• M. Houcine Dimassi justifie sa démission par les «multiples dérapages» en matière de gouvernance financière, de concertation et de coordination entre les membres du gouvernement Le ministre des Finances, Houcine Dimassi, a annoncé hier sa démission du gouvernement provisoire. Dans un communiqué dont une copie est parvenue à l'agence TAP, Dimassi a exposé les raisons de sa démission, liées notamment à de «multiples dérapages» ayant trait à l'équilibre des finances publiques, la concertation et la coordination Dimassi a énuméré plusieurs raisons l'ayant conduit à démissionner dont les réactions divergentes concernant la politique monétaire, le projet de loi relatif à l'intégration au travail et l'indemnisation des personnes ayant bénéficié de l'amnistie générale et leur ayant droit devant entraîner, a-t-il dit, des dépenses additionnelles, outre les conditions arbitraires et injustes du limogeage du gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Nabli. «J'ai cru et je continue à croire que la plus importante de mes responsabilités au sein de ce gouvernement consiste à éviter tout ce qui est de nature à déséquilibrer les finances publiques et à exposer le pays aux affres de l'endettement excessif», pouvait-on lire dans le communiqué. Et d'ajouter «mais et au fil des jours, les dissensions entre la majorité des membres du gouvernement et moi-même se sont accentuées au sujet des politiques monétaires.» Le ministre sortant a, dans ce contexte, souligné qu'au moment où il était plus approprié de concrétiser les attentes de la révolution à travers l'attention à accorder aux catégories vulnérables, le renforcement de leur pouvoir d'achat, la création du maximum possible d'emplois productifs, le développement des régions de l'intérieur défavorisées et la relance de l'économie, tout en préservant les équilibres financiers publics, les dérapages se sont, selon lui, multipliés pour essentiellement rallier les différentes classes sociales en prévision des prochaines élections, hissant, à ce titre, les dépenses de subvention à des niveaux insoutenables. Le ministre a indiqué que le projet de loi présenté récemment au Conseil des ministres et relatif à l'indemnisation des personnes bénéficiaires de l'amnistie générale constitue «une grande dérive» dans la mesure où «ce projet de loi induira des dépenses publiques additionnelles, compte tenu du grand nombre des bénéficiaires et du volume important des indemnisations.» «La promulgation de ce projet de loi sera en disharmonie avec la situation économique et financière difficile que connaîtra la Tunisie au cours des prochaines années», a-t-il ajouté. M. Dimassi a également critiqué la manière «arbitraire et injuste» dont le gouverneur de la BCT a été limogé, soulignant que cette décision aura un impact négatif sur le prestige de l'Etat et l'image de la Tunisie à l'intérieur comme à l'extérieur. Le ministre démissionnaire a indiqué que les pratiques ignorant la coordination et la concertation dans la prise de décision se poursuivent, soulignant qu'un nouveau gouverneur de la BCT avait été proposé sans consultation des principales parties concernées par la question, notamment le ministre des Finances. Des informations circulent dans certains médias sur un prochain remaniement ministériel. Démission du ministre des Finances - Les précisions de la présidence du gouvernement • M. Slim Besbès chargé d'assurer l'intérim au ministère des Finances La présidence du gouvernement a informé, dans un communiqué publié hier, que la démission de M. Houcine Dimassi, ministre des Finances, a été acceptée et que M. Slim Besbès, secrétaire d'Etat des Finances, a été chargé d'assurer l'intérim jusqu'à la nomination d'un nouveau ministre. Par ailleurs, en réponse au contenu de la lettre de démission de M. Dimassi, la présidence du gouvernement apporte les précisions suivantes : Après la promulgation de la loi sur l'amnistie générale mentionnée dans ladite lettre, le communiqué précise que les modalités de son application sont en cours d'étude et seront soumises à l'examen de la prochaine réunion du Conseil des ministres. Au sujet de la politisation de certains dossiers politiques et sociaux invoquée par M. Dimassi, la présidence du gouvernement estime qu'il ne s'agit en fait que d'une simple différence d'appréciation et de vue au sujet des moyens de traitement de ces dossiers. Le communiqué ajoute que le ministre des Finances a formulé des objections au sujet des résultats des négociations sociales et de la politique des salaires, objet de négociations entre le gouvernement et les partenaires sociaux, s'agissant notamment de la revalorisation des salaires au titre des années 2012 et 2013, la politique de subvention des produits de base décidée en Conseil des ministres et prévoyant le gel des prix de certains produits, comme les hydrocarbures, et le traitement à apporter au dossier des chantiers régionaux. Le communiqué indique enfin que l'intérêt supérieur de la nation, la préservation de la paix sociale et l'assistance aux catégories vulnérables sont les déterminants qui commandent la politique du gouvernement dans les dossiers économiques et sociaux.