Des boîtes à idées novatrices présentant des solutions réalistes à même de répondre aux différents problèmes de l'économie nationale Une perle repêchée des profondeurs marines pour être perdue sur les côtes d'un pays sous-développé qui n'a guère peiné à la retrouver : telle est, vraisemblablement, l'image de la technopole de Borj Cédria (TBC), un vivier technologique à haute valeur ajoutée, retranché dans la banlieue sud de la capitale. Loin des regards de l'Etat providence qui aurait dû lui redorer son blason, ce temple du savoir et de la recherche est, aujourd'hui, livré à lui-même. Pourtant, il existe depuis une trentaine d'années sous son nom d'antan : « Centre de Borj Cédria » qui fut inauguré en avril 1984. Couvrant près de 90 hectares, la TBC est bâtie sur un terrain fertile, mais sans avoir porté tous ses fruits. Sauf qu'un trésor de brevets d'innovation et de vraies boîtes à idées risquerait, s'il n'est jamais exploité à bon escient, de disparaître. Alors que des solutions bien faites pour autant de problématiques nationales sont toujours là, enfouies dans les tiroirs d'une bureaucratie encore stérile. C'est que notre politique de recherche et de développement, dont on a trop parlé au fil du temps, semble n'avoir marqué aucun point à ce niveau. Rien, de même, n'a été réalisé sur le plan des avancées économiques. En témoignent les multiples modèles de développement dont les contrecoups stratégiques sont, jusqu'alors, bien visibles sur le paysage du nord-ouest du pays et ses flancs du centre et du sud. Autant dire, quel est l'apport d'un tel pôle au potentiel riche en compétences et savoir-faire reconnus, si les choses n'ont pas évolué et si les problèmes liés au développement durable persistent encore ? Potentiel en quête de promotion Quelque 400 chercheurs sont, d'ailleurs, sur place auxquels se joint, en toute complémentarité, un effectif important d'universitaires, dispensant une formation professionnalisante assez poussée. Cette belle cohabitation dans un espace industriel fait ainsi bon ménage. L'on y trouve, alors, trois institutions d'enseignement supérieur présentant une palette de choix en filières de haute technicité : institut supérieur des sciences et technologies de l'environnement, école nationale des sciences et technologies avancées et institut supérieur des technologies de l'information et de la communication. Autour d'eux, gravitent quatre centres de recherche et développement spécialisés en matière d'énergie, de biotechnologie végétale, d'eau et de matériaux. Thèses ou mastères, cinq mille étudiants environ y trouvent ainsi leur compte. Quand le théorique s'associe à la pratique, l'économique en tire profit. Cela signifie qu'une dynamique tripartite doit créer une certaine symbiose, voire un partenariat gagnant-gagnant. Et c'est ce qui a été fait, en réalité, mais cela n'est pas très satisfaisant. Un parterre d'intervenants le prouve, au cours d'une journée de promotion de l'Ecopark de Borj Cédria. Une première rencontre avec les médias pour les sensibiliser à son patrimoine, son potentiel et aux services divers qu'il propose à ses clients, à ses promoteurs et à ses start-up. Bref, pour lui, une nouvelle brèche lui a été ouverte sur son environnement immédiat. C'est pourquoi il a été décidé d'organiser, à partir de septembre 2016, « Les journées de recherche et développement de l'Ecopark », sous le signe « l'innovation intégrée ». Un rendez-vous d'envergure qui s'érige, désormais, en une tradition annuelle. Des idées novatrices, mais.. Cependant, une stratégie de communication qui manque pour se faire vendre. C'est là aussi une vérité que le PDG de la société de gestion de la Technopole de Borj Cédria (SGTBC), M. Mohamed Nejib Mansouri, tient à confirmer, sans ambages. Autre maillon manquant, les ressources financières. Cet espace de développement et d'innovation à forte valeur technologique se gère, avoue-t-il, avec un budget réduit ne dépassant pas 320 mille dinars ! Une autre vérité qui dérange ! Pour qui sonne, alors, le glas ? Alors que les projets de recherche ne manquent guère d'idées novatrices dans des secteurs sensibles liés essentiellement à la dépollution, au traitement des eaux usées, aux énergies renouvelables (solaire et éolienne..), à la gestion des réserves hydriques, à la valorisation des déchets, à l'exploitation des matières, et bien d'autres créneaux porteurs. Autant de thématiques mises à l'épreuve des tests et analyses scientifiques et qui ont fait l'objet de contrats-programmes à durée déterminée conclus au service du développement durable. Peu à peu, ce mode de partenariat a pris de l'ampleur, en relation avec nos entreprises publiques (Steg, Etap...), des départements ministériels à caractère agricole, industriel, universitaire, ou aussi à travers des marchés engagés à grande échelle (France, Suisse, Maroc, Algérie...). Chercheurs et universitaires s'alignent sur une même ambition : faire de ce parc technologique un phare rayonnant au niveau aussi bien national qu'international. La pépinière des promoteurs intra muros, la zone industrielle implantée sur place ou celle en voie d'aménagement à Bouargoub, basée à une vingtaine de km de Borj Cédria, pourraient s'investir mieux dans cette mission. Deux promoteurs ont pris la parole pour valoriser leurs expériences d'investissement menées dans le cadre de l'Ecopark, dont une relative à des procédés écologiques en matière d'agriculture, de gestion des rejets industriels et d'assainissement des milieux humides. L'autre ayant trait à la fertilisation des terres à base de matières organiques reconverties en sorte de compostage liquide intégré dans les conduites d'eau goutte-à-goutte. Une technique plus économe, avec moins de consommation d'engrais chimiques. Son promoteur, Youssef Kammoun, se présentant comme un pur produit de la technopole, a relevé un souci majeur, celui d'accéder à la commercialisation de son produit. Le groupe « Loukil », lancé depuis 1976, se dote, aujourd'hui, d'une expertise industrielle avancée qui en fait, au fil des ans, « le partenaire stratégique » de l'Ecopark. Autant d'exemples de coopération dans divers domaines, mais les difficultés de parcours existent toujours. Des solutions en suspens Avec les moyens du bord, la technopole de Borj Cédria propose, malgré tout, une offre adaptée aux besoins de l'industrie et de l'innovation. Une plateforme, à vrai dire, qui constitue la clé de voûte de l'œuvre de développement national. A défaut de motivations en tous genres, légion sont les projets de recherche finalisés qui restent, hélas, lettre morte. Les ministères de tutelle, ceux de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de l'Industrie, de l'Energie et des Mines sont appelés à agir en connaissance de cause. Comment se fait–il que nous ayons des solutions et qu'on tarde encore à les appliquer dans notre politique de développement régional ? Ironie du sort ou méconnaissance de nos capacités ?