Les importations tunisiennes de textile-habillement des marchés turc et chinois ont augmenté respectivement de 3,5% à 238 MD et de 1,2% à 160 MD «Notre objectif est de porter l'offre tunisienne de textile-habillement sur le marché local de 10 à 50%, pour qu'elle soit sur un pied d'égalité avec l'offre étrangère, et ce, à travers l'élimination du marché parallèle, l'organisation du marché de la friperie et la régularisation du marché de l'importation», c'est ce qu'a annoncé Belhassen Gherab, président de la Fédération nationale du textile (Fenatex), dans un entretien accordé à l'agence TAP. «Le marché local du textile qui ne cesse de subir des pertes, depuis une vingtaine d'années, à cause du marché parallèle, voit aujourd'hui sa situation se détériorer de plus en plus, notamment ces 4 dernières années. Malheureusement, la situation n'a jamais pu se rétablir», a-t-il précisé. «En outre, le marché local est affecté par les importations de produits textiles qui demeurent problématiques, notamment celles provenant de Turquie et de Chine, deux pays avec lesquels la Tunisie affiche un bilan des échanges totalement déficitaire, puisqu'on achète de ces deux pays, sans rien exporter dans ce domaine». C'est ainsi que les importations tunisiennes de TH des marchés turc et chinois ont augmenté respectivement de 3,5% à 238 MD et de 1,2% à 160 MD. D'après le responsable, la perte du secteur du textile-habillement est perceptible tant sur le marché local que sur celui de l'export. Après plus de 4 ans de manque de visibilité, à la suite de la révolution (17 décembre 2010-14 janvier 2011), le secteur du textile-habillement est aujourd'hui l'un des secteurs les plus touchés de l'industrie tunisienne. Il a perdu, au cours de cette période, 300 entreprises employant 30 mille personnes sur un ensemble de 200 mille emplois existants. «Si on continue à importer l'habillement, la société tunisienne va devenir une société de consommation et non plus de production... alors que si on encourage la production tunisienne, on pourrait créer quelques milliers d'emplois supplémentaires dans le secteur», a-t-il relevé. La baisse de la consommation de TH qu'il a qualifiée de flagrante est «due à une perte du pouvoir d'achat du consommateur, en raison de la cherté de la vie et d'une inflation galopante, avec des salaires stagnants qui ne sont pas en train d'augmenter au même rythme que la hausse des prix». «Auparavant le consommateur tunisien consacrait 30% de son budget à l'habillement alors qu'aujourd'hui, avec le changement du mode de vie et l'introduction de nouvelles habitudes de consommation, il répartit le même budget entre l'habillement et de nouveaux besoins tels que les nouvelles technologies (PC, téléphones portables), loisirs..». Recul du marché de l'export Durant les 6 premiers mois 2015, les importations nationales du secteur TH ont baissé de 2,98%, par rapport à la même période de 2014, s'établissant à 1.967,059 MD, alors que les importations de vêtements ont augmenté de 1,28%, à 396,299 MD. D'un autre côté, les exportations du textile-habillement ont régressé de 6,94%, à 2 616,946 MD. S'agissant des exportations de vêtements qui constituent 85% des exportations de TH, elles ont marqué un repli de 8,19%, à 2 215,656 MD. La baisse sera de l'ordre de 10% pour toute l'année 2015, selon les estimations de la Fenatex. «Cette régression résulte de la crise que vivent nos marchés traditionnels, essentiellement français et italien, lesquels ont vu leur consommation de TH baisser, ce qui explique la réduction de leurs achats de la Tunisie». Du 1er janvier au 30 juin 2015, les exportations sur les marchés français et italien ont diminué respectivement de 4,4%, à 935 MD, et de 4,8%, à 695 MD. Le repli des exportations est également fort pour les marchés portugais avec un recul de 33%, à 10 MD, anglais, soit une diminution de 14,8%, à 104 MD, et allemand qui a baissé de 9,4%, à 284 MD. «L'activité du textile-habillement est un métier de partenariat alors qu'aujourd'hui on observe une réticence des donneurs d'ordre à venir en Tunisie, en raison des problèmes d'instabilité et d'insécurité dans le pays. D'ailleurs, beaucoup de pays ont transféré leurs commandes destinées initialement à la Tunisie vers d'autres destinations, telles que la Turquie et le Maroc». Le gouvernement s'y met Le président de la Fenatex a fait savoir que «le gouvernement a promis à la fédération de tenir un conseil ministériel pour examiner le dossier du textile-habillement en Tunisie. Actuellement, les professionnels du secteur sont en train de préparer avec les ministères de l'Industrie, du Commerce, de la Formation professionnelle et des Finances des propositions qui permettront de sortir le secteur de sa crise». Il s'agit d'une série de propositions qui concernent à la fois le marché local et celui de l'export, dont principalement l'annulation des droits de douane sur l'importation des matières premières et des équipements et la mise en place de lignes de crédit dédiées au secteur, qui seront allouées à l'investissement et à la restructuration financière des sociétés qui ne peuvent pas obtenir de crédits. Les professionnels ont également proposé de réduire de 30 à 0% les droits de douane appliqués lors de l'importation d'articles fabriqués en Tunisie et exportés à l'étranger, pour encourager la production nationale, surtout qu'aujourd'hui les sociétés préfèrent importer les produits turcs, égyptiens et marocains, au détriment du produit tunisien. En outre, ils réclament la mise en place d'un mécanisme permettant aux sociétés spécialisées en textile-habillement de bénéficier d'un crédit d'impôt sur les trois prochaines années pour rendre le produit tunisien plus compétitif. «Il est nécessaire que ces mesures soient accompagnées d'une campagne de sensibilisation ayant pour objectifs d'améliorer l'image du secteur à l'étranger et de passer un message fort au Tunisien pour l'inciter à consommer tunisien», a-t-il conclu.