Par Abdel Aziz HALI Les Libanais et les Malaisiens en ont marre de leur classe politique comme en témoignent les deux manifestations monstres organisées, avant-hier et hier, respectivement à Beyrouth et Kuala Lumpur. Si le mouvement citoyen «Vous puez» au pays du Cèdre a exprimé son ras-le-bol vis-à-vis la corruption et la paralysie des institutions face à la crise des déchets ménagers tout en réclamant la tenue d'élections législatives anticipées, à Kuala Lumpur, le mouvement de la société civile «Bersih», dans l'une des plus importantes mobilisations depuis des décennies, a poussé le bouchon un peu plus loin en demandant la démission du Premier ministre, Najib Razak, soupçonné de détournements de fonds. Ce qui interpelle le plus dans ces deux actions citoyennes est le degré de civisme des participants à ces deux rassemblements de masse et surtout le bon encadrement des organisateurs de ces deux manifs en minimisant au maximum les scènes de violence avec les forces de l'ordre. En effet, contrairement à d'autres peuples, les Libanais et les Malaisiens ont attendu le week-end pour organiser une mobilisation contre le pouvoir et exercer une pression sur la classe politique jugée «corrompue». En Tunisie, par exemple, depuis le 14 janvier 2011, les manifs, les grèves et les sit-in se font souvent d'une manière sauvage, sans préavis et la plupart du temps au cours de la semaine pour paralyser l'économie et causer le maximun de dégâts: après moi, le déluge! Dans l'autre bout du monde, au Népal plus précisément, lundi dernier, huit policiers ont été tués, dans l'ouest du pays lors de heurts avec des manifestants opposés au projet de Constitution, qui ont attaqué les forces de l'ordre avec des couteaux, des haches et des lances. Sans commentaire! En revanche, chez les peuples civilisés, les mouvements contestataires se font en fin de semaine ou les jours fériés pour drainer le maximum de participants et éviter tout immobilisme administratif et économique. Manifestement, il ne suffit pas de changer un régime par un autre ou d'élire des institutions pour espérer une vie meilleure, mais plutôt d'agir au quotidien en tant que citoyen responsable car le civisme est la clef de tout progrès. Les régimes et les dictatures sont éphémères, mais le pays est éternel.