Le ministre des Finances démissionnaire, Houcine Dimassi, a expliqué, dans une interview accordée au quotidien « Al Maghreb », les vraies raisons de sa démission « inattendue ». M. Dimassi a précisé qu'il a songé à démissionner depuis des semaines mais par crainte d'un impact négatif, il a préféré attendre. Il a expliqué sa démission par des divergences avec le gouvernement en matière de politiques économique, monétaire et sociale. M. Dimassi a notamment critiqué le limogeage du gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Nabli et « la manière arbitraire » avec laquelle son successeur Chedly Ayari a été désigné : « Je n'étais pas d'accord sur le limogeage de M. Kamel Nabli. Je n'étais même pas consulté au sujet de la désignation de M. Ayari. Ce limogeage aura des impacts négatifs majeurs sur le prestige de l'Etat et l'image de la Tunisie à l'intérieur et à l'étranger ». L'ex-ministre a ajouté que la majorité des membres du gouvernement tenaient à suivre une approche électoraliste entraînant une hausse vertigineuse et subite des dépenses de l'Etat, comparativement à ses recettes : « Les dérapages se sont multipliés afin de séduire un maximum de catégories sociales en prévision des prochaines élections ». Jugeant « très délicate » la situation économique et budgétaire de la Tunisie, il estime que le plus grave dérapage a été le projet de loi visant la réintégration des personnes ayant bénéficié de l'amnistie générale et qui engendrerait des dépenses supplémentaires étouffantes pour la finance publique. M. Dimassi a indiqué que l'indemnisation des anciens prisonniers politiques dépassera le milliard de dinars : « Ce gouvernement n'a pas le courage de dire la vérité au peuple ! » Houcine Dimassi a ajouté que le gouvernement n'a pas tenu ses promesses quant aux accords sur le budget complémentaire.