Le Bac ne sera plus comme avant. Les nouvelles donnes intervenues cette année et celles prévues pour les prochaines années devront lui donner une autre dimension. Faut-il s'offusquer des résultats du Bac 2015 ou s'en enorgueillir ? Un taux général de 36.09 % est-il honorable ou ne reflète-t-il pas le vrai niveau de nos élèves ? Les positions sont divergentes. D'aucuns diraient que ce résultat n'est que le reflet fidèle de la réalité du niveau de nos élèves et que les Tunisiens ne font que découvrir la partie cachée de l'iceberg, de la détérioration de la qualité de notre enseignement. D'autres surenchériraient que ce qui reste est plus grave encore. Que se serait-il passé si, vraiment, on avait supprimé totalement les 25 % de bonus ? Aurait-on connu une catastrophe ? Sans nul doute, la réussite au Bac n'aurait pas dépassé les 20 %. Pour avoir une idée sur ce qui vient de se passer, il serait utile de revenir à l'année 2008. Ce serait un repère pour évaluer l'évolution des résultats et comprendre un peu les aléas rencontrés par cet examen. A l'époque, on avait enregistré 67% dans le public avec 84.602 nouveaux bacheliers. L'année suivante ce taux est descendu à 62.2 % et 70.969 nouveaux bacheliers. En 2010 le taux est remonté à 69.2 et 77.182 bacheliers. Mais c'est l'année 2011 qui va marquer la période choisie. Le taux de réussite avait été presque le double de ce qu'on a enregistré cette année : 72 %. La chance avait, alors, souri à 73.042 candidats. Le taux de 2012 s'est situé autour de 57.5 % et 58.210 bacheliers. Celui de 2013 n'en était pas très loin avec ses 59.3 % et ses 66.067 lauréats. En 2014 c'est, peut-être, le début de la descente aux enfers où le taux général n'a pas dépassé les 49.07% et 67.291 diplômés. La bataille était, également, rude pour les élèves du privé et les candidats libres au cours de la même période 2008-2015. Il suffit de noter que le taux le plus élevé a été atteint en 2011 pour les établissements privés avec 30.9 % et 6.319 candidats admis. Quant au taux le plus bas, il a été enregistré en 2012 (19.4 %). Les candidats à titre individuel avaient atteint un record avec leur 3.2 % en 2008 et sont tombés à ... 0.9 % en 2013. En 2015 les candidats des établissements publics ne sont pas loin de leur vitesse de croisière. En effet, un taux de 26.95 % ne semble pas trop mauvais si l'on tient compte des mesures adoptées dans le calcul de la moyenne du Bac. C'est ainsi que sur les 2.382 candidats qui se sont présentés à l'examen, 642 ont pu décrocher leur diplôme. Pour ce qui est des candidats à titre individuel, les résultats obtenus sont les meilleurs depuis 2008. Les 4.28 % de cette année n'ont pas été enregistrés au cours de la période objet de notre analyse comparative. En somme, c'est 11.201 nouveaux bacheliers qui sont venus s'ajouter aux 34.390 de la session principale. Soit un total de 45.591 bacheliers. Faut-il le rappeler, le nombre d'admis au cours de la session de contrôle de l'année précédente s'était élevé à 17.178 et celui des admis pour les deux sessions avait atteint 67.291. Les refusés pour cette édition du Bac représentent des effectifs jamais atteints. Ils sont plus de... 80.000 ! Contre, seulement, 69.847 l'année dernière. Il est clair que le Bac ne sera plus comme avant. Il faudra, désormais, compter avec les refontes. Si on parvient à appliquer des évaluations sans la bonification des 20 %, les résultats ne feront que baisser encore plus. Mais, comme le dit l'adage : «A quelque chose, malheur est bon». Peut-être qu'ainsi, les lycéens et leurs enseignants prendront-ils plus au sérieux la question de la réalité du niveau de nos élèves et de la qualité des méthodes d'enseignement. Car, l'explication de ces faiblesses ne vient pas uniquement de l'élève, mais de tout un système, ses méthodes et ses programmes.