Passage en classe supérieure de tous les élèves de l'enseignement de base public, à titre exceptionnel, pour l'année scolaire 2014-2015 Les solutions de rechange que le ministre de l'Education, Néji Jalloul, avait promises au cas où les examens de fin d'année seraient boycottés par les instituteurs dans les écoles publiques n'étaient pas du bluff. Hier, la première décision est tombée comme un couperet. Dans un communiqué de la présidence du gouvernement, il a été décidé, à titre exceptionnel pour cette année scolaire (2014-2015), le passage automatique de tous les élèves du primaire en classe supérieure. Le communiqué indique que la décision intervient suite à l'impossibilité d'organiser les examens du troisième trimestre dans plusieurs écoles primaires en raison de la grève administrative observée par les instituteurs et la non-tenue des conseils de classe habilités à décider de la réussite des élèves sur la base du calcul de leurs moyennes. A noter que la grève administrative observée par les instituteurs a commencé depuis la semaine dernière à l'appel du Syndicat général de l'enseignement de base, relevant de l'Union générale tunisienne du travail. Le syndicat crie au scandale et dénonce une « décision illégale». Le choix de la responsabilité Contacté par La Presse, le porte-parole du ministère, Mokhtar Khlafaoui, va droit au but : « Le ministère devait choisir entre deux options : assumer son entière responsabilité face aux élèves et leurs familles et leur proposer une solution — c'est là la responsabilité morale et juridique du ministère — ou attendre indéfiniment que les instituteurs prennent la décision de passer les examens ou non, alors que nous sommes au terme de l'année scolaire». D'autant que le syndicat des instituteurs a rejeté la proposition de recours du ministère aux volontaires et aux retraités pour la tenue des examens. Le ministère a donc fait son choix. Plus de 90% de taux de réussite habituel Mokhtar Khalfaoui précise également que la décision est légale puisqu'elle a été adoptée par la présidence du gouvernement et qu'elle sera publiée sur le JORT dans les prochains jours. La question qui se pose maintenant est : quel sera le sort des élèves dont les résultats scolaires ne les habilitent pas au passage à la classe supérieure ? « Un programme spécifique de soutien et d'encadrement sera mis en place au profit de ces élèves l'année prochaine », précise encore Khalfaoui. Selon les résultats habituels dans le primaire, le nombre de ces élèves ne devrait pas être important puisque le taux de réussite au niveau de la première année de l'école de base jusqu'à la sixième oscille toujours entre 94% et 96%. De ce fait, les repêchés parmi les élèves ne devraient pas lourdement peser sur le niveau de l'enseignement l'année prochaine. Collèges pilotes : convocations Le ministère de l'Education ne s'est pas arrêté là. Hier encore, il a annoncé dans un communiqué que le concours d'entrée aux collèges pilotes (session 2015) se déroulera à la date prévue, soit les 18, 19 et 20 juin 2015. Le ministère informe également les élèves et leurs parents qu'ils peuvent, à partir de samedi 13 juin, recevoir les convocations individuelles relatives à ce concours. Les convocations seront remises conformément à l'une des trois formules suivantes : de l'établissement éducatif dans lequel le candidat est inscrit, ou de la délégation régionale de l'éducation dont relève l'établissement éducatif ou encore par voie électronique sur le site du ministère de l'Education www.edunet.tn Syndicat : rendez-vous en septembre Du côté du Syndicat général de l'enseignement de base, la colère est perceptible et les menaces d'escalade franches. Pour le secrétaire général adjoint du syndicat, Tahar Dhaker (injoignable par téléphone toute l'après-midi), ce n'est que partie remise et le rendez-vous de l'escalade est pris pour la prochaine rentrée scolaire, en septembre. « Ce ne sera pas une rentrée ordinaire », a-t-il martelé sur les ondes de Shems FM. Pour le syndicaliste, la décision du ministère de clore de manière unilatérale ce long épisode de débrayage est une fuite en avant qui dénote la réussite du mouvement syndical de la famille éducative. Mais il ne manque pas de qualifier la décision, du ministère de coup porté à la liberté de revendication et au droit de l'action syndicaliste. Or avec cette décision, le ministère ne met pas un terme à la crise mais la diffère. Raison pour laquelle le porte-parole du ministère tiendra à souligner que « les canaux de la communication restent ouverts et le ministère est favorable au dialogue et aux négociations dans l'intérêt général ».