En Tunisie, le débat fait rage autour de la question de l'introduction ou non de la charia islamique dans la nouvelle Constitution, en tant que source, ou l'une des sources du droit. Selon un sondage publié sur le site de Mosaïque FM, 51,38% des interrogés sont « pour » l'adoption de la charia comme source principale de législation. Cependant, 47.56 % des sondés sont « contre » cette proposition et 1.06 % sont « sans avis ». Ce sondage a été réalisé auprès d'un échantillon de 43 216 personnes. Il parait que le leader du mouvement Ennahdha a un autre avis. Rached Ghannouchi a récemment déclaré qu'il n'est pas nécessaire que la future Constitution stipule que la Charia soit la source de la législation. M. Ghannouchi a jugé la reconduction de l'article I de l'ancienne Constitution suspendue qui définit la Tunisie comme étant un Etat musulman dont la religion est l'islam est suffisante à condition d'appliquer cet article. Il a, toutefois, précisé qu'on peut ajouter un autre article qui interdit la promulgation de lois qui constituent une offense pour l'Islam. Pour Sadok Chourou, député d'Ennahdha et membre de la commission du préambule, la Charia doit être l'unique fondement de la Constitution. Selon lui, le préambule doit se faire suivant trois références fondamentales, qui sont le Coran, la Sunna et l'unanimité des savants de la Umma islamique. Nombreuses sont les personnes qui considèrent que cette position favorable à la charia est un manquement à un accord écrit qui listait pourtant les principes communs de la troïka au pouvoir. A l'image de Mustapha Ben Jaafar, qui vient de déclarer à plusieurs médias qu'il démissionnerait immédiatement, si un texte pro charia venait à passer. Une démission du Président de la seule entité élue qu'est l'Assemblée constituante causerait un véritable séisme institutionnel. Ce n'est pas tout. Moncef Marzouki, président de la République, a réitéré la même menace de démission au micro de la RTBF. Mais rappelons que même si les élus du CPR et d'Ettakatol acceptaient de voter en faveur d'une mention de la charia, reste le seuil des deux tiers des votes dont ne dispose pas la troïka. Un seuil nécessaire au passage de la Constitution dans son ensemble. En effet, si l'on en croit les positions officielles des uns et des autres, la charia ne sera vraisemblablement pas inscrite dans la Constitution. Est-il encore trop tôt pour entamer la rédaction de l'article premier de la Constitution ?