Mme. Sihem Badi, ministre de la Femme, de la Famille et des Personnes âgées, a accordé une interview à Assabah El Ousboui. Interrogée sur les mères célibataires, Mme Badi a précisé qu'elles sont victimes de leur entourage qui n'a pas réussi à les instruire sur les conséquences de l'interdit et le pourquoi de l'interdit. « Le phénomène « Les mères célibataires et l'enfant né hors mariage » est très ancien. Il existe depuis toujours. C'est un phénomène marginal et tabou, mais dont les conséquences sociales sont graves.». Contrairement à ce que pense Mme Souad Abderrahim (les mères célibataires sont une infamie), Mme Badi a proposé de protéger et de sensibiliser ces mères : « Aujourd'hui, c'est un travail de sensibilisation qu'il faut envisager. Il s'agirait de faire de la prévention. Il faut que le niveau d'instruction s'améliore pour protéger les filles contre les grossesses ». En outre, Mme Badi a exprimé sa volonté d'améliorer le CSP (Code du statut personnel) et d'ouvrir une enquête sur la corruption dans son ministère. Elle a ajouté qu'elle compte rendre justice aux personnes qui n'ont pas pu accéder aux promotions de par leur opposition à l'ancien régime : « A ceux qui ont trempé dans la corruption administrative et financière, je dirai qu'ils sont passibles de sanctions administratives et judiciaires. Aux associations qui ont mal utilisé les aides financières, le ministère arrêtera les subventions et portera plainte contre elles ». Pour le CSP, Mme Badi a exprimé sa volonté de préserver le Code du statut personnel qui a vu le jour dans les années 50 : « C'est un quasi unique dans le monde arabo-musulman. Aujourd'hui, nous avons encore plus que jamais besoin de lois en faveur des femmes et de l'égalité des chances. Nous avons des acquis indiscutables qui ne souffrent aucun retour en arrière ». Mme. Badi a exprimé, également, sa volonté de changer le nom de son ministère, vers une appellation plus enveloppante, soit « le ministère de la Famille ». Car dans toutes les familles on trouve des femmes, des hommes, des enfants et des vieux. Or, paradoxalement « notre ministère cible notamment les hommes, car les femmes sont de fait convaincues de notre rôle, reste à convaincre les hommes pour que la femme ait plus de place dans la société qui demeure assez patriarcale ».