La résolution n°573 du Conseil de sécurité, qui stipule, entre autres, que «la Tunisie a droit à des réparations appropriées», est restée, jusqu'à aujourd'hui lettre morte Rien ne laissait deviner, hier à Hammam-Chatt, que l'on était la veille du 30e anniversaire de l'attaque aérienne israélienne meurtrière, lâche et perfide contre cette paisible banlieue sud de Tunis, qui abritait alors les quartiers généraux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Une attaque survenue le 1er octobre 1985 à partir de 10h00 et qui avait provoqué la mort de 50 Palestiniens et 18 Tunisiens ainsi qu'une centaine de blessés. Une double attaque menée, à un léger intervalle, par des F16 de l'aviation israélienne. Opération décidée au plus haut niveau par l'Etat sioniste et qui projetait d'éliminer le leader Yasser Arafat, chef de l'OLP. Chose qui n'a pas eu, heureusement, lieu. A part le drapeau national qui flottait hier matin le long du Boulevard des Martyrs et autour de la Place du même nom, rien ne semblait, en effet, annoncer une commémoration spéciale de l'événement. Les drapeaux palestiniens devaient sans doute flotter hier dès l'après-midi. Même le terrain, en front de mer qui abritait ledit QG, ne se distinguait d'aucun vulgaire terrain vague de la région. Pire, il croule désormais sous les ordures et les détritus, car partiellement clôturé. Et, chose curieuse, les vestiges de l'un des bâtiments du QG n'existent plus. Ils viennent d'être totalement rasés. A l'heure où nous mettions sous presse, rien n'a encore filtré, du moins à notre humble connaissance, sur un quelconque programme officiel de commémoration. Rien en tout cas sur place ne laissait hier matin prédire qu'une ou quelques manifestations sont prévues. Bon an mal an, Hammam-Chatt accueillait des délégations officielles bilatérales et leur visite était rehaussée parfois par la présence de M. Mahmoud Abbas, président de l'Etat de Palestine. Côté société civile, l'on ne ratait pas l'occasion pour organiser des rencontres autour de la lutte contre l'occupation sioniste de la Palestine et sur l'événement déjà cité. Un collectif de militants et d'intellectuels a projeté d'organiser, pour cette année, une manifestation dédiée à l'événement mais a dû la reporter au jeudi 8 octobre, à partir de 16h30, à la Maison de la culture Aly Ben Ayed à Hammam-Lif, en raison de l'indifférence de plusieurs instances normalement concernées par la commémoration de l'événement. Notre ami Amor Sbika, militant des droits de l'Homme depuis de longues années, poète et cinéaste amateur, qui a participé à l'époque aux actions ayant abouti à la sauvegarde de la mémoire des martyrs et qui est à la tête dudit collectif, a depuis la mi-septembre exprimé, plusieurs fois, son amertume suite à l'indifférence constatée des différentes composantes de la société civile pour l'événement. Le Centre Thâalbi-Abou Jihad, de son côté, n'a prévu que la publication d'un communiqué, la visite commentée des lieux de l'agression au profit d'un groupe de jeunes et la visite-hommage à la famille du martyr Mahjoub Jelleb, qui a donné sa vie ce jour-là, alors qu'il n'avait que 16 ans et qu'il n'avait jamais touché à une arme quel que soit son type. Cet organisme privé, indépendant et à but non lucratif dont le siège est à Hammam-Chatt, n'a en effet jamais cessé d'appeler à ériger sur les lieux du crime, resté impuni, un musée et à y transférer les dépouilles des martyrs inhumées dans un carré officiel au cimetière de Mellassine de Hammam-Lif. Rappelons que le gouvernement tunisien avait saisi le Conseil de sécurité de l'ONU, tout de suite après l'agression. L'instance onusienne avait alors adopté, trois jours après et suite à des discussions houleuses, la résolution n°573. Texte qui stipule, entre autres, que «(...) la Tunisie a droit à des réparations appropriées comme suite aux pertes en vies humaines et aux dégâts matériels dont elle a été victime et dont Israël est responsable». Dégâts dont le montant a été à l'époque évalué à quelque six millions de dollars US. Une résolution restée jusqu'à aujourd'hui lettre morte. Ce qui a poussé plusieurs partis, associations et autres réseaux à inciter les gouvernements successifs, depuis le 15 janvier 2011, à remettre la question sur la table du Conseil de sécurité.