Une société ne peut être fière d'elle-même qu'en veillant à mettre en valeur et en redorant le blason de ses us et coutumes. L'arbre, sans racines bien ancrées et bien irriguées, finirait au fil du temps par se dessécher et mourir. Ah ! nos belles traditions ! Un exemple valable pour toute société négligeant son passé et ne sachant pas entretenir les racines de ses civilisations. Qui font son identité et ses spécificités. Nous avons de belles traditions dont nos aînés ne cessent de parler avec regret et cherchent à nous faire savourer. Beaucoup d'entre elles sont jetées aux oubliettes et déclarées mortes et enterrées. Où sont donc aujourd'hui «Boussaâdia», «Ommouk Tangou» (prières populaires et folkloriques pour que le Tout-Puissant arrose nos champs), «Allahouma Amine» (tours d'honneur effectués par les élèves du «Koutab» après avoir appris par cœur une série de sourats du Coran), «Ya sallak el ouahline», qui faisaient l'extase des enfants de nos quartiers d'antan? On n'en entend plus parler. Où est donc aussi notre «stambali»? Boutbila, pour sa part, devient de plus en plus rare et absent. Ceux qui ont résisté au facteur temps traînent cahin-caha leurs carcasses en tristes solitaires. On ne les reconnaît presque plus! Cela dit, étant en plein Ramadan et en pleine saison de Boutbila, essayons de faire un zoom sur ce personnage. Et, par là même lui faire un petit geste de reconnaissance, lui qui m'avait tant fait chanter derrière lui et émerveillé! Et avait tant semé la joie et la jubilation et tant égayé nos soirées ramadanesques d'antan. «Boutbila, on ne connaît pas» Boutbila était une figure bien familière à nos pairs ayant eu à savourer le charme du bon vieux temps. Alors que, pour notre jeunesse malade du Facebook abrutissant, c'est un personnage de science-fiction, tout comme Papa Noël de l'Occident… C'est un monsieur qui ne dit rien à la génération de «j'aime et je partage». Et, par contre, dit grand-chose à ceux qui ont eu à vivre «un passé simple», «l'imparfait» et l'inconfort du quotidien avaient beaucoup de saveur et une ineffable senteur. Une initiative sans lendemains Une agence de marketing, soutenue par des représentants de la société civile, a cherché à ressusciter cette belle tradition éveillant la nostalgie de ceux qui ont vécu le bon vieux temps. Ceci à travers l'organisation d'une judicieuse campagne pour l'homme folklorique ayant longtemps fait le charme du mois de Ramadan. Deux seules sessions devaient être brillamment réussies en 2011 et 2012. Et l'on ne sait trop pourquoi l'on s'est arrêté en si bon chemin. L'opération a touché les divers quartiers du Grand-Tunis. Drapé de sa tenue traditionnelle aux couleurs gaies et attirantes, Boutbila ne s'était pas contenté cette fois-ci de tambouriner pour tirer les dormeurs de leur sommeil, annonçant le moment du «shour», mais il était allé, selon un planning arrêté par les organisateurs, distribuer le shour. Ceci, non seulement dans les quartiers défavorisés, mais aussi dans les quartiers huppés, pour restaurer l'image oubliée d'un personnage faisant partie intégrante de notre patrimoine culturel, ne devant pas être si négligé. C'est pour cela que l'homme jovial du «tambourin» mérite d'être mieux connu à travers uns second papier. Qu'on se propose de vous présenter sans tarder…