Par Abdelhamid Gmati Le terrorisme a frappé à Aïn-Defla en Algérie, vendredi dernier, faisant plusieurs morts et blessés dans les rangs des soldats algériens. La Turquie, accusée de favoriser le passage des recrues jihadistes en Syrie, n'a pas été épargnée et a subi un attentat-suicide dans la ville de Suruç, près de la frontière syrienne. De son côté, l'Arabie Saoudite a procédé à l'arrestation de 431 terroristes saoudiens, enrôlés par Daech et qui projetaient de commettre des attentats sur son territoire. Selon le quotidien britannique Daily Mirror, l'Etat islamique possède désormais son premier bastion sur le sol européen, en Bosnie plus précisément. Le groupe jihadiste acquiert en ce moment, et de manière secrète, des propriétés dans un village situé à 100 km de Sarajevo. Objectif : établir un camp d'entraînement en Occident. Un rapport d'une organisation internationale a décompté 156 hommes et 36 femmes bosniaques engagés dans les combats en Syrie sur la période 2013-2014. 48 d'entre eux sont retournés chez eux en janvier 2015. Dans le Caucase russe, l'ensemble de la rébellion islamiste dans cette région a officialisé son ralliement à Daech. On estimait à 2.000 les citoyens du Caucase qui combattent auprès de l'Etat islamique. Visiblement, Daech poursuit son expansion par le biais de ralliements de groupes jihadistes, actifs dans divers pays. Aujourd'hui, tous les pays sont menacés par le terrorisme. Les ralliements et les recrutements se font de différentes manières, par le biais des réseaux sociaux, des lieux de culte et par les promesses de récompenses morales, religieuses et financières (3 à 4 000 dollars pour chaque recrue). Les groupes qui se rallient à Daech espèrent des soutiens financiers et en armement. Là, certaines choses doivent être clarifiées. D'où vient cet argent qui coule à flots dans les caisses de cette nébuleuse islamique ? Certains estiment que Daech profite des revenus du pétrole qui se trouve dans les régions qu'il exploite. Mais il y a aussi et surtout l'apport de pays qui ont contribué à la création de ce groupe de jihadistes. Quant à l'armement, il est établi que le monde croule sous les armes, aujourd'hui. Un rapport du « Small Arms Survey: Weapons and the World » établit que le montant global des ventes d'armes personnelles a presque doublé entre 2001 et 2011. Depuis, il a continué d'augmenter, avec 5 milliards de dollars échangés sur ce marché en 2012. L'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri) relève que les exportations d'armes dans le monde ont augmenté de 16% pendant la période 2010-2014 par rapport à 2005-2009, avec une progression de 23% pour les Etats-Unis, toujours en tête des marchands d'armes, et de 31% pour la Russie. Mais, surtout, on note la poussée des exportations chinoises qui, d'une période à l'autre, ont augmenté de 143% et placent ainsi la Chine au troisième rang des puissances exportatrices d'armement sur les cinq années en question. On souligne que les Etats du Golfe et l'Asie font partie des plus gros pourvoyeurs de commandes. Un expert français estime que « les armes personnelles, les revolvers, les pistolets automatiques, les fusils, carabines, pistolets mitrailleurs, les fusils d'assaut et les fusils mitrailleurs, sont des armes faciles à transporter et constituent le gros de l'armement utilisé par les mouvements jihadistes à travers le monde. Equipez un groupe de combattants aguerris de fusils d'assaut, de quelques fusils mitrailleurs et de pick-up et vous vous retrouvez à coup sûr avec une belle force de guérilla ». De nombreux Etats continuent à fournir des armes aux acquéreurs malgré le risque, de plus en plus grand, de les voir utilisées à des fins...détournées. L'expansion de Daech fait prendre conscience de la nécessité d'agir avant que le mal ne soit irréversible et n'engendre des conflits aux conséquences imprévisibles. Un général français, exposant la portée du terrorisme, en arrive à l'affirmation qu'il faut détruite Daech : « Daech delenda est », dit il reprenant la fameuse réplique de Caton l'Ancien, visant Carthage. Mais si tout le monde est d'accord sur cette nécessité, comment se fait-il que la coalition internationale, qui dispose de gros moyens, ne vienne pas à bout de ce groupe de 30 à 40 000 combattants ? C'est que plusieurs pays, dont ceux qui ont contribué à créer ce monstre terroriste, poursuivent leurs calculs géostratégiques, leurs intérêts économiques, visant à établir leur hégémonie sur le monde arabe et sur d'autres régions. Il faut en être conscient et toutes les déclarations lénifiantes de condamnation du terrorisme n'y changeront rien. La preuve ? Toutes les promesses, non tenues, de soutien à la lutte contre le terrorisme.