Joueur extraordinaire, coach en carton ? Diego Armando Maradona avait peiné à qualifier l'Argentine pour le Mondial. Venu pour le gagner, il a affiché au Cap ses limites de technicien, oubliées jusque-là derrière le grand barnum l'entourant. Il y avait depuis plusieurs jours les pros Maradona qui vantaient son management par l'amour, la provocation et la superstition, acceptant du fait de la personnalité hors norme du Pibe de Oro de choses qu'on aurait reproché à n'importe quel entraîneur. Dans un Mondial d'un faible niveau, le spectacle du sélectionneur argentin était avouons-le une aubaine, un cache misère, une telenovela distrayante mais sans grand intérêt intellectuel. Et cela aurait pu fonctionner encore un temps si les Albiceleste n'avaient pas dû croiser la route de l'Allemagne, jeune, intelligente et bien organisée, capable de dépasser le rideau Maradona pour voir en coulisses comment torpiller la représentation. Et Joachim Löw, malgré une personnalité bien moins charismatique que son homologue sud-américain et une carrière sportive anodine (une cinquantaine de matchs de Bundesliga et une carrière avant tout en seconde division allemande, ndlr) par rapport à celle de l'ancien numéro 10 du Napoli, a démontré qu'il était un meilleur sélectionneur et entraîneur que Don Diego. Avec Löw à la tête de l'Argentine, nul doute que de nombreux joueurs non retenus comme Lucho, mais surtout Zanetti et Cambiasso auraient été là. Et leur science technique et tactique aurait sans doute été payante. Javier Masherano et sa ligne arrière se seraient sentis moins seuls. Diego Maradona a beau féliciter les joueurs présents, rappeler leur vaillance, l'Allemagne a vite perçu les faiblesses individuelles et collectives de leurs adversaires du jour. Au Cap, ils se sont amusés des divisions internes de l'équipe argentine et ont su faire mal, donnant à leur victoire un côté spectaculaire qui devrait pousser Maradona à arrêter les frais ici : l'Argentine a en effet concédé samedi sa deuxième plus large défaite de son histoire en Coupe du Monde. Et ce n'est pas anodin, même si Diego Maradona tenait à rappeler après la défaite que l'Argentine avait perdu avec honneur puisqu'elle a retrouvé « son football » en revenant à « ses racines »… Qualifiée de justesse pour le Mondial, l'Argentine espérait un miracle pour aller au bout. Il fallait pour ça que la mentalité des joueurs permette d'aller au-delà des lacunes tactiques affichées par le staff. Le Mondial à moitié raté de Leo Messi (il est quand même impliqué dans une majorité des buts inscrits par son équipe en Afrique du Sud, mais n'a pas marqué) est symptomatique de la gestion « Maradonienne. » Depuis sa prise de fonction, Maradona n'a jamais su (voulu) utiliser Leo Messi comme il le fallait. Affirmant vouloir faire de lui le numéro un des numéros un, Maradona a organisé son équipe de façon à limiter l'influence du Barcelonais. A force de ne pas vouloir rendre son équipe Messi-dépendante, en partie pour des soucis d'égo, Maradona s'est privé volontairement du talent du meilleur joueur du monde. Avant de décider s'il doit rester ou non, Diego Maradona entend théâtraliser sa décision : il veut rencontrer sa famille, ses proches, ses joueurs et joue aujourd'hui de la thèse de l'accident face à l'Allemagne. Une façon de signifier à tout le monde : « on ne virera pas Maradona, si je dois partir, je le déciderai. » pour le bien du football argentin, il serait quand même bon que cela change… « Don't cry for him, Argentina...»