« Mustapha Kamel Nabli était le premier gouverneur à élaborer une stratégie « efficace » pour faire face à la situation catastrophique de nos banques. La BCT est en train de travailler selon la stratégie élaborée par ce grand homme. Je lui rend hommage », a affirmé Chedly Ayari, actuel gouverneur de la Banque centrale de Tunisie. Lors d'une rencontre organisée mercredi 03 octobre 2012 sur l'interconnexion entre la politique monétaire et la politique budgétaire, M. Ayari a mis en exergue l'étroite dépendance entre la situation économique et celle politique du pays : « Préserver l'indépendance de décisions des deux parties, le gouvernement et la BCT, n'est pas le vrai problème. La difficulté de réconcilier entre ces deux politiques a trait à des facteurs objectifs liés à la nature de ces deux politiques ». Le gouverneur a souligné que les investisseurs étrangers ne seront partants à investir dans notre pays qu'après l'élaboration de la Constitution : « La situation économique est fragile. Les investisseurs étrangers comme tout citoyen tunisien attendent la Constitution. C'est la clé de la sécurité et le futur du pays. A travers la rédaction et la publication de la Constitution, ils seront ravis de venir investir chez nous. C'est la première fois que le pays ne dispose pas d'un plan de moyen terme. Tout se fait par tâtonnement ». M. Ayari est revenu sur les chiffres publiés par l'INS, Institut national de la statistique. Il a émis des réserves concernant le projet du gouvernement d'adopter, pour 2013, un budget expansionniste similaire à celui de 2012, avec un taux de croissance du PIB, fixé aux alentours de 4,5% : « Un tel taux de croissance risque d'exercer de fortes pressions ». Le gouverneur de la BCT a plaidé en faveur d'un taux de 3,5% : « Un taux de 3,5% pour 2013 est un taux raisonnable et important, au moment où les institutions nationales et internationales spécialisées considèrent que le taux de croissance réel en 2012 sera inférieur au taux anticipé ». Il a recommandé de concevoir une stratégie permettant une croissance plus élevée et une faible inflation loin d'un conflit d'objectifs et d'instruments entre la politique budgétaire et la politique monétaire : « Il s'agit de la recherche du mix optimal entre les politiques monétaire et budgétaire en vue de réaliser un taux de croissance, tout en gardant de solides fondamentaux. Les difficultés se manifestent à plusieurs niveaux, notamment de la décision, de la mise en vigueur, de la transmission des effets et du volume des moyens à déployer. » En ce qui concerne la notation de l'agence américaine de rating Standards & Poor's qui a mis en relief la situation détériorée des banques tunisiennes, M. Ayari a affirmé que cette situation remonte aux années 1960 et que la BCT se serre les coudes pour s'en sortir.