La reconversion espérantiste devrait se traduire par des façons d'être, de faire et de penser différentes... Toute porte de sortie est une porte d'entrée sur autre chose. Il est évident que pour un club comme l'Espérance, les grandes douleurs amènent les grands changements. L'équipe « sang et or » est prête aujourd'hui à la grande métamorphose. Il en est grand temps, sommes-nous tentés d'affirmer. Mais encore faut-il en avoir les moyens, et surtout les ressources mentales pour le faire. Il faut dire qu'elle a perdu jusque-là beaucoup de choses, mais jamais les valeurs et les acquis de tant d'années de travail et d'accomplissement. Les temps ont certainement changé. L'EST n'est plus la même équipe. Ses joueurs, du moins une bonne majorité, aussi. Ils n'ont plus le même rayonnement, et encore moins les qualités requises pour s'imposer. Mais elle reste sensiblement une équipe toujours faite non seulement pour chercher les victoires, mais aussi et surtout pour les créer. On le sait déjà. En football, les matches et les épreuves ne sont pas gagnés uniquement par les plus forts, ni par les plus avertis, mais par ceux qui n'abandonnent jamais. Quel que soit le contexte, la vérité de demain se nourrit de l'erreur d'hier. Et l'Espérance est plus que jamais appelée aujourd'hui à retenir la leçon du passé. D'abord, il est impérativement recommandé de n'ouvrir les portes du club qu'à ceux qui le méritent vraiment. L'équipe a déjà beaucoup souffert des recrutements inappropriés et rarement ciblés. La responsabilité des dirigeants de ce temps-là, ou plus précisément d'un responsable en particulier, aujourd'hui parti, est fortement engagée. Nous avons vu des joueurs débarquer à l'Espérance alors qu'ils n'avaient ni le profil ni la vocation. Aujourd'hui, on s'attelle par tous les moyens à y remédier. On a fait appel aussi aux responsables susceptibles de remettre les choses à leur place. Leur présence est non seulement souhaitée, mais elle est également réconfortante à plus d'un titre. Après les contacts engagés avec Djabou, c'est au tour de Mohamed Ali Moncer de constituer le grand coup qui pourrait être réalisé par le club. Ce dernier est en pourparlers avancés avec les dirigeants espérantistes. Plus encore, les responsables sfaxiens ne sont pas en mesure de s'y opposer, dans la mesure où le CSS devrait profiter de ce transfert avant l'expiration du contrat de leur joueur prévue, du reste, pour le 30 juin 2016. Date à laquelle il sera justement libre. Il faut dire cependant que le joueur sfaxien n'intéresse pas seulement l'EST. Le CA est également entré dans la course. Un club chinois, Hangzhou, qui a offert 600 mille dollars, est aussi intéressé. Mais de sources proches du joueur, l'on apprend que ce dernier semble donner la priorité à l'EST. Non seulement pour des raisons personnelles, mais aussi sportives, et même financières. Echapper à la médiocrité Le transfert de Moncer peut donner le plus à l'équipe espérantiste, notamment sur le plan offensif. Echapper à la médiocrité? Tel est aujourd'hui l'objectif primordial des «Sang et Or» et de leur nouvel entraîneur Ammar Souayah. Par la réforme? Par l'action? Par la présence? Tout simplement par l'existence... Je me révolte, donc je suis. Comme tout entraîneur qui débarque pour la première fois dans un grand club, Souyah n'a rien promis de concret, mais il fera tout pour révolutionner son équipe. Connu pour ses choix et formules d'attaque, il sait parfaitement que le jeu offensif n'apportera pas toujours beaucoup de résultats, mais il en apportera sûrement les bons. Oser changer de tactique, trouver enfin la voie, il s'agit en fait de défendre une approche centrée sur les trajectoires à la fois individuelles et collectives de l'équipe. Son objectif est justement de saisir le sens de la rupture non pas au temps T, mais comme un processus dont il est possible de retracer les différentes étapes et conditions émergentes de jeu. Cette approche suppose aussi de ne pas en rester à la seule sphère du comportement et du rendement ordinaires et passifs, mais de comprendre le sens du changement au regard des nouvelles contraintes et obligations de l'équipe. La reconversion espérantiste devrait se traduire par des façons d'être, de faire et de penser différentes ? Là encore, Souayah préconise une variété de configurations techniques dans lesquelles les joueurs sauront s'épanouir. Si pour certains entraîneurs, il est pour ainsi dire urgent de changer pour changer, pour lui, le changement rime avec évolution et reconversion. Tout en étant conscient du fait que ce n'est pas le jeu qui fait les victoires, mais c'est tout particulièrement l'usage que l'on en fait. Il ne devrait pas, pour autant, oublier que tout ce qui sera entrepris dans un grand club comme l'EST ne prend que quelques secondes pour faire entrer la joie au cœur du public, mais aussi autant qu'un geste pour lui détruire toute cette joie. La réussite entraîne la réussite, et l'échec entraîne l'échec, la manière dont une équipe assume ses prestations et son rendement sur le terrain affecte ses efforts et ses performances futures. Un niveau d'assurance est, aujourd'hui, souhaité à l'Espérance...