D'importantes quantités de lait détérioré sont déversées dans la nature à cause de l'incapacité des centrales laitières à absorber l'abondante production Chaque année, à pareille saison, le lait, aliment de base, se retrouve au cœur d'une polémique entre les producteurs, les collecteurs et les centrales laitières, en raison d'une production qui dépasse les capacités d'absorption et de transformation de ces dernières. Il en a résulté, à chaque fois, la détérioration de la qualité de milliers de litres de lait qui sont au final déversés dans la nature, et par conséquent perdus aussi bien pour les collecteurs que pour l'ensemble des consommateurs. Cette polémique tourne au drame à chaque fois que des quantités importantes de lait sont jetées dans la nature, au moment où des familles tunisiennes peinent à s'approvisionner en ce produit alimentaire de base, et après que des agriculteurs et des éleveurs eurent lourdement investi dans cette filière industrielle, économique et commerciale. Dramatique, également, car d'une année à l'autre les problèmes s'accumulent et les solutions radicales tardent à venir. Fermeture des centres de collecte dans 5 gouvernorats Cette fois, la Chambre nationale des centres de collecte de lait, relevant de l'Utica, a décidé la fermeture pendant 3 jours (du 7 au 9 août) des centres de collecte du lait dans cinq gouvernorats, celui de Béja, Jendouba, Bizerte, Le Kef et La Manouba, en réaction aux pertes subies. Cette décision, annoncée dans un communiqué de la chambre publié lundi dernier, intervient en raison de la crise qui frappe le secteur laitier. Celle-ci est engendrée par les pressions exercées par les centrales laitières sur les centres de collecte pour qu'ils réduisent les quantités collectées et acheminées vers les centrales, ce qui entraîne des pertes importantes pour les agriculteurs et les propriétaires de ces centres, a précisé un responsable du centre. Les pressions exercées par les centrales se traduisent notamment à travers les longues heures d'attente observées par les collecteurs devant leurs portails et qui dépassent parfois 30 heures, provoquant la détérioration de la qualité du lait, surtout avec la hausse des températures, a déclaré le président de la chambre Saadallah Khalfaoui, au correspondant de l'Agence TAP, à Jendouba. Il a ajouté que ces longues heures d'attente ont causé des pertes allant jusqu'à 200 mille litres/jour, qui ont été déversées dans les oueds. A noter que les quantités collectées par les cinq centres qui seront fermés sont de l'ordre de 970 mille litres par jour ainsi réparties: Bizerte (320 mille litres), Jendouba (300 mille litres), Béja (250 mille litres), Le Kef (50 mille litres) et La Manouba (50 mille litres). Saâdallah Khalfaoui a également tenu à faire remarquer que les parties concernées n'ont pas exprimé la volonté de résoudre les problèmes liés à cette affaire. Reprise de l'activité de séchage du lait Hier, mardi, ce fut au ministère de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, de réagir en annonçant dans un communiqué la reprise de l'activité de l'unité de séchage du lait, suite à l'augmentation des stocks de lait frais au niveau des centrales laitières. Le département de l'industrie a précisé que le séchage est un mécanisme essentiel de régulation de la filière au même titre que le stockage ou l'exportation. Et de préciser que cette décision a été prise en concertation avec tous les intervenants dans le secteur du lait, administration et professionnels, pour assurer l'équilibre de la filière du lait, explique la même source. Ce qui devrait permettre de sauver les intérêts de toutes les parties.