Sur la durée, un sélectionneur qui galvanise est mieux qu'un autre qui analyse. Dans le monde «merveilleux» des sélectionneurs qui se sont succédé ces derniers temps à la tête de l'équipe nationale, on était rarement convaincu des raisons des choix des uns et des autres. Leur impact était négligeable et leur rôle sonnait faux. Pas dans le ton, pas dans les matches. Pas bien dans leur peau aussi. Et trop tournés vers eux-même. Par où commencer aujourd'hui pour choisir l'entraîneur qui mérite vraiment la sélection? Au-delà des systèmes de jeu, des schémas offensifs ou défensifs susceptibles d'être mis en place et des associations à dessiner, deux sujets ne cessent de nous interpeller: 1-Les joueurs doivent respirer le même jeu, la même ligne de conduite. Le projet de jeu et les principes collectifs devraient aussi être identifiables, quels que soient les choix des hommes. 2-Leur utilisation et leur complémentarité (technique, physique, tactique) sont de nature à favoriser le registre de jeu le plus adéquat. Autre interrogation: De quoi aurait besoin la sélection dans sa version actuelle? Un entraîneur qui favorise le jeu défensif ou bien celui qui donne la priorité aux options offensives? D'un côté comme de l'autre, il y a beaucoup de facteurs à prendre en considération. Mais, de façon générale, nous dirons que la sélection aurait besoin aujourd'hui d'un entraîneur qui joue pour gagner et pas seulement pour plaire et satisfaire les différentes parties. La sélection doit être en effet bonne, aussi bien avec que sans ballon. Il faut dire qu'il y a des entraîneurs dont le travail est fondé aussi bien sur l'aspect technique de jeu que sur l'établissement des relations humaines avec les joueurs et le staff. C'est une question de complémentarité et jamais d'exclusion. Ils font jouer un football que les joueurs aiment pratiquer et que les gens aiment regarder. Cela nous rappelle l'épopée de l'Argentine, l'apport de Chetali, mais aussi le talent, l'étoffe et la classe des joueurs dans les différents postes dans lesquels ils étaient alignés. Dans un autre registre, la sélection de 1996 avait la virtuosité, l'aptitude et la capacité de forcer à sa manière la décision. Ici et là, nous pensons qu'il y a des entraîneurs qui ne sont pas seulement des stratèges et qui sont aussi capables d'insuffler à leurs joueurs une énergie débordante. Sur la durée d'une grande compétition, comme la coupe d'Afrique, un sélectionneur qui galvanise est mieux qu'un sélectionneur qui analyse. L'émergence d'une nouvelle ère La liste des entraîneurs, dont l'un d'eux devrait être choisi pour remplacer Leekens, se rétrécit d'un jour à l'autre. Il ne reste plus que deux noms avec des chances plus ou moins équilibrées. D'abord Henry Kasperczak, l'un des artisans de l'épopée de 1996 avec lequel la sélection a atteint la finale de la CAN en Afrique du Sud. Mais dont le parcours, deux ans après à la coupe du monde 1998 en France, a fini par compromettre tout ce qu'il avait entrepris auparavant. Le retour de Kasperczak en équipe nationale tunisienne n'est cependant pas aussi facile qu'on pourrait justement l'imaginer. La Côte d'Ivoire est entrée dans la course pour l'enrôler. Il fait justement partie d'une liste composée des trois entraîneurs avec lesquels les responsables ivoiriens sont en contacts avancés. Un autre nom fait partie aussi des priorités de la fédération tunisienne: René Girard qui a entraîné beaucoup de clubs français, tels que Montpellier avec lequel il a remporté le championnat de France en 2012 et Lille, mais aussi les sélections nationales françaises olympiques, juniors et cadettes. Kasperczak dispose cependant de plus de chances. Mais une chose est sûre: L'un de ces deux techniciens sera vraisemblablement le prochain sélectionneur de l'équipe de Tunisie. Sur le fond, on les voit capables de participer à l'émergence d'une nouvelle ère après un désarroi à la fois inévitable et injustifiable dans une équipe dans laquelle le réflexe a remplacé pendant de longues années la réflexion. L'un et l'autre se définissent comme des «hommes de résultat» plus que comme entraîneur. D'une épreuve à l'autre, d'une histoire à l'autre, ils ont réussi à imprégner des principes de base au sein de la plupart des équipes qu'ils avaient entraînées, des certitudes de toujours, qui marquent une personnalité, un style.