La mobilisation sécuritraire à l'encontre des terroristes et des contrebandiers ne se relâche pas. Elle gagne plutôt en qualité. Après la mise au jour de cellules dormantes, avant qu'elles ne reçoivent les ordres pour agir, on a réussi à découvrir des voitures piégées destinées à exploser dans la capitale et dans d'autres villes du pays L'anniversaire du 11 septembre 2001, la marche contre la réconciliation économique du 12 septembre 2015, l'attaque du 14 septembre 2012 contre l'ambassade américaine et les longues vacances de l'Aïd El Idha coïncidant avec les derniers jours de septembre 2015 se sont finalement déroulés sous haute surveillance sécuritaire dans la mesure où nos forces de sécurité intérieure et de l'armée ont réussi à parer aux menaces des terroristes qui ont annoncé leur intention de mettre le pays à feu et à sang à l'occasion de ces mêmes dates. L'accalmie sécuritaire n'a pas empêché les forces de sécurité de débusquer de nombreuses cellules dormantes, en particulier dans les villes les plus exposées, et de coffrer des centaines de terroristes qui attendaient les ordres pour agir. Et la fin du mois de septembre dernier, précisément le mercredi 30 septembre, de nous réserver une surprise de taille. Il s'agit de la découverte d'une voiture piégée dans la zone tampon d'El Manzla près de la frontière tuniso-libyenne et de deux véhicules abandonnés dans la même zone bourrés de munitions et d'armes. Walid Louguini, porte-parole du ministère de l'Intérieur, parle «d'une opération sécuritaire qualitative qui est intervenue à la suite d'un long travail de renseignement montrant que les services de renseignements sont parvenus à détecter les mouvements des terroristes qui se préparaient à faire entrer les véhicules en question sur le sol national en vue de les amener par la suite dans les villes où des opérations terroristes allaient être organisées, selon les informations dont nous disposions déjà». «Heureusement que les forces de la Garde nationale se sont aperçues à temps des mouvements en question, en suivant de près ce que les contrebandiers projetaient de faire». Selon le ministère de la Défense, les équipes de génie militaire ont réussi à désactiver le dispositif explosif placé à l'intérieur du véhicule piégé. Les agents de la Garde nationale à l'assaut des contrebandiers Mais où en sont les investigations effectuées jusqu'ici ? Du côté du ministère de la Défense, on se contente du communiqué publié par l'agence TAP avançant le secret de l'enquête. Cependant, on peut affirmer, selon certaines sources proches des enquêteurs, que «des échanges de tirs se sont produits entre les agents de la Garde nationale et deux groupes, l'un composé de contrebandiers et l'autre constitué de terroristes. La confrontation s'est soldée par la fuite des contrebandiers et des terroristes qui ont abandonné dans leur fuite les véhicules qui les transportaient». Les mêmes sources ajoutent : «Jusqu'ici, personne parmi les contrebandiers ou les terroristes n'a été arrêté et les premiers éléments de l'enquête montrent que la voiture piégée était programmée pour exploser dans certains villes du Sud. Il est possible également que la voiture piégée soit acheminée vers la capitale». Badra Gaaloul, présidente du Centre international des études stratégiques, militaires et sécuritaires, confie à La Presse : «La découverte des véhicules était prévisible. Au centre, nous avons déjà annoncé que les daechites ont mis au point un plan pour introduire en Tunisie des voitures bourrées d'explosifs qu'ils projetaient de faire exploser lors de la marche du 12 septembre 2015. Mais ce qui nous préoccupe, c'est de savoir comment les terroristes et les contrebandiers sont parvenus à prendre la fuite dans une zone militaire tout en abandonnant leurs véhicules. Je n'arrive pas à comprendre comment ils n'ont pas été arrêtés ou tués. En tout état de cause, on attend la clôture de l'enquête pour être édifiés sur ce qui s'est réellement passé». Rien n'est clair Y a-t-il un rapport quelconque entre la découverte des voitures piégées et l'annonce de l'adhésion de la Tunisie à la coalition internationale contre le terrorisme, d'une part, et l'internationalisation, d'autre part, du congrès contre le terrorisme qui devait se tenir fin octobre, mais qui a été ajourné à une date indéterminée ? «Pour le moment, rien n'est clair à propos de la découverte des voitures piégées et des conditions dans lesquelles l'opération s'est déroulée. Le communiqué du ministère de la Défense et les déclarations du porte-parole du ministère de l'Intérieur nous laissent sur notre faim. Cependant, l'analyse des derniers développements sur la scène internationale avec la décision de la Russie de s'impliquer directement sur le terrain dans l'effort international de lutte contre Daech nous autorise à penser qu'il y a une nouvelle donne qui a poussé la Tunisie à adhérer à la coalition internationale et à annoncer sa décision par la voix de son chef de gouvernement, après avoir obtenu l'aval du chef de l'Etat. Donc, il y a interdépendance entre le report du congrès, son internationalisation et les voitures piégées découvertes à la frontière tuniso-libyenne», commente un analyste préférant garder l'anonymat.