Une vigoureuse action devra secouer les Tunisiens qui aiment leur pays, pour lui redonner son éclat et ce, à travers une prise de conscience et des actions concrètes pour rendre agréable la vie dans nos cités et quartiers. Pendant plus de quatre années nous n'avons cessé d'accabler les pouvoirs publics, à leur tête les municipalités, pour leur laxisme et le peu de cas qu'ils faisaient de la propreté de nos cités et quartiers et nous n'avons que trop peu parlé du rôle des citoyens dans le déplorable état de ces mêmes quartiers et cités. Il est grand temps de dénoncer un tel comportement préjudiciable au milieu dans lequel nous vivons, tout en demeurant exigeants pour demander davantage d'effort de la part des services municipaux afin qu'ils fassent preuve de fermeté face à ceux qui enfreignent la loi et mettent en danger notre santé et celle de nos enfants. Les autorités communales doivent sévir pour mettre un terme à cette déferlante de saletés dont sont responsables les commerces en premier lieu et les habitants dont la propreté du dehors de leurs logis est le dernier de leurs soucis. Des mesures de rétorsion doivent être prises à leur encontre, d'autant que leurs forfaits sont visibles à l'œil nu. Dans certaines cités, ni trottoirs ni chaussées ne sont épargnés. Tous ces espaces sont occupés le jour pour devenir des dépotoirs la nuit avec des fruits et légumes avariés, vivier des moustiques et autres insectes nuisibles. Des emballages en plastique et en carton sont jetés dans tous les coins de rue et souvent à quelques mètres des conteneurs et des poubelles destinés pour l'usage. Les services de propreté sont ainsi débordés pour se retrouver contraints de passer sans lever ces ordures, dont celles abandonnées à même le sol obligent les ouvriers à user de leurs mains pour les ramasser. C'est un véritable calvaire qu'ils vivent chaque jour et auquel les citoyens semblent insensibles. On salit et on passe ! On sort les poubelles à toutes les heures de la journée, alors que normalement cela devrait se faire la nuit. Les sacs-poubelles on n'en use que rarement; pourtant, ils ne sont pas chers. On préfère mettre ses ordures avec les restes de nourriture dans des récipients ou des seaux en plastique qu'on déverse dans les conteneurs d'où se dégagent des odeurs pestilentielles qui nous obligent à nous boucher le nez. Les agressions de ce genre sont quotidiennes et partout où vous allez à Tunis comme dans les autres villes du pays. Et rien ne pourra arrêter un tel désagrément nocif au milieu et à la santé si les citoyens, eux-mêmes, ne changent pas de comportement pour comprendre que la propreté est un signe de civisme et qu'elle est l'affaire de tous. Se contenter d'avoir un chez-soi propre, tout en ne se souciant que trop peu de son milieu environnant, est loin d'être un comportement citoyen digne du Tunisien. La propreté dans son acception générale est tout d'abord une affaire qui concerne l'individu en premier lieu avant qu'elle ne soit collective. On doit commencer par soi-même avant de chercher ce que font les autres. Si chacun se comportait de la sorte, on n'aurait pas à se plaindre de tant de saletés qui enveniment notre vie et rendent notre milieu infect pour, par la suite, rendre les autres responsables et notamment les services chargés de la propreté, qui ne sont pas certes exempts de tout reproche, mais que nous devons aider dans leur tâche pour notre bien à tous. Une affaire d'individus ! Un petit effort dans ce sens de la part de tous ne manquerait pas de rejaillir positivement sur le paysage dans nos villes et villages, avec un milieu où il fera bon vivre, car force est de constater que jusqu'à nos jours nous continuons de subir les conséquences néfastes du comportement d'une certaine catégorie de citoyens —et qui sont très nombreux— qui ont détruit tout ce qui est beau pour l'enlaidir et le rendre invivable, tel cet espace vert dans la cité des jardins à Bou M'hal Al Bassatine, saccagé par les habitants de la cité en en faisant une décharge d'ordures et un espace préféré des chats et chiens errants. Les premiers habitants qui ont dépensé plus de sept mille dinars pour en faire une plus-value à leurs habitations assistent impuissants devant la horde vandale qui l'a rendu ainsi. Un espace qui, dans un passé récent, fut choisi comme modèle et auquel un prix régional fut décerné. Voilà comment on détruit le milieu dans lequel on vit et sur lequel on devrait normalement veiller pour le préserver de tout acte de destruction. Cela dit, et en dépit d'un constat si déplorable, on demeure convaincu qu'il y a toujours de la bonne graine dans ce pays. Une bonne graine qui pourra germer et donner des milliers d'autres avec des citoyens dignes de ce qualificatif et en mesure d'inverser la tendance pour redonner au pays, à travers ses villes et sa campagne, l'éclat qu'il mérite. Des efforts par-ci et des efforts par-là, conjugués avec une vraie reprise en main de la situation par les pouvoirs publics, qui sont appelés à ne plus badiner avec la loi, et on parviendra à remettre de l'ordre dans nos contrées. Les citoyens, les vrais, doivent réagir, il ne leur est plus permis de croiser les bras et d'assister à cette destruction systématique de ce qui fait notre raison d'être. Le vrai apport citoyen commence par là et finira, avec le temps, par porter ses fruits. Les conséquences du chacun-pour-soi sont devant nous et nous ne devons plus tergiverser pour nous dérober de nos responsabilités et abandonner le sort de nos cités à ceux qui ne savent que détruire, rendre sale ce qui doit être propre et enlaidir ce qui est beau. Ils sont les ennemis de la vie, d'eux-mêmes et des autres. Les vrais citoyens sont tout le contraire et c'est de là que découle ce devoir de dire assez et de leur faire barrage. La Tunisie en a tant souffert ces dernières années et seuls ses citoyens pourront la sauver pour chasser ce mauvais cauchemar.