Bonne nouvelle pour Engie. Le groupe est parvenu à un accord avec le gouvernement belge sur la prolongation de deux réacteurs nucléaires exploités dans le pays par sa filiale Electrabel. La prolongation de dix ans de la durée de vie des unités Doel 1 et Doel 2, de quarante à cinquante ans, avait été actée en décembre dernier par Bruxelles, soucieux d'éviter toute pénurie d'électricité. Il restait encore à se mettre d'accord avec Electrabel, qui devra investir 700 millions d'euros pour assurer cette prolongation jusqu'en 2025, date à laquelle le pays devrait fermer toutes ses centrales, en vertu du calendrier de sortie du nucléaire décidé en 2003. « L'accord qui vient d'être trouvé [...] et la mise en place d'un système juste et fiable pour la contribution fiscale, mettent un terme aux incertitudes sur le sujet », s'est félicité Gérard Mestrallet, le PDG d'Engie, dans un communiqué sur les résultats semestriels du groupe. Dans les faits, cet accord semble surtout favorable au groupe français. Celui-ci souhaitait notamment que la contribution nucléaire, une taxe prélevée par l'Etat belge sur les exploitants de centrales (Electrabel et Luminus, une filiale d'EDF), soit revue à la baisse. Une taxe jugée trop élevée, qui a coûté 407 millions d'euros l'an dernier au groupe. Taxation revue à la baisse Sur la base d'un rapport du régulateur de l'énergie belge, il a été décidé que cette taxe serait finalement réduite pour Electrabel à 200 millions d'euros en 2015 et 130 millions en 2016. A compter de 2017, elle sera calculée selon une formule tenant compte de l'évolution des coûts, du volume de production et du prix de l'électricité. Le bénéfice d'exploitation des centrales sera alors taxé à hauteur de 40 %. En contrepartie de la prolongation de Doel 1 et Doel 2, Electrabel devra en outre s'acquitter d'une redevance annuelle de 20 millions d'euros par an, à compter de 2016. Cet accord est crucial pour Engie, car il redonne des couleurs au nucléaire belge, qui peinait depuis quelques années à trouver son équilibre financier. Au point que les dirigeants d'Electrabel avaient menacé, il y a un an, « d'analyser toutes les options concernant le futur des activités nucléaires en Belgique » du groupe. Doel 1, qui était fermé depuis le 15 février, jour de son quarantième anniversaire, va pouvoir redémarrer cet automne. Sans accord, Doel 2 aurait été fermé en décembre. Engie avait déjà négocié l'an dernier la prolongation d'un autre réacteur, Tihange 1, jusqu'en 2025. Mais deux autres réacteurs, Doel 3 et Tihange 2, sont toujours arrêtés pour des contrôles sur les cuves, coûtant à Engie 40 millions d'euros d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) par mois. Le nucléaire belge a contribué à la forte baisse des résultats semestriels du groupe, qui a annoncé mercredi un recul de 56 % de son bénéfice net (et de 5 % de son Ebitda). Ce recul s'explique également par la chute des prix du pétrole, qui a affecté l'activité GNL (gaz naturel liquéfié) d'Engie. Le groupe a néanmoins confirmé ses objectifs sur l'année, d'un résultat net récurrent compris entre 2,85 et 3,15 milliards d'euros.