Peugeot PSA s'implante au Maroc. Il devait, croyait-on savoir, le faire en Tunisie. Ce «désistement» ne nous étonne guère vu l'immobilisme et l'état de léthargie générale dans lesquels est plongé le pays depuis des mois, des années pour dire vrai... Pendant que nous cherchons inlassablement et désespérément du pétrole, nos voisins de l'Atlas travaillent et entreprennent. C'est leur réel et véritable capital pour se positionner et de la plus belle manière qui soit sur l'échiquier mondial de la globalisation économique... Ce «fonds de commerce», cette réserve de sérénité leur permet aujourd'hui de cultiver intelligemment et efficacement leur image à l'échelle internationale. Pendant ce temps, nous excellons dans l'art des initiatives. Pour un peu et nous serons bientôt de simples mais tout de même grands collectionneurs d'initiatives et de contre-initiatives ! Nous continuons surtout à aller chercher des voix internationales qui nous réconfortent dans nos choix et qui seraient propres à «valoriser» notre crédibilité et notre image sur la scène internationale. En quête aussi de satisfecits de la Banque mondiale et du Fmi tant, le comble, nous nous sommes d'ores et déjà mis dans la peau de la Grèce, sauf que (hélas !) la Tunisie n'est pas la Grèce, pays européen qui ne sera jamais lâché par sa propre famille, l'Union européenne. PSA s'implante au Maroc. Il devait, croyait-on savoir, le faire en Tunisie. Ce «désistement» ne nous étonne guère vu l'immobilisme et l'état de léthargie générale dans lesquels est plongé notre pays depuis des mois, des années pour dire vrai. Interrogé à ce propos par La Presse, Radhi Meddeb n'y va pas par quatre chemins : «Nous manquons de vision. Il faut avoir de l'ambition pour le pays, décliner cette ambition en vision, la traduire en une stratégie et la mettre en avant». Tout aussi amer, et c'est peu de le dire, Tarek Cherif, président de la Conect, regrette que son initiative d'un « Pacte de productivité » n'ait pas été prise au sérieux. «Avec une logistique défaillante, des grèves à répétition et une productivité au plus bas, il ne s'agit plus de regretter que les IDE vont ailleurs, mais de craindre que ceux qui existent quittent le pays. Et ils sont en train de le faire». «Une implantation de l'envergure de celle qui vient de se faire à Tanger ne se prépare pas la veille. Il faut toute une vision et une stratégie claire pour capter les firmes internationales», ajoute-t-il. Pour l'économiste Moez Labidi, réputé pour la finesse de ses analyses et l'humilité de ses propos, « on paie le prix de la cacophonie politique et sociale. C'est une perte sèche pour la Tunisie: en termes de création d'emplois, d'exportation et de PIB. Cela aurait systématiquement permis de desserrer l'étau sur le dinar ». Et puis, dit-il laconique, «c'est tout à fait évident qu'un investisseur étranger se montre réticent à venir en Tunisie quand l'investisseur national fait montre lui de peu d'enthousiasme à investir et que rien ou presque ne l'incite vraiment à le faire» ! 557 millions d'euros, 4.500 emplois directs Le Maroc avance, notre pays « recule ». Un accord industriel a été signé ce vendredi au palais royal à Rabat. Tout un symbole! Début d'une «offensive commerciale» en Afrique, PSA Peugeot Citroën a annoncé vendredi qu'il allait ouvrir une usine au Maroc en 2019, un investissement de 557 millions d'euros dont la capacité initiale sera de 90.000 véhicules par an. Quelque 4.500 emplois directs devraient être créés avec en prime 20.000 autres emplois, indirects cette fois, notamment chez les équipementiers, a indiqué Moulay Hafid El Alamy, le ministre marocain de l'Industrie, lequel a évoqué la perspective que 60 % des pièces soient fabriquées sur place, un taux dit « d'intégration », qui pourrait après passer à 80 %. Objectif de PSA : 1 million de véhicules. Ford a annoncé fin mai qu'il allait lui aussi renforcer sa présence au Maroc, avec l'objectif de doubler le nombre de pièces qu'il acquiert sur place. Parallèlement, le ministre marocain de l'Industrie a évoqué l'intérêt d'autres constructeurs, Ford mais aussi l'allemand Wolkswagen. Nos voisins de l'Atlas travaillent, font aujourd'hui un travail extraordinaire sur le plan du développement économique. Le Maroc a fait depuis longtemps son deuil des hypothétiques révolutions. Voilà un pays dont jusque le nom était jadis banni par l'ancien régime. Toute référence à la performance économique de ce pays pouvait coûter très cher à son auteur. Ce pays a non seulement réussi calmement et sans trop de vagues sa révolution en termes de gouvernance, mais il a aussi réussi une profonde et porteuse réforme de son système fiscal, financier et bancaire: les véritables vecteurs de tout dynamisme économique et social. Les flux d'IDE vers le Maroc, le tourisme et les capitalisations du secteur bancaire marocain n'ont jamais été aussi prometteurs qu'aujourd'hui. Bravo le Maroc! Espérons que nous saurons enfin prendre de la graine. Et surtout commencer à prendre conscience qu'il y a urgence à agir pour sortir le pays et l'économie nationale de la léthargie.