Le clash survenu jeudi 21 mars sur Mosaïque FM entre deux ténors de l'information postrévolutionnaire en Tunisie, Haïthem Mekki et Naoufel Ouertani, expose deux conceptions du devoir d'informer. Le premier, chroniqueur de son état, entend barrer la route aux colporteurs d'idées fausses et de tromperies. Le second, animateur de l'émission « Midi show », soutient que le citoyen n'a pas besoin de tuteur et qu'il a la latitude de juger l'auteur des propos émis. Les deux points de vue se défendent. Le rôle du journaliste consiste à éclairer l'opinion publique sans pour autant s'interposer en tant que moralisateur. Sa crédibilité aux yeux du public s'affirme d'autant mieux que son objectivité n'est pas mise en doute et qu'il parvient à livrer son message et à convaincre le récepteur. La thèse défendue par Naouefel suppose que le citoyen est bien informé et qu'il dispose des moyens lui permettant de discerner entre l'info et l'intox ! L'ignorance contre laquelle s'insurge Haïthem sévit dans des couches importantes de la société. Il est dès lors évident que le journaliste intervienne, non en tuteur, mais en tant qu'intermédiaire maîtrisant la matière de l'information et étant au fait de l'art de communiquer, sans y mettre du sien et sans émotion aucune. La neutralité et l'objectivité sont autant d'outils pour faire passer tous les messages possibles. Mais, c'est en réagissant que le citoyen montre qu'il a assimilé, refusé, rectifié le tir ou ignoré tout simplement les propos émis. Une information libre, fluide et avérée rend d'éminents services au lecteur, à l'internaute, au téléspectateur et autre auditeur. Elle est de nature à éviter aux jeunes tunisiens d'être enrôlés dans des aventures inconsidérées. Elle constitue une barrière contre le fanatisme, l'incompréhension, l'exclusion et la pensée unique au nom desquels des prédicateurs bornés cherchent à changer le mode de vie des Tunisiennes et des Tunisiens. C'est l'une des raisons pour lesquelles les journalistes sont mis à l'index et les médias harcelés de mille et une manières. C'est en fin de compte le professionnalisme qui fait le journaliste. La formation et l'expérience renforcent l'aptitude et affinent le jugement. Malgré l'impact du vivier dans lequel a été nourri le journaliste et l'engagement politique qu'il a choisi, il est possible, voire nécessaire, de garder un seuil de neutralité et d'objectivité, clé de la crédibilité et de la réussite !