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Tunisie : « Libéralisation des prix dans les cafés, ou naufrage de tout le secteur » averti le Président de la Chambre des Cafés
Publié dans Investir En Tunisie le 09 - 03 - 2010

« Le décret contre le tabagisme dans les cafés est impossible à appliquer dans sa forme actuelle et est en totale déconnexion avec la réalité » déclare le Président de la Chambre des cafetiers.
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Quelques jours avant l'entrée en vigueur du décret du ministre de la santé publique consistant à l'aménagement d'un espace spécifique pour les non-fumeurs dans les cafés en Tunisie, nous avons rencontré Mustapha Habib Testouri, Président de la chambre syndicale nationale des cafés de première catégorie, avec qui nous sommes revenus sur ce décret en particulier, et sur la situation que vivent les cafetiers depuis l'entrée en vigueur du système du cahier des charges dans la profession. Interview…
Mr Habib, en tant que président de la chambre syndicale nationale des cafés de première catégorie, pouvez-vous nous donner un aperçu sur la conjoncture économique et sociale générale des cafetiers.
La conjoncture est véritablement difficile : Le chiffre d'affaire s'est divisé par deux, au meilleur des cas, du fait de la multiplication incroyable du nombre d'établissements. Du coup les recettes ne suffisent plus à supporter les charges et à améliorer les établissements, le cafetier aujourd'hui croule sous les dettes de toute part et n'arrive plus à suivre, et ne parvient même pas à trouver les ressources nécessaires pour faire vivre dignement sa famille.
2/ Et selon vous, à quoi est due cette situation ?
Suite à l'apparition du cahier des charges, le nombre de cafetiers s'est multiplié en exponentielle jusqu'au dédoublement et automatiquement le chiffre d'affaire a été divisé par deux, au meilleur des cas.
Suite à cela il y a eu détérioration de l'équilibre financier des établissements, absence de marge bénéficiaire. 90% des nouveaux entrants sont en infraction par rapport aux clauses de distance et de surface couverte et autres dispositions. Imaginez aussi qu'il y a intervention auprès de personnalités influentes pour se positionner auprès de cafés déjà installés pour avoir une partie de leur clientèle.
Aujourd'hui la situation est désastreuse ; les cafetiers n'arrivent plus à suivre.
L'article 6 de la loi 75-2004 qui stipule que le gouverneur de la région doit fermer les établissements contrevenants n'a jamais été mis en application malgré les interpellations répétées des syndicats auprès des autorités régionales et nationales.
Il y a aussi à noter que les cafétérias installent en toute impunité des chaises et des tables malgré l'interdiction ferme de la loi et leur engagement écrit suite a leur choix personnel d'exploiter une cafétéria ou il n'est point permis de fournir des places assises ; ils le font donc en toute mauvaise foi pratiquant ainsi une concurrence totalement déloyale. Le cahier des charges a complètement marginalisé le secteur, et a eu des effets très pervers. Des médecins et des avocats et autres métiers nobles investissent dans des cafés alors qu'ils ne sont aucunement dans le besoin ; les ressources recueillies leurs servent comme argent de poche alors que pour nous, les cafetiers, cela représente notre seul et unique gagne pain.
3/ Alors vous ne pensez plus que l'annulation des autorisations et leurs substitutions par un cahier de charge a été bénéfique au secteur ? Pourriez vous nous expliquer ?
L'apparition du premier cahier des charges puis le second en 2004 a été, comme je l'ai dit, désastreuse pour le métier parce qu'il a été conçu dans des bureaux, en déconnexion totale avec la réalité, loin des professionnels et sans consultation du corps de métier.
Nous avons expressément demandé au gouvernement de modifier le cahier des charges, le gouvernement a chargé le conseil de la concurrence d'étudier le sujet et de présenter ses propositions. Ce dernier a demandé à la chambre syndicale nationale quelques informations et depuis plus d'une année nous ne voyons rien venir. Le secteur doit vraiment être régulé afin qu'il puisse continuer à jouer son rôle social, économique et politique dans les meilleures des conditions.
4/ Vous dites donc que quelques dispositions du cahier de charge -peut être les plus importantes- n'ont pas du tout été respectées ?
Absolument. Le cahier des charges n'est même pas pris en ligne de compte en ce qui concerne surtout la surface couverte et la distance séparants les établissements. Et personne ne respecte ces dispositions. Comment voulez-vous qu'elles soient respectées en l'absence totale de sanctions ? Les mauvais exemples se multiplient et les infractions à ses deux conditions essentielles restent dans l'impunité la plus totale. Nous ne comprenons pas pourquoi les autorités font mine de ne rien voir :distance entre les cafés et surface des locaux non respectées, distance par rapport aux établissements scolaires, universitaires et d'éducation en général,des centres sportifs, des sites religieux, etc.…
5/ Est-ce que les tarifs homologués arrivent à couvrir vos charges ?
D'emblée, je veux dire que nous nous demandons en tant que chambre syndicale nationale pourquoi limiter les prix dans un secteur concurrentiel ou des milliers d'opérateurs sont implantés sachant que ce secteur est totalement libéré quant à l'implantation et à l'exploitation.
Pour répondre à votre question, Il y a un déséquilibre total entre les éléments de coût et le tarif national accordé par les services du ministère du commerce. Pour les coûts, il y a eu ces dernières années une augmentation pharamineuse des matières premières, salaires, charges sociales, loyer, matériel et équipement, charges diverses d'exploitation, etc…. Par rapport aux tarifs, ceci ne va pas de pair. Aujourd'hui, par exemple, la moyenne du coût de la prestation hors matière première par boisson est de 360 millimes. A noter, aussi, que les éléments de coût sont bien connus du ministère.
6/ Quelles sont les motivations de la libération des prix ?
Le déséquilibre entre les éléments de coût et les tarifs homologués est de nature à fermer les horizons devant les professionnels les empêchant ainsi d'apporter des améliorations radicales à leur activité. Les cafetiers sont aujourd'hui endettés ; cela les empêche de faire évoluer le secteur en apportant des changements dans leurs établissements, changements d'ailleurs plébiscitées par les professionnels qui estiment que le consommateur a droit aujourd'hui à un confort et un service meilleur, ceci n'est pas possible dans les conditions actuelles.
On doit prendre la décision pertinente, courageuse et aussi honnête de libérer les prix qui sera toute bénéfique pour le professionnel et le citoyen.
Je veux aussi souligner que la libéralisation des prix n'engendrera pas une grande augmentation ; les cafetiers restent des commerçants avant tout qui sauront jouer des règles du marché sans disproportion à l'instar de ce qui s'est passé pour les boissons fraîches libérées dans le secteur depuis près de 15 ans et d'autres corporations dont les prix ont été libérés.
7/ Et si aujourd'hui vous aviez la liberté de vendre au prix souhaité quel seraient les prix des boissons aujourd'hui ?
Nous estimons en tant que chambre nationale que pour la famille du thé, café filtre et café au lait les prix seraient compris entre 350 et 500 Millimes.
Pour la famille des cafés sous pression que sont le café express, capucin et café direct les prix doivent osciller entre 450 et 700 Millimes.
Je rajoute aussi que pour les boissons fraîches, nous supposons les prix ne dépasserons pas :
800 Millimes pour la bouteille d'eau à 1 litre, 1 dinar pour la bouteille d'eau de 1.5 litre, 600 Millimes pour la bouteille d'eau de 0.5 litre. Le jus d'orange et la citronnade 1 dinar et les jus de fruits naturels mixés les 1.5 d au plus 2 dinars.
8/ Sur un autre volet, je voudrais vous appréhender sur le décret sur proposition du ministre de la santé publique numéro 2611 de l'année 2009 complétant le décret du même ministre numéro 2248 de l'année 1998, vous êtes dans l'obligation à partir de Mars 2010 d'aménager un espace spécifique pour les fumeurs. Comment voyez-vous ce décret ? Est-ce que la chambre syndicale nationale a été mise à contribution ou du moins consultée pour l'élaboration du dit décret ?
En tant que profession, nous voulons positiver sur cette affaire et être partie prenante contre les méfaits du tabagisme bien que nous ne soyons pas la source de ce phénomène qui reste un choix personnel du citoyen, et ayant une histoire longue qui a débuté depuis l'importation des premiers plants de tabac vers 1830 et qui s'est consolidé avec l'installation du monopole du tabac 3 ou 4 ans après l'installation de la colonisation en 1881.Ce phénomène nous le subissons nous même ; il est notoire que les cafés ont une clientèle composé à plus de 95% de fumeurs.
Le but du décret est de contrecarrer le tabagisme destructeur sauf qu'il ne faudrait pas que les cafetiers soient stigmatisés et touchés dans leurs moyens de subsistance déjà qu'ils sont faibles et le risque encouru est énorme.
A notre avis, le résultat escompté ne sera pas atteint et je vous donne un exemple d'un non fumeur qui va rencontrer ses amis fumeurs au café. Il ne va certainement pas s'installer seul dans l'espace non fumeur Il va s'asseoir obligatoirement auprès de ses amis dans l'espace fumeur.
Ce décret est impossible à appliquer dans sa forme actuelle et est en totale déconnexion avec la réalité surtout dans les cafés populaires ouverts avant septembre 2004 dont la surface couverte n'atteint guère les 100 mètres carré. Il est aussi rejeté par tous les professionnels d'après les réunions consultatives dans les régions qu'a fait la chambre syndicale nationale.
Pour notre part, on a fait plusieurs propositions au ministère de la santé avant l'édition du dit décret sauf qu'il n'a pas été tenu compte de nos explications, suggestions et propositions.
Nous avons, d'ailleurs, été étonné de la publication de ce décret sous sa forme actuelle surtout après avoir fourni beaucoup d'explications qui auraient pu faire réussir la disposition sans pour autant nuire aux professionnels.
Dans ce sens, la chambre syndicale nationale propose d'équiper tous les cafés par un appareillage sophistiqué reconnu mondialement, aux normes internationales et possédant toutes les certifications nécessaires pour fournir un air pur traité, d'où l'absence totale de toute particule en suspension donc élimination absolue des méfaits de la fumée du tabac. Cette solution scientifique permettra de fournir un espace sain, propre et dépollué, bénéfique à tous les clients soient-ils fumeurs ou non ; elle permettra aussi au Ministère de la Santé Publique d'atteindre ses objectifs quant aux méfaits du tabagisme passif et donc à la corporation de continuer à travailler loin du souci de la faillite, de la pauvreté et du chômage. C'est l'unique alternative intelligente qui peut faire consensus.
En outre, La chambre syndicale nationale n'admet point et refuse toutes les formes de menaces et de représailles à l'encontre de la corporation qui pourraient éventuellement nuire à la marche ordinaire de l'activité et surtout à notre droit constitutionnel au travail. Le droit au travail et à la dignité est un droit universel et un des piliers des droits de l'Homme. Notre gagne pain et notre dignité sont pour nous deux choses sacrés ; Nous avons le droit à une qualité de vie égale aux autres citoyens.
Le décret dans sa forme actuelle va inciter l'apparition de comportements qui nous ferons revivre des situations d'avant 1993, date de l'abrogation partielle de la loi 147-1959 du 07 /11 /1959 qui a surtout supprimé la révision quinquennale des autorisations d'exploitations.
9/ Une question latente revient toujours : « les cafés à narguilé » que vont-ils faire?
La proposition constructive que nous considérons comme solution intelligente est, par exemple, de faire sortir le narguilé dehors et de ne plus interdire que les clients le fument sur les terrasses.
Le narguilé doit demeurer au café sinon il quittera le café pour s'installer au foyer familial donc tabagisme passif pour toute la famille, mauvais exemple pour les générations futures c'est-à-dire les enfants qui vont prendre comme exemple leurs parents. Si cela arrive, le ministère de la santé publique aura complètement raté son objectif.
10/ Quelle est votre point de vue par rapport à tous ces textes de loi et autres dispositions qui visent expressément les cafés ces dernières années.
Toutes ces lois ont été contre la corporation et ont déréglé le secteur, secteur - rappelons le – qui était minutieusement réglé il y a quelques années.
On appelle à revoir sérieusement le secteur et son organisation sur les plans économique, social, législatif, etc.… avec la participation active et sine qua non de la chambre syndicale nationale.
11/ Et la convention collective ? En êtes vous satisfaits ?
Nous exigeons une révision totale de la convention collective sectorielle afin que nous ne soyons dans l'obligation de la rejeter comme ça a été le cas lors des dernières négociations sociales.
12/ Quelles sont les projets futurs de la chambre nationale des cafés de première catégorie ?
Nous aspirons à effectuer des formations professionnelles pour les employés de cafés parce que la chambre voit nécessaire qu'il y ait une formation professionnelle au niveau national pour tous les ouvriers. Sur ce, la chambre nationale va présenter un programme national avec des modules de formation au centre national de formation et de la promotion professionnelle.
13/ Comment voyez-vous l'avenir du secteur ?
Il est tributaire aujourd'hui, et plus que jamais, de la régulation que nous souhaitons que les pouvoirs publics effectuent.
Si les autorités vont aujourd'hui maintenir le statut quo sans aucun changement, sans amélioration et sans faire participer le corps du métier alors nous nous dirigeons directement et fatalement vers la catastrophe.
Par contre on peut sauver ce secteur si on régule le système et si nous réparions les lacunes engendrées par le cahier des charges .Les propositions ne manquent pas. Aux autorités, donc, de nous écouter et de tenir compte de nos suggestions !


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