Avec un actif total d'environ 30 milliards de dollars, soit 42 milliards de dinars, les principales banques tunisiennes demeurent loin derrière leurs homologues africaines (Afrique du Sud 570 Md $, Egypte 137 Md $, Maroc 102 Md $, Nigéria 87 Md $). Selon un cours d'analyses économiques du système bancaire tunisien, réalisé par Dhafer Saidane, maître de conférences à l'Université de Lille III et professeur à la Skema Business School, le système financier tunisien doit sortir de sa torpeur, après vingt années de blocages. L'espoir : consolider et assainir le système bancaire pour qu'il joue enfin son rôle de moteur de la croissance Des réformes audacieuses sont attendues. Peu importe le scénario, des regroupements sont indispensables. C'est l'occasion de restructurer et de consolider le capital des banques publiques et privées, d'introduire les bonnes pratiques, d'envoyer un signal fort à la communauté internationale, aux agences de notation qui nous scrutent, à nos partenaires historiques et aux investisseurs. Faire table rase en matière financière et bancaire est la plus grave erreur. De même adopter un statu quo serait la meilleure façon de discréditer notre potentiel économique et humain vis-à-vis de la communauté internationale. La libéralisation financière peut être source d'efficacité si elle est bien gérée. L'ouverture de l'économie, dont la convertibilité du dinar, doit se faire en évitant la démesure et le zèle. Nous restons une économie fragile. Chercher à plaire aux autres c'est garantir les conditions du chaos chez soi. L'impasse : un système bancaire pris au piège par de mauvaises pratiques Par ces temps de crises (financière et politique), les banques tunisiennes ont respecté la logique du marché qu'on leur a dictée et administrée. Elles ont mobilisé des compétences et capitalisé un savoir-faire. Hélas leurs efforts étaient annihilés par un environnement antiéconomique pesant marqué par les « affaires » et les intérêts privés peu propices à l'initiative et à la créativité entrepreneuriale. Le banquier n'a pas pu jouer souverainement son rôle car il n'en avait pas les moyens ou plutôt le pouvoir. Quant à l'entrepreneur, il n'a pas pu exprimer ses talents parce qu'il n'avait ni visibilité ni espoir. Ce rendez-vous manqué entre le banquier tunisien et son entrepreneur est une « panne économique » grave.