M. Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, a estimé que la décision de nommer ou de remercier le gouverneur de la Banque centrale revient à l'Assemblée nationale constituante, conformément à la loi sur l'organisation provisoire des pouvoirs publics. Il répondait ainsi aux déclarations de M. Moncef Marzouki, président de la République, concernant son limogeage de la BCT. M. Nabli a ajouté, lors de sa participation, vendredi 08 juin 2012, au congrès annuel de l'Association des Economistes Tunisiens, AET, à Hammamet, que la décision du président de la République est un dépassement des lois législatives de l'ANC : « Les propos avancés par M. Marzouki pour expliquer mon éventuelle destitution constituent une première grave qui rappelle les pratiques de l'avant Révolution où les décisions étaient centralisées. La déclaration du président est en opposition avec la décision de l'ANC concernant l'indépendance de la BCT, pour la préserver des tiraillements politiques ». M. Nabli a, également, démenti l'existence de désaccords entre le gouvernement et la BCT, faisant état, au contraire, d'une coopération continue entre les deux parties : « Je n'ai pas eu la chance de rencontrer le président de la République malgré les demandes renouvelées que j'ai exprimées. Personnellement, je ne suis pas avide d'autorité et j'ai accepté de diriger cette honorable institution rien que pour servir la Tunisie et son économie. Les déclarations de M. Marzouki ne sont pas une atteinte directe à ma personne mais plutôt à une institution qui doit continuer à jouer son rôle loin de toutes pressions ». M. Moncef Marzouki avait déclaré, jeudi 7 juin 2012, lors de l'émission « Essaraha raha » sur Hannibal TV qu'il a, personnellement, décidé de limoger le gouverneur de la BCT, malgré son obtention du « Prix du meilleur gouverneur d'une banque centrale en Afrique » : « Il sera remplacé. Je l'ai décidé depuis des mois. Le besoin de mettre en place une politique économique sous le contrôle du peuple et non celui de n'importe quelle autre partie ».