La Grèce ne se prononcera pas uniquement sur les mesures d'austérité proposées par ses créanciers, le FMI et l'UE. Le pays joue également sa place dans la zone euro. Des prix Nobel d'économie appuient Alexis Tsipras et sont favorables au « non ». L'Europe et le monde des finances retiennent leur souffle en attendant le verdict que va prononcer ce dimanche le peuple grec, à la faveur d'un référendum historique, sur le plan de sauvetage proposé par ses créanciers, l'Union européenne et le FMI. D'après les sondages, les taux aussi bien du « oui » que du « non » oscillent autour de 40%, alors que le nombre d'indécis dépasse les 10%. En cessation de payement depuis le 30 juin dernier, la Grèce devait rembourser au FMI quelque 1,6 milliard d'euros. Une deuxième échéance l'attend le 20 juillet pour rembourser 3,2 milliards d'euros à l'Union européenne. D'après le gouvernement, la Grèce aura besoin dans l'immédiat de plus de 7 milliards d'euros pour redresser sa situation financière. Depuis une semaine, les banques grecques sont fermées. Seuls des retraits limités sont autorisés à travers les distributeurs automatiques de billets. C'est dire que le pays traverse une crise économique aiguë, marquée principalement par un grand manque de liquidités. Le chômage touche 60% des jeunes et les dettes dépassent 300 milliards d'euros. Parmi les scénarios possibles, la Grèce pourrait sortir de l'euro, ou le « Grexit », comme on a désormais tendance à l'appeler. C'est le scénario le plus redouté des économistes. Il aura des conséquences catastrophiques non seulement pour la Grèce mais aussi pour la zone euro et l'économie mondiale. Des économistes au chevet de Tsipras Sinon, si le « oui » l'emporte, la Grèce aura peut-être droit à un nouvel appui européen, mais avec des répercussions très sévères pour les consommateurs grecs qui seraient obligés de faire davantage d'économies. C'est ainsi d'ailleurs que les partisans du « non » évoquent la question de dignité s'ils restent parmi les pays de la zone euro. Dans ce cas, la Grèce aura droit soit à un rééchelonnement, soit à l'effacement d'une partie de sa dette. C'est l'une des hypothèses à laquelle ont appelé hier certains Prix Nobel d'économie qui ont ouvertement exprimé leur appui au Premier ministre grec, Alexis Tsipras. Joseph Stigliz, repris par plusieurs médias, considère que la crise grecque est devenue une question de pouvoir et non plus une question d'économie. Il propose d'effacer la dette grecque et de doter le pays des fonds nécessaires pour relancer son économie. De son côté, Paul Krugman, prix Nobel d'économie en 2008, considère que la crise économique dans laquelle s'est engouffrée la Grèce est due aux mesures d'austérité imposées par ses créanciers. Il considère que davantage d'austérité ne peut que compliquer les choses. Il a, par conséquent, appelé les Grecs à voter « non ». D'autres économistes considèrent que la dette grecque ne pourra pas, de toutes les façons, être remboursée et qu'une restructuration, à terme, est nécessaire pour éviter le pire. La majorité des économistes ne sont pas pour une sortie de la Grèce de l'euro.