Aux lendemains de sa présentation du budget 2014, Elyes Fakhfakh, ministre des Finances, était attendu de pied ferme par les analystes et spécialistes des finances. Presque tous voient dans son argumentation et son plaidoyer pour le nouveau budget un exercice de haute voltige et surtout un laïus démagogique. Certains décèlent même dans la nouvelle loi des finances « une série de novations répressives » destinées au maintien artificiel d'un niveau de déficit aux alentours de 6,5% contre 7,5% en 2013, pouvant ramener le taux d'endettement officiel à 49% du PIB. Fait à la hâte, sans conviction ni volonté pour améliorer les recettes ou comprimer les dépenses, relèvent nombre d'experts, il est fait dans la perspective d'un soutien conditionnel du FMI, d'une garantie hypothétique des Américains ou encore sur la générosité incertaine de l'Europe. Exonérations démagogiques des bas revenus, imposition d'un taux de 35% pour les revenus annuels supérieurs à 40 mille dinars (ce qui ramènerait les prélèvements obligatoires pour cette catégorie de salariés aux alentours de 50% si on inclut la participation à la CDC) sont autant de mesures peu convaincantes, qui relèvent davantage du harcèlement fiscal pour des gens qui payent normalement leurs impôts. De telles propositions pourraient favoriser, selon certains, tel Mustapha Stambouli, écrivant pour le compte du HUFF POST Maghreb, une expatriation des hautes compétences du pays. Le site du HUFF POST Maghreb rapporte que, selon une source du ministère des Finances, que l'ampleur des réformes fiscales répressives sont d'une ampleur autrement importante que celles annoncées par le ministre, lequel a sciemment adopté une stratégie de communication réservée, destinée à prendre le pouls de l'opinion publique face à ce qu'on appelle « répression fiscale .» A travers l'outil fiscal, écrit Mustapha Stambouli, la loi de finances 2014 vise la destruction de la conception cohérente de l'intervention de l'Etat dans les secteurs prioritaires de l'économie : ainsi en est-il de l'imposition de 10% qui serait pratiquée sur les dividendes des actions détenues par les personnes physiques, ajoutant que c'est le meilleur moyen pour contraindre ces actionnaires à se défaire de leurs portefeuilles pour fructifier leur argent ailleurs et autrement. C'est, avertit-il, une politique d'assèchement de liquidité sur les entreprises, manière de brader les capitaux aux investisseurs étrangers. M. Stambouli évoque une autre mesure « dangereuse », celle qui compte instaurer une taxe annuelle sur les biens fonciers. Celle-ci obligera les propriétaires à ne garder que leur résidence principale, non concernée par cette taxe, et à ralentir brutalement l'activité du secteur de la construction, ce qui forcément pénalisera la classe moyenne. Concernant la CDC, une anomalie est constatée relative à la tendance du gouvernement à utiliser le filon des prélèvements à la source pour la réduction du trou abyssal de la Caisse. Un artifice et une aberration, dénonce l'analyste, qui reproche que l'on évite sciemment à attaquer le mal à la racine et que l'on fasse payer « aux citoyens-contribuables l'incompétence du gouvernement en matière de subvention des produits de base et des carburants. » « Déplumer ceux qui payent leurs impôts revient à assécher la source d'impôt », fait remarquer M. Stambouli, accusant le gouvernement de pratiquer la politique de la terre brûlée, car provisoire et sachant qu'il n'a pas de chance de terminer la gestion 2013, il mine le terrain. M. Stambouli craint qu'en cas de confirmation de ces informations, la vraie Révolution pourrait être pour janvier 2014. Peut-être avant. M. BELLAKHAL