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Al Watanya 1
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 01 - 2013

En troquant Bitawqit Al Oula, un 19 / 20 traitant de l'actualité nationale contre un feuilleton turc, et en réduisant progressivement l'espace du débat politique qui a prospéré depuis deux ans, la nouvelle grille de 2013 d'El Watanya 1 n'a pas manqué de susciter la polémique. Elle annonce, pour le moins, le retour graduel à une télévision «normale» et «dépolitisée»...
Dans la foulée des nouveautés de la nouvelle grille de 2013, l'émission quotidienne de la journaliste Amel Chahed vient d'être réduite à deux éditions par semaine au lieu de quatre, écartée du prime time, programmée à la suite du journal de 18h00 et automatiquement écourtée du fait que le journal s'achève entre 18h20 et 18h30... Pourquoi ?
Bitawqit Al Oula, le 19 / 20 jusque-là diffusé du lundi au jeudi, depuis la rentrée 2012, s'est caractérisé en moins de trois mois par un concept précis, une ligne claire et un rythme soutenu, en servant une analyse de l'actualité structurée en deux temps. Un temps pour la lecture de l'actualité à travers les médias et les dessins de presse et un deuxième temps pour une lecture experte, généralement académique, voire pédagogique des évènements à laquelle ont pris part de nombreux universitaires (économistes, politologues, historiens...). Agée de seulement deux mois, l'émission commençait juste d'attirer les faveurs d'une audience conquise à la qualité professionnelle de son contenu.
«Une émission qui dérange»
Or, si, en ces dizaines d'éditions, aucun reproche n'a pu être adressé envers le respect des règles déontologiques et l'effort d'objectivité de la journaliste présentatrice, l'«indésirable» fait politique a inévitablement primé sur le contenu, et cela du fait même de la nature des évènements qui traversent le pays.
Un petit rappel historique permet de constater que le plateau de l'émission commençait à la fois à intéresser et à déranger la classe au pouvoir. «Certains demandaient expressément à être invités pour participation voire pour droit de réponse, ce qui n'était pas toujours possible vu le calendrier et le timing préétablis de l'émission», témoigne Amel Chahed qui lie la décision «unilatérale» de la direction d'El Watanya 1 à son refus de se conformer à ces demandes et à deux autres évènements majeurs au moins. Le premier consiste en la prise de position sans équivoques de Ridha Kazdaghli, chargé de l'information à la présidence du gouvernement, qui, lors de son intervention sur le plateau de «Siassa Show» de la même chaîne, a vivement critiqué l'émission et reproché à sa présentatrice «manque de professionnalisme et de neutralité». Le second événement remonte quant à lui au clash en live livré par le secrétaire d'Etat à l'Immigration Houcine Jaziri lors de son passage, début décembre, dans Bitawqit El Oula. Prodiguant à la journaliste une leçon de déontologie à la fin d'une émission, plutôt normale, sur le thème de l'émigration clandestine, le secrétaire d'Etat a fini par sortir de ses gonds, appelant à la «suppression des émissions qui critiquent le mouvement Ennahdha et le gouvernement...».
La décision de la direction d'El Watanya 1 est-elle donc la conséquence d'une pression du gouvernement comme en dénote cet enchaînement des évènements ? Pour la présidente du Snjt, Néjiba Hamrouni, il n'y a pas de place au doute : «L'émission dérange. On ne change pas une émission qui réussit sans raison politique : il y a, de nouveau, une forte pression sur la télévision nationale. Les dirigeants qui se lancent sur antenne dans des leçons de professionnalisme et de déontologie sont en fait en train de diriger la ligne éditoriale de la télévision censée être publique et de monter l'opinion contre les journalistes et la liberté d'expression. On a tous présent à l'esprit les conséquences désastreuses des campagnes de dénigrement lancées l'année dernière par les dirigeants d'Ennahdha et les membres du gouvernement à l'encontre des médias...».
«Le public développe un ras-le-bol du politique»
Pour la présidente du Snjt, la forte fréquence des passages sur antenne et l'important temps de parole accordé à ces dirigeants nous renseignent que leur objectif n'est pas seulement d'être présents et de communiquer mais de disposer sans limites d'un média qui leur appartienne et qui soit leur miroir...
Loin de souscrire à la thèse de la pression gouvernementale, Imène Bahroun, présidente-directrice générale d'El Watanya, avance quant à elle deux arguments. «L'émission Bitawqit Al Oula faisait partie d'une grille de transition et passait en prime time à titre provisoire en attendant la grille définitive qui est maintenant prête. La deuxième raison de ce changement est la chute des entrées publicitaires due à la faiblesse des taux d'audience enregistrés par les émissions politiques. Bitawqit Al Oula n'a pas passé la barre des 10% enregistrés au mois de décembre...». Etudes d'audimat, études marketing et rapport des experts de la BBC sur la télévision nationale et les attentes de son public et autres données... Voilà pour la première responsable de la télévision les motifs essentiels de la nouvelle grille.
La télévision publique s'oriente-t-elle à ce stade déjà vers le choix réfléchi et délibéré de réduire l'espace du débat politique qui a prospéré lors des deux dernières années ? «Tout à fait, nous répond Imène Bahroun. Les contenus de notre chaîne prêchaient par trop de sérieux, trop de lourdeur et les taux d'audience s'en sont ressentis. Le public développe maintenant un ras-le-bol du politique. Il fallait aérer. Dans ce sens, nous avons fait l'acquisition d'un feuilleton turc dont la diffusion commencera au début de la semaine prochaine...».
14 janvier, un nouveau feuilleton turc et le retour des sit-inneurs
Le même jour, le 14 janvier, un autre évènement devra marquer le cours de la chaîne publique. Engagés depuis quelque temps dans une forte mobilisation, les sit-ineurs qui ont campé près de deux mois au début de 2012 devant le siège de la télévision, promettent de revenir à la charge en rangs plus serrés et slogans plus forts...
Que demanderont de plus les sit-ineurs que ce qu'ils ont obtenu depuis une année ?
Est-il pertinent d'appliquer des arguments d'audience valables en temps ordinaire à cette période particulière de transition démocratique ?
Est-il réellement sage de dépolitiser la chaîne publique en cette période préélectorale où son rôle est justement de forger chez le Tunisien une conscience politique et une maturité citoyenne ?... Autant de questions suspendues à une grille 2013 où seules les deux soirées du mardi et du vendredi continueront de s'ouvrir au débat politique, au profit d'un regain de la variété et de la fiction...


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