La Tunisie est un pays qui bénéficie de nombreux atouts : 55 centres de thalasso, une excellente infrastructure hôtelière et des soins diversifiés. Ce tourisme de santé contrecarre la saisonnalité de l'activité touristique, diversifie le produit tout en attirant une clientèle à forte valeur ajoutée. Il crée, en outre, des synergies avec d'autres secteurs et augmente la notoriété de la destination. Mais, il n'a pas encore retrouvé sa vitesse de croisière comme l'ont démontré les professionnels au cours d'une table ronde organisée, mardi 10 janvier, par Tourisme Info à Yasmine Hammamet. Ce tourisme de santé et de bien être est une affaire de spécialistes. Il se confirme comme un marché à part entière. Comme produit touristique, il est appelé aujourd'hui à progresser. C'est pourquoi il est nécessaire d'étudier sérieusement ses spécificités, ses besoins, ses motivations et ses exigences. Parmi ses tendances actuelles, un plus fort appel à l'hôtellerie de luxe 4 et 5 étoiles, une concentration de la demande en hiver et une recherche des parcours de plus en plus originaux pour séduire cette clientèle. « La Tunisie qui a tous les atouts pourra attirer cette clientèle à pouvoir d'achat élevé et gommer toute notion de saisonnalité pour imposer la destination à l'année. Cette filière a besoin d'être identifiée car elle constitue un véritable enjeu touristique pour l'avenir. Mais faut-il la revaloriser ?», a précisé M. Afif Kchouk, directeur de Tourisme Info. La Tunisie est la 2ème destination mondiale en thalasso. C'est un produit porteur pour notre destination qui est aujourd'hui une référence de qualité pour des curistes chaque année plus nombreux. « Avec plus de 55 centres de thalasso à Hammamet, Djerba, Mahdia, Monastir, Sousse, Gammarth et Tabarka, la Tunisie accueille 150 mille curistes. », a précisé M. Fradj Daoues, PDG de l'office du thermalisme et de l'hydrothérapie. Nos centres offrent des conditions idéales pour l'accueil des curistes. La pureté de nos eaux marines, la proximité de l'Europe et la qualité de nos hôtels sont des atouts pour drainer de plus en plus de curistes suisses. Les soins de thalasso combinent tous les éléments du milieu marin… Toutefois, notre produit stagne surtout côté qualité qui constitue aujourd'hui le meilleur argument pour la fidélisation des touristes. « C'est pourquoi nous devrons cet été mettre les bouchées doubles en vue de sensibiliser nos professionnels à offrir des prestations de qualité », a précisé Dr Mohamed Tellili. « Cette prise de conscience salutaire contribuera certes à une nette amélioration des prestations. Des curistes, il y en aura toujours, de plus en plus et l'enjeu est de fidéliser ces touristes vers notre destination. Un enjeu vital qu'il s'agit pour nous de veiller toujours à la qualité de nos cures ». Le développement de ce nouveau produit de niche pourra contribuer à donner un nouvel élan à ce secteur. Une stratégie de promotion et un marketing ciblé de ce marché doivent être entamés par les professionnels tunisiens car ces touristes pourront constituer des clients potentiels pour demain. « Mais se lancer sur ce marché implique de faire une communication ciblée. Il faut avoir une vitrine internet et être présent sur le réseau social. La promotion, c'est la plus difficile. Elle doit être agressive pour se démarquer de la concurrence. Comme tout client touristique, le client thalasso est à la recherche de la bonne promo du moment. Et accroc à internet pour dénicher les meilleurs prix. Les agences en ligne ont d'ailleurs rapidement compris qu'il y avait une place à prendre », a fait remarquer Dr Béhi Bouakez, Président de la section thalasso de l'Europe SPA Association. « Décidément, la thalassothérapie en Tunisie est de plus en plus menacée par la concurrence sauvage et le bradage des prix », a expliqué Dr Sadok Gaabiche, Président de la chambre syndicale de thalasso. « La thalassothérapie n'échappe pas à des pratiques susceptibles de nuire à la réputation de ce produit. Mais, de là à brader les prix et faire n'importe quoi, il ne sera pas possible d'assurer la qualité. En dépôt des efforts consentis, ce créneau est resté jusqu'à nos jours, un tourisme complémentaire au tourisme balnéaire. Il n‘est pas encore sorti des sentiers battus » et come l'a souligné M. Habib Ammar, directeur général de l'ONTT lors de la clôture de cette table ronde, « nous devrons restructurer cette activité et la mettre en valeur. Le marketing et la promotion doivent être du ressort du ministère du Tourisme et les questions techniques sont à la charge du ministère de la Santé. Il faudrait une nouvelle approche commerciale, de nouveaux supports de communication et de marketing, une mise à niveau de nos centres, de meilleurs soins prodigués par un personnel qualifié. Notre produit plait mais il doit progresser et s'imposer. Le monde change, notre thalasso aussi ». M.Y crédits photos : Rached Berrazagua