La deuxième rencontre au sommet, qui aura lieu le 7 septembre au Palais de Carthage, donnera sûrement le ton de la rentrée, notamment en ce qui concerne la colère des instituteurs et le projet de loi relatif à la réconciliation économique Peut-on parler encore de rentrée politique ou parlementaire quand on observe les événements qui ont secoué la scène nationale en ce mois d'août qui tire à sa fin sans que le ciel ne s'éclaircisse et sans que les Tunisiens ne sachent sur quel pied danse notre élite politique et civile (au pouvoir et dans l'opposition) ? La petite éclaircie apparue lors de la rencontre du quintette le 18 août au Palais de Carthage sous la présidence du chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi a été très brève, trop brève même, peut-on affirmer. Samedi 22 août, soit moins d'une semaine après le sommet de Carthage, les instituteurs décident, lors de la réunion de la commission administrative de l'enseignement de base, d'entrer en grève les 17 et 18 septembre prochain et d'organiser la journée de la colère des enseignants du primaire le 11 du même mois, alors que la journée du 8 septembre, soit le jour suivant la prochaine rencontre du quintette (le 7 septembre, comme convenu le 18 août), des manifestations de protestation seront organisées devant toutes les délégations de l'enseignement à travers l'ensemble du pays. En plus clair, les instituteurs assureront la rentrée scolaire 2015-2016 le 15 septembre prochain et exerceront la journée suivante, soit le 16 septembre, et à partir du 17, ils vont débrayer, soit deux jours, et les salles de classe sonneront vides en attendant que Néji Jalloul, ministre de l'Education, satisfasse leurs revendications. Quant aux enseignants du secondaire, on attend encore ce qu'ils vont décider : retourneront-ils à leurs lycées le 15 septembre prochain ou vont-ils opter pour la surenchère à l'instar de leurs collègues instituteurs dans le but d'imposer que leurs demandes soient satisfaites par le ministère de l'Education : participation à la réorganisation des cours particuliers que le ministère de l'Education cherche à résoudre définitivement, annulation du bonus des 20% lors de l'examen du baccalauréat et annulation (le gouvernement parle d'ajournement) des prélèvements (20 jours) qui seront opérés sur les salaires des directeurs des collèges secondaires. La question que se posent les citoyens, plus particulièrement les parents qui ne savent plus à quel saint se vouer, est la suivante : qui peut encore raisonner les instituteurs et les enseignants du secondaire. «Et le saint qu'on cherche à dénicher n'est sûrement pas, pensent beaucoup d'observateurs, Hassine Abassi, le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), qui peine manifestement à calmer les ardeurs de ses troupes. Et ses problèmes vont continuer avec la polémique née entre le ministère de l'Enseignement supérieur et la chambre syndicale des universités privées, polémique dans laquelle s'est immiscé le Syndicat général de l'enseignement supérieur qui a décidé, selon les déclarations des promoteurs des établissements de l'enseignement privé, de soutenir les thèses du ministre Chiheb Bouden, décidé à imposer sa réforme». Sous le signe de la divergence Au palais du Bardo où les vacances n'ont pas dépassé 10 jours, les députés se préparent à une rentrée très chaude dans la mesure où les représentants du peuple sont appelés à adopter d'ici la mi-septembre prochain le projet de loi sur la réconciliation économique proposé par le chef de l'Etat. Mais avant de parvenir à la séance plénière pour que les députés l'examinent, l'amendent et l'adoptent, il faut bien qu'il passe devant trois commissions parlementaires : la commission de législation générale, la commission des finances et la commission des droits et des libertés. Et c'est au niveau de ces commissions qu'il y a problème dans la mesure où des membres de certaines commissions menacent de tout faire pour torpiller le passage du projet de loi devant les membres de ces mêmes commissions. L'un des députés opposés au projet de loi (Front populaire) précise : «Nous userons de tous les procédés qui nous sont permis pour faire en sorte que les commissions parlementaires ne puissent pas se réunir et examiner le projet de loi afin d'établir leurs rapports et les soumettre à la séance plénière». La déclaration du député frontiste est en harmonie avec les mouvements de protestation que les députés refusant le projet de loi comptent mener. «Et même si nous ne sommes pas parvenus à collecter les 30 signatures nécessaires à la soumission d'une opposition au projet de loi auprès de l'instance provisoire de la constitutionnalité des projets de loi et même si nous savons d'avance que le projet sera adopté du fait que les députés nidaistes et nahdhaouis vont le voter, nous poursuivrons notre mouvement de protestation et nous ne nous tairons jamais face à cette loi que nous considérons comme anticonstitutionnelle», clament les députés opposés au projet de loi. La campagne d'opposition à la loi de la réconciliation économique ne se limite pas aux députés de l'opposition «très divisée» puisque l'Instance vérité et dignité, présidée par Sihem Ben Sedrine, plus que jamais attachée à son instance, met les bouchées doubles pour ameuter la société civile, les défenseurs des droits de l'Homme et les associations spécialisées nationales et internationales et les réunir le 2 septembre prochain dans un colloque «qui mettra à nu les visées du projet présidentiel sur la réconciliation économique qui n'est, en fait, qu'une opération de blanchiment de la corruption et de la malversation». On attend le 7 septembre Dans la foulée des événements ayant marqué le mois d'août ou ceux qui sont attendus au cours des jours à venir, les Tunisiens ne sont pas encore édifiés sur le contenu du Congrès national contre le terrorisme prévu pour la mi-septembre prochain. Jusqu'ici, ce sont les membres de la coordination des partis au pouvoir qui s'en occupent, se contentant de fournir dans leurs déclarations des informations lapidaires et ayant le sentiment que les spécialistes ou les associations de la société civile ne sont pas encore concernés. En tout état de cause, l'on reste suspendu à la deuxième rencontre du quintette programmée le 7 septembre prochain. D'ici cette date, bien des événements se produiront dans un sens ou dans l'autre et la donne prévalant le 18 août pourrait changer de fond en comble.