce premier regroupement d'Ettajdid avec 11 partis ? Ce front vient de voir le jour. C'est le pôle moderniste démocratique. Nous avons annoncé, le 31 mai lors d'une conférence, les axes de travail et les partis politiques qui le composent. Notre parti a vu nécessaire de constituer ce pôle qui dépasse l'ancienne division droite gauche pour ressembler les tunisiens du centre jusqu'à la gauche. Je pense que c'est une bonne initiative et un bon départ pour une alliance électorale. Ce front sera élargi avec d'autres forces politiques. Sans assise économique, la transition politique pourrait tourner court. Qu'en pensez-vous ? Absolument, c'était notre message au meeting à Sfax. On a besoin d'un éveil économique. Il faudrait que tous les acteurs économiques se mettent au travail car il ne pourrait y avoir de réussite d'un projet politique tant que les paramètres économiques sont au très bas. Que pensez-vous du plan G8 pour la relance de la Tunisie ? Le sommet du G8 a fait des promesses. Il faudrait maintenant les concrétiser. Je pense que le plan est acceptable même si on avait souhaité qu'il ait plus de fonds donnés à la Tunisie. Il ne faut pas avoir peur. La Tunisie ne sera pas endettée. Elle est crédible sur le plan international. Certains estiment que l'aspect arabo-musulman n'est pas bien ancré dans le mouvement Ettajdid ? Au contraire, il est bien ancré. La première preuve pour notre mouvement c'est qu'il ne faut pas toucher à l'article premier de la constitution. C'est un article de paix sociale. Nous considérons que la Tunisie est une société arabo-musulmane. Nous prenons cette civilisation dans son sens le plus progressiste c'est-à-dire tout ce qui est moderniste et éclairé. Il faut regarder devant et non retourner à l'arrière. Nous sommes un parti du 21ème siècle. La Révolution tunisienne n'est pas une révolution identitaire. Elle est plutôt démocratique et sociale. Nous n'avons pas un problème ni de religion, ni de culture ni avec notre héritage alors pour quoi créer ce faux problème.