Les festivals d'été devraient plus que jamais incarner l'image d'un pays qui résiste à la violence et au terrorisme lâche et aveugle, par l'art et la culture, entre autres. Cela en opposant à la culture de la mort la culture de la vie. Les scènes de tous les festivals de la République devraient véhiculer, cet été, l'effervescence, la joie et le bonheur que suscitent l'art et la création. Et c'est ce qu'on attend, par exemple, d'un festival aussi prestigieux que Carthage dont l'ouverture est prévue le samedi 11 juillet avec un hommage à la cantatrice Oulaya à travers le spectacle «Dhalamouni Habaybi». Mais si l'on se focalise davantage sur cette 51e du festival international de Carthage, qui se déroulera du 11 juillet au 18 août, on constatera d'emblée que la musique se taille la part du lion cette année avec 19 spectacles au menu sur les 23, soit un taux de 82%. Les quatre spectacles restants, soit 18%, consacrés au ballet (le Bolshoï polonais Mazowsze), au cirque Afrika-Afrika (deux soirées) et au spectacle d'art numérique Light Painting. Sur les 23 spectacles, 16 sont originaires de l'étranger, notamment d'Occident, dont 12 sont consacrés à la musique. Les sept spectacles tunisiens sont, eux, tous du genre musical. La grille de cette édition n'a pas, loin de là, favorisé, comme lors des précédentes années, le genre commercial, les artistes orientaux façon Rotana, à l'exception de Wael Kfouri (12 juillet), sont absents cette année. Et c'est tant mieux. En revanche, la chanteuse égyptienne Amal Maher, dotée d'une voix puissante qui maîtrise tous les modes, sera bien présente; c'est elle qui a interprété, avec brio, les chansons du feuilleton «Oum Kalthoum». Un vrai talent. Enfin, le jeune chanteur palestinien Mohamed Assaf, qui a forcé l'admiration de tout le monde arabe, lors de son passage dans «Arab Idol» sur MBC, interprétera certainement les chansons d'amour arabes classiques ainsi que les hymnes patriotiques palestiniens qui ont fait sa renommée internationale depuis son passage dans «Arab Idol». La même tendance se dessine à travers les concerts musicaux occidentaux provenant d'Amérique,d'Europe et d'Afrique. Des spectacles de veine culturelle A titre d'exemple : citons le concert Qawwali Flamenco (14 juillet) qui signera la rencontre tant attendue entre Faiz Ali Faiz (chant et arrangement) et Juan Gomez (guitare et arrangement) où les musiques du Pakistan à l'Andalousie se croisent et se rencontrent, estompant les distances et dévoilant les similitudes, pour en finir avec le concert de l'Orchestre symphonique de Pau (Shérazade) prévu le 28 juillet avec, au menu, des morceaux de Mozart, Tchaïkovski, Rimski Korsakov. L'orchestre est dirigé par Fayçal Karoui. Cela en passant par le concert de la chanteuse américaine de soul et de rap, Lauryn Hill (21 juillet) et de la diva africaine malienne Oumou Sangare (2 août), dont la musique est inspirée des airs traditionnels du sud du Mali, c'est pourquoi elle est considérée comme l'ambassadrice du Wassoulou. Le Bolshoï polonais Mazowsze (23 juillet) est également «ce prestigieux ensemble qui s'est produit sur tous les continents avec 7.000 représentations en proposant un spectacle vibrant de musique et de danse». Côté concerts tunisiens, outre l'ouverture, citons, pour exemple, «Tamayourth», de Tahar Guizani (1er août) et «Al Hadhra» de Fadhel Jaziri. Les amateurs de rap ne seront pas en reste, puisque la soirée du 16 août sera consacrée aux rappeurs Kafon, Balti, Zied Nigro et Art Masta. Certes, la tendance de cette 51e édition privilégie la veine culturelle —par choix, mais aussi vu le manque d'argent, on suppose— aux dépens de celle commerciale. Mais, déjà des voix se sont élevées du côté des artistes tunisiens qui reprochent le nombre très réduit des spectacles tunisiens (7 sur 23), alors que, normalement, un meilleur dosage et plus d'équilibre sont souhaitables. En attendant de découvrir la réelle qualité des productions programmées, qu'elles soient d'ici ou d'ailleurs, il s'agit pour tous les festivals de poursuivre leurs efforts et d'œuvrer afin que l'art et la culture soient un réel rempart contre l'obscurantisme et le terrorisme.