Le gouvernement Essid multiplie les efforts pour dialoguer sérieusement avec les citoyens du bassin minier. Kamel Jendoubi, ministre chargé des relations avec les associations de la société civile, ne désarme pas après avoir raté sa première rencontre avec les jeunes de la région. Les partis politiques, qui brillent par leur absence sur le terrain, sont appelés à soutenir le dialogue et rien que le dialogue. La situation dans le bassin minier est devenue inextricable. Chaque jour apporte son lot de surprises. Et à peine les ouvriers de la Compagnie des phosphates de Gafsa sont-ils retournés à la production dans certaines unités que le travail s'est arrêté de nouveau. Au niveau du gouvernement, Habib Essid a présidé une réunion spéciale du Conseil des ministres qui a été sanctionnée par l'annonce de près de 60 mesures dont la concrétisation se prolongera jusqu'en 2020. Malheureusement, les habitants de la région ont rejeté en vrac ces mesures, considérant qu'elles ne répondent pas à leurs attentes dont en premier lieu l'emploi immédiat des jeunes au chômage depuis des décennies. Et c'est à Kamel Jendoubi, ministre chargé des relations avec les organisations de la société civile, d'être désigné par le chef du gouvernement pour entamer un dialogue aussi ouvert et libre que possible avec les représentants de la société civile dans la région en vue de trouver un début de solution à la crise. Au départ, Kamel Jendoubi devait se déplacer à Gafsa pour rencontrer ses interlocuteurs sur le terrain. Mais il s'est contenté de les recevoir à Tunis, pour des raisons qui restent inconnues. Malheureusement, la rencontre qui s'est tenue jeudi dernier a été un échec total puisque les jeunes qui étaient venus parlementer au nom des habitants du bassin minier ont répété les demandes déjà exprimées auparavant et ont fait la sourde oreille aux propositions du ministre. Les observateurs qui suivent l'évolution de la situation dans le bassin minier se posent désormais la question : comment faire pour que les citoyens de la région retrouvent confiance en les représentants des autorités qui dialoguent avec eux depuis des semaines, sans parvenir à un résultat effectif? Les associations, organisations et diverses coordinations dont certaines viennent à peine d'être constituées et qui parlent au nom de la région du bassin minier sont-elles réellement représentatives des habitants concernés et jouissent-elles effectivement de leur confiance? Où sont les partis politiques, qu'ils soient au pouvoir ou dans l'opposition représentée au Bardo ou ceux qui ne disposent d'aucun siège au Parlement et prétendent pourtant avoir leur mot à dire pour que la crise soit résolue? La solution ne viendra pas de la capitale Pour Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du travail patriotique et démocratique, «la situation est réellement préoccupante puisque les habitants de la région ressentent une déception amère en constatant que toutes les promesses qui leur ont été faites lors des campagnes électorales sont restées sans lendemain. Malheureusement, les partis au pouvoir ont perdu toute crédibilité auprès des citoyens du bassin minier. Pis encore, aujourd'hui on a le sentiment qu'il n'existe plus de pouvoir et personne ne peut plus prétendre que sa voix est écoutée. Même l'Ugtt est ignorée et ses responsables ne sont plus crédibles». Mais comment ressusciter la confiance des habitants de la région? «La seule solution est que Kamel Jendoubi se déplace sur le terrain, rencontre tout le monde et réside le temps qu'il faut, lui et ses collaborateurs, dans la région et réussisse à créer des rapports de confiance avec ses interlocuteurs. C'est une mission exceptionnelle qui lui est confiée. Elle commande un traitement particulier. Quant aux associations et organisations de la société civile qui prolifèrent dans la région, il lui est demandé un effort spécifique de sélection pour savoir avec qui parlementer. Les partis politiques ont l'obligation de revoir leurs stratégies de communication et d'encadrement de leurs militants sur le terrain. Qu'ils arrêtent au moins les déclarations incendiaires», conclut-il. Il faut revoir la désignation des délégués Noureddine Ben Ticha, membre de la direction de Nida Tounès, déplore «l'absence remarquable des partis politiques du terrain. Il est malheureux de remarquer que les députés de la région, y compris ceux de Nida Tounès, n'ont aucune influence sur les habitants de la région. Les autorités de la région sont également ignorées et pratiquement personne n'a confiance en ces délégués dont la plupart agissent en administratifs ne sachant même pas communiquer avec les protestataires. Au sein de Nida Tounès, nous appelons à la désignation de nouveaux délégués qui allient la compétence professionnelle au savoir-faire et au savoir-dialoguer avec les gens». Il ajoute : «Nida Tounès a essayé de dialoguer avec nos concitoyens du bassin minier en envoyant certains de ses leaders dire aux gens les vérités telles qu'elles sont et en leur assurant que les promesses fantaisistes faites par presque tout le monde sont irréalistes et irréalisables. La mission de Kamel Jendoubi est très difficile. Il y réussira à condition que tout le monde l'y aide et qu'il sache dialoguer avec les ONG qui sont réellement les porte-voix des citoyens du bassin minier. Il faut lui donner le temps nécessaire pour accomplir sa mission».