La majorité des instituteurs et des institutrices ont fait grève. Les salles de classe étaient quasi vides dans la majorité des établissements primaires, hier. Appréhendant, cette année, les mouvements de grève dans le primaire, beaucoup de parents ont décidé d'inscrire leurs enfants dans des établissements primaires privés Alors que la rentrée scolaire a démarré, il y a trois jours, les établissements primaires étaient quasi vides, hier. Les écoliers se sont présentés tôt à leur école vêtus de leurs tabliers, mais ils ont dû rebrousser chemin et se rendre à la garderie, car leurs instituteurs ont refusé de faire cours. Ces derniers ont fini par mettre leur menace à exécution. Ils avaient promis de faire grève les 17 et 18 septembre en cas de non-satisfaction de toutes leurs revendications par le ministère de l'Education. La dernière réunion, qui s'est tenue avant-hier avec les membres du syndicat de l'enseignement de base, s'est soldée par un échec. Jugées excessives, les revendications des instituteurs ont été refusées par la présidence du gouvernement qui les a jugées difficiles à concrétiser, vu le climat économique défavorable actuel. A neuf heures du matin, les portes de l'école de la rue de Marseille étaient ouvertes, ce 17 septembre. La majorité des salles de classe étaient vides. Sur les seize instituteurs et institutrices qui ont l'habitude de faire cours le matin, seuls onze instituteurs et institutrices ont fait classe à leurs élèves. Plusieurs écoliers ont dû quitter l'établissement en milieu de matinée pour se rendre à la garderie. D'autres sont restés à poireauter devant l'école, discutant avec leurs camarades. Fadhila a pris un congé de son travail pour passer la rentrée scolaire avec son fils. Depuis le 15 septembre, c'est elle qui l'accompagne tous les jours à l'école et vient le chercher après les cours. Rencontrée, hier, devant l'établissement, la jeune mère est contente que son fils, inscrit en cinquième année de base, ait fait cours pendant la matinée. « Son institutrice a décidé de ne pas faire grève, a observé la jeune femme. Ils ont fait deux heures d'éveil scientifique et deux heures d'arabe. Je juge légitime que les institutrices et les instituteurs aient des revendications. Mais, il ne faut pas qu'ils prennent nos enfants en otage pour obtenir ce qu'ils veulent ». Désaccord autour du régime horaire D'autres parents sont venus s'enquérir s'il y avait cours l'après-midi. Une surveillante générale leur a expliqué qu'il fallait ramener leurs enfants l'après-midi car des instituteurs ont prévu de faire cours malgré la grève. Comme un grand nombre de ses collègues, le directeur de cet établissement primaire a décidé de ne pas prendre position en décidant d'ouvrir les portes de l'école aux élèves et en laissant le libre choix aux instituteurs et aux institutrices de faire ou de ne pas faire cours. Selon lui, deux principales revendications sont à l'origine de la colère des instituteurs et des institutrices : le passage de grade et la réduction des heures. Le ministère n'a pas tenu ses promesses sur ces deux points, ce qui a suscité l'indignation de milliers d'enseignants du primaire. Au premier étage de l'immeuble dans lequel se trouve le syndicat de l'enseignement de base, sis à la rue Haouas, les bureaux ne désemplissent pas. Plusieurs instituteurs et institutrices ont décidé de passer la matinée à la centrale syndicale pour débattre de leur situation avec des membres du syndicat. Ruée sur le privé Rencontrée sur place, une institutrice enseignant dans un établissement primaire de l'arrondissement de Sidi Hassine explique que les conditions de travail sont déplorables dans l'établissement dans lequel elle enseigne, ajoutant, par ailleurs, que ce ne sont pas seulement les revendications matérielles qui sont derrière la grève des instituteurs. « Certes, les classes ont été réparées mais on manque terriblement d'équipements. Je suis enseignante de sciences et je suis obligée d'amener mon propre matériel avec moi. Les conditions de travail doivent être améliorées ». Les portes de l'école primaire 16, rue de Russie étaient également ouvertes, hier. Devant l'établissement des parents attendent que leurs enfants sortent des cours. D'autres sont venus les récupérer car ils n'ont pas fait cours le matin. Vers midi, un parent d'élève pénètre l'établissement et demande à voir le directeur pour savoir s'il y a cours l'après-midi. Ici aussi, la majorité des instituteurs ont décidé de faire grève à cause de l'échec des négociations avec le ministère de l'Education et la présidence. Sur onze enseignants, un seul a décidé de faire classe au cours de la matinée. Le principal point de désaccord concerne la réduction du nombre des heures d'enseignement, suivant le grade. Bien que le nouveau régime horaire pour chaque grade a été publié dans le Journal officiel, le ministère n'a pourtant publié aucun arrêté d'application. « C'est ce qui a mis en fureur les enseignants, a affirmé le directeur de l'école primaire de la rue de Russie. Ces derniers enseignent sur la base de l'ancien régime horaire. Les heures supplémentaires seront comptabilisées pour chaque grade ». Dans les régions, la grève des instituteurs a également été observée. Après s'être rendu tôt le matin à leur école, les écoliers d'un établissement primaire à Fouchana ont fini par rentrer bredouilles. Appréhendant le début de cette rentrée scolaire, beaucoup de parents ont décidé d'inscrire cette année leurs enfants dans des établissements primaires privés. Une aubaine pour ces derniers, contents que le dicton « le malheur des uns fait le bonheur des autres » opère pour eux.